Le FN jugé pour complicité d’escroquerie dans le cadre des législatives de 2012

mardi 11 octobre 2016.
 

Le Front national et de deux de ses dirigeants sont renvoyés en correctionnelle dans l’enquête sur le financement des campagnes électorales du parti en 2012.

Un vieux slogan du FN proclamait "Tête haute et mains propres". Faudra-t-il le transformer en tête basse et mains sales ? Le Front national en tout cas et deux de ses dirigeants sont renvoyés en correctionnelle dans l’enquête sur le financement des campagnes électorales du parti en 2012. Les deux dirigeants du FN visés sont le trésorier Wallerand de Saint-Just et le vice-président du FN Jean-François Jalkh. Deux autres personnes morales, "Jeanne", le micro-parti de la présidente du FN Marine Le Pen, et Riwal, la société qui fournissait le matériel de campagne du FN, sont également renvoyées devant le tribunal. Le FN sera jugé pour complicité d’escroquerie dans le cadre des législatives de 2012, et de recel d’abus de biens sociaux.

La justice soupçonne le mouvement d’avoir mis en place un système d’enrichissement frauduleux aux frais de l’Etat avec l’un de ses prestataires, la société Riwal, aux mains d’un proche de Marine Le Pen, Frédéric Chatillon, et le micro-parti de Marine Le Pen, Jeanne, en profitant des remboursements publics sur les frais de campagne. Un candidat frontiste s’était étonné auprès de la commission des comptes de campagne d’être remboursé de frais électoraux, alors qu’il n’avait rien signé. L’alerte est suffisamment rouge pour que le vice-président Florian Philippot éteigne l’incendie d’un "Marine Le Pen n’est nullement mise en cause", réagissant sur iTELE. Marine Le Pen a été entendue par les juges d’instruction chargés du dossier sous le statut de témoin assisté.

Pour les législatives de 2012, des kits de campagne quasi obligatoires au tarif de 16.650 euros étaient fournis à quelque 525 candidats par Riwal. Les candidats devaient en outre contracter un prêt avec intérêts auprès de "Jeanne" pour pouvoir les acheter. Les juges estiment qu’il s’agit de prestations surfacturées au détriment de l’Etat, qui rembourse les frais de campagne aux candidats dépassant 5% des voix. Les dirigeants du FN, qui contestent toute irrégularité, se défendent en expliquant que les faits reprochés au parti étaient sans commune mesure avec ceux visant l’ex-UMP. Et que les comptes de campagne de 2012 avaient été validés, sans préciser, comme l’a montré l’affaire Bygmalion, que la commission des comptes de campagne ne juge que sur pièces comptables, sans moyen d’investigation.

Lors des réquisitions du parquet, en juillet dernier, l’avocat du Front national, Me David Dassa-Le Deist, avait souligné que la formation "réfute depuis le début de cette enquête avec la plus grande fermeté les charges artificielles retenues contre lui." "Ça nous donnera l’occasion de nous défendre publiquement et de montrer que nous sommes totalement innocents", a déclaré Wallerand de Saint-Just sur Europe 1, précisant vouloir faire appel de l’ordonnance de renvoi. Gagner du temps est essentiel pour le FN, tandis que s’approche l’élection présidentielle pour Marine Le Pen.

Lionel Venturini

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