Pourquoi les banques vont mal  ?

dimanche 2 octobre 2016.
 

Les banques avaient été au cœur de la tourmente financière de 2008. Environ 8 000 milliards de dollars ont été mobilisés de New York à Tokyo, en passant par Francfort, pour éviter leur faillite.

Pourtant, 8 ans après, leur situation génère à nouveau des craintes.

Si les banques anglo-saxonnes paraissent tirer leur épingle du jeu, tel n’est pas le cas des établissements européens, qui demeurent plus que fragiles. Les tests de résistance aux risques auxquels ces derniers ont été soumis il y a quinze jours n’ont pas levé les doutes. L’exercice consiste à examiner, dans des situations dégradées données, la capacité des établissements bancaires à rembourser leurs dettes et les dépôts qu’ils gèrent. La conclusion de l’étude menée sur la situation de 51 des plus grandes banques de l’Union par l’Autorité bancaire européenne aurait dû rassurer  : « Les établissements sont devenus plus résistants face à une éventuelle crise », ont écrit les experts.

Le problème est que personne ne semble y croire, à commencer par les marchés financiers, qui ont rapidement marqué leur défiance en provoquant, en Bourses, une baisse des actions bancaires. Ainsi UniCredit, la première banque italienne, a perdu près de 10 % de sa valeur boursière tout simplement parce qu’elle ne figurait pas à une bonne place dans le classement du « stress test ». Se trouve aussi dans la tourmente Monte dei Paschi di Siena, la plus vieille banque du monde, créée au XVe siècle, qui porte une masse considérable de créances douteuses. Une autre banque, et non la moindre, la Deutsche Bank, est sous surveillance. Elle croule sous le poids des produits dérivés, ces fameuses valeurs spéculatives qui ont été à l’origine de la crise de 2008. Le Fonds monétaire international pointe un risque systémique, c’est-à-dire l’effet d’entraînement provoqué par la défaillance d’un grand établissement bancaire.

La conjoncture explique les difficultés du système. La baisse des taux d’intérêt, conséquence du flot de liquidités déversé par les banques centrales, ne garantit pas la rémunération des opérations de crédit classique. La marge bancaire s’est réduite comme peau de chagrin. Bonne nouvelle, direz-vous  ! Sauf que cette faible rémunération pousse les établissements bancaires à faire autre chose que des opérations de crédit pour le développement de l’activité économique. Ils préfèrent participer à des opérations spéculatives plus rentables, accompagnant la formation de bulles comme sur les actions ou certains compartiments de l’immobilier.

Plus structurellement, les mesures prises, soi-disant pour « consolider les banques », consistant à leur demander de renforcer leurs fonds propres en fonction des prêts qu’elles réalisent, ont eu un effet désastreux. Ce dispositif européen a encore plus limité l’intérêt des banques à distribuer des crédits à l’économie. L’alternative a été le « shadow banking », c’est-à-dire l’intervention des établissements financiers non bancaires, qui a pris le relais, portant des risques importants, sans régulations ni garanties de quelque sorte. C’est le modèle bancaire classique qui se trouve ainsi déstabilisé et avec lui le financement d’une partie des activités économiques.

Il serait nécessaire de sortir de cette impasse au plus vite en organisant en Europe une vaste opération d’effacement des créances douteuses en contrepartie d’un retour des institutions bancaires à leur métier de base et d’un véritable contrôle public sur les activités de crédit.

Jean-Christophe Le Duigou

Vendredi, 19 Août, 2016

Humanité Dimanche


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