La Social-démocratie ( texte d’Alain Bergounioux, théoricien proche de Michel Rocard)

lundi 25 juin 2007.
 

La Social-Démocratie La Social-Démocratie est aujourd’hui assez mal perçu du fait notamment de l’assimilation des sociaux-démocrates aux libéraux. Attention, cela n’a rien à voir...

La Social-Démocratie selon Alain BERGOUNIOUX du courant socialiste de Dominique Strauss-Khan :

"Socialisme & Démocratie"

Social-démocratie : Histoire d’une idée politique

Ce mouvement s’est bâti dans un esprit de pluralisme et de modération.

En rupture avec le communisme, la social-démocratie s’est placée, dès l’origine, sous le signe du pluralisme politique et de la doctrine keynésienne alliant initiative privée et impulsion de l’Etat. Après l’âge d’or des années 1970-1980, incarné par Willy Brandt, Olof Palme et Bruno Kreisky, elle n’a pas su tirer profit de la chute du mur de Berlin.

La social-démocratie européenne représente des politiques et des organisations qui se sont peu à peu constituées dans les pays de l’Europe du Nord et de l’Europe centrale, à la fin du XIXe siècle. Entre les partis sociaux-démocrates, il y a eu (et il y a encore) des différences de culture et de structure, liées aux réalités nationales, mais leur histoire a été largement commune. Ils sont nés avec et par l’entrecroisement de deux dynamiques politiques : d’une part, la lutte pour le suffrage universel, la démocratie politique, qui en fait des partis démocrates (républicain en France), d’autre part, la critique du capitalisme, de ses injustices et de son irrationalité, qui en a fait initialement des partis ouvriers, d’inspiration marxiste pour la plupart sur le continent - le travaillisme présentant une idéologie composite de tradition religieuse, imprégnée de syndicalisme, avant tout réformiste.

Au fil des débats et des crises qui ont traversé le socialisme européen - notamment la crise « révisionniste » des années 1900 - les partis sociaux-démocrates ont refusé de plus en plus explicitement la révolution violente. Mais, en même temps, ces partis, avec les syndicats qui leur étaient liés, ont transformé peu à peu les sociétés libérales en inscrivant la question sociale en leur cœur.

Avec la grande rupture de 1917, la social-démocratie, en opposition du communisme, a accepté explicitement la démocratie pluraliste. Mais, au contraire du libéralisme, elle a opposé à l’économie de marché la légitimité des revendications sociales, et a privilégié le rôle de l’Etat.

Après 1918, les partis sociaux-démocrates ont été confrontés au défi de gouverner dans des sociétés qui demeuraient capitalistes et, souvent, de participer à des coalitions avec d’autres forces politiques. Mais ils n’étaient pas préparés à des situations où ils ne pouvaient pas mettre en œuvre leur « programme maximum », la socialisation des moyens de production et d’échange. Les premières expériences gouvernementales après 1918 ont été ainsi décevantes. Des réformes ont été mises en œuvre, mais, en même temps, les principes de l’économie libérale se sont imposés. Avec les années 1930 et la crise économique mondiale, les difficultés se sont accrues. La progression du fascisme et du nazisme en Europe a détruit plusieurs partis, particulièrement les partis autrichien et allemand. Mais, pourtant, ce fut dans ces années que commença à être définie une politique qui sortit le socialisme européen de ses contradictions pour une longue période. Ce fut en Suède et en Norvège qu’elle fut d’abord appliquée, avant d’influencer toutes les politiques social-démocrates d’après-guerre.

L’idée de base de la social-démocratie moderne fut que la nationalisation des moyens de production et d’échange n’était pas nécessaire pour combattre l’irrationalité et l’injustice du capitalisme. Les gouvernements qui voulaient lutter contre les inégalités, tout en menant des politiques économiques efficaces, pouvaient mettre en oeuvre des politiques anticycliques pour maîtriser les fluctuations du marché, stimuler les investissements, développer la protection sociale, accroître le niveau d’éducation, etc. Les travaux de Keynes, qui réconciliaient l’initiative privée et une direction démocratique de l’économie, donnèrent une doctrine économique à la social-démocratie. L’étendue du secteur public a varié selon les pays et la place de l’Etat, puissant en Autriche et en France, important en Angleterre, faible en Suède ou en Allemagne - mais nulle part les entreprises publiques n’ont été des outils de rupture avec le marché.

L’autre dimension de l’expérience politique de la social-démocratie a été l’importance du pluralisme politique et social. La social-démocratie ne nie pas la réalité des conflits dans une société, elle s’est même appuyée sur la reconnaissance d’intérêts constitués, principalement des syndicats et des patronats. Mais elle a pensé que la méthode de résolution des conflits devait passer par le compromis, et a donc mis en oeuvre des procédures de négociation entre les différents acteurs de la société. La social-démocratie historique n’est donc pas seulement une politique, c’est indissociablement une culture politique, qui part du pluralisme social et défend la « modération » politique, et des structures d’organisation pour la négociation et la concertation. Les partis socialistes d’Europe du Sud - dont le parti français - ont connu des expériences quelque peu différentes, ils ont longtemps mis l’accent sur le conflit, jusque dans les années 1970, et conservé plus longtemps qu’en Europe du Nord une forme de révérence vis-à-vis du marxisme. Aujourd’hui, les conditions économiques et politiques ont largement rapproché les partis sociaux-démocrates et socialistes - même si les réalités nationales demeurent.

Au total, les politiques sociales-démocrates ont connu d’importants succès pratiques. Toutes les analyses statistiques dans les années 1950-1970 ont montré que les plus faibles inégalités de revenus, la protection sociale la plus développée, les meilleurs équilibres entre l’emploi, les investissements et les salaires, ont été le fait de pays où la social-démocratie a exercé durablement le pouvoir - sans même parler de la comparaison avec les pays communistes.

Mais, depuis la fin des années 1970, la social-démocratie a rencontré de nouvelles difficultés. Les résultats électoraux ont connu d’importantes fluctuations. La plus connue est la plus récente. Dans les années 1997 et 1998, l’Union européenne a compté onze gouvernements sociaux-démocrates, travaillistes et socialistes sur quinze, et l’on parlait d’une « Europe rose ». En 2002, hormis en Angleterre, toute la social-démocratie européenne est sur la défensive.

Comment expliquer cette situation ? Les causes économiques sont majeures. Elles tiennent, dans une certaine mesure, à des difficultés propres aux politiques mises en oeuvre : le coût budgétaire des programmes sociaux, la montée du chômage dans les années 1980-1990, les limites de la politique fiscale, la décentralisation du système de relations professionnelles, qui rend difficile une politique des revenus, etc. Mais ce sont les causes externes qui sont les plus importantes - que l’on résume souvent sous le terme de « mondialisation ». L’autonomisation des marchés financiers, l’entrée dans une société de la connaissance et de l’information, l’accroissement de la compétition internationale, ont modifié les données des « compromis nationaux » de la période antérieure.

Les armes traditionnelles de la politique keynésienne, notamment la politique monétaire, avec le jeu des dévaluations, et la politique budgétaire, avec des déficits importants, ne peuvent plus avoir cours. La mondialisation rend difficile d’être à contre-courant des cycles économiques dominants - comme le gouvernement socialiste français l’a éprouvé en 1982 et 1983. Cela explique que tous les partis sociaux-démocrates et socialistes, à des dates différentes, aient révisé leurs programmes pour demeurer dans le jeu économique national, et aient fait le choix européen pour peser davantage dans la mondialisation.

Mais les évolutions tiennent également aux changements intervenus dans les sociétés et les cultures. La transformation du salariat, avec le déclin de la classe ouvrière traditionnelle, et l’existence de millions d’ouvriers et d’employés qui vivent des conditions de travail faites de précarisation et d’isolement, l’importance des classes moyennes salariées, la place majeure des femmes dans le travail, l’allongement du « moment » de la jeunesse, et, en même temps, le vieillissement, la présence de populations immigrées, la force de l’individualisme, tout cela a fragilisé les structures de représentation traditionnelle mises en place par la social-démocratie. Les syndicats n’ont plus la même homogénéité et ont pris leur autonomie. Les partis sociaux-démocrates et socialistes doivent réunir plusieurs électorats aux intérêts différents et volatils.

L’identité de la social-démocratie est devenue ainsi depuis une vingtaine d’années plus politique et beaucoup moins idéologique, sociologique et culturelle. Elle est donc plus fragile, dépendante des résultats de sa politique, nourrissant moins que par le passé un sentiment d’appartenance. Et cela d’autant plus qu’elle doit affronter de nouveaux concurrents, les partis verts, qui défendent des valeurs post-matérialistes et ont une influence dans les nouvelles générations urbaines, les partis populistes, qui attirent des catégories populaires inquiètes.

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Les différentes théories socialistes Le socialisme utopique

Origines et affiliations Le socialisme est né aussi dans les années 1830 avec des penseurs - les précurseurs - comme Saint-Simon, Fourrier et Louis Blanc en France ou encore Robert Owen au Royaume-Uni. Ces premiers socialistes furent qualifiés par la suite d’utopiques par Friedrich Engels. Ce dernier leur repprochait de négliger beaucoup trop la réalité sociale, l’existence du prolétariat et l’importance de la lutte des classes. Ce socialisme utopique était ainsi à opposer au socialisme scientifique ou marxiste.

Les socialismes utopiques n’ont jamais connu d’unification aboutie et cohérente de leurs théories : ils regroupaient plusieurs penseurs aux analyses divergentes. Pourtant, des caractéristiques ont pu être identifiées pour qualifier ce qui fut l’embryon de la pensée socialiste ou en tout cas la première réflexion réelle et localisée sur la société proto-industrielle et la montée du capitalisme.

Aujourd’hui, le socialisme utopique n’existe plus en tant que théorie revendiquée, sauf peut-être implicitement par le groupe “Utopia”, nouveau courant interne au Parti socialiste français. Aussi, la démarche analytique et certaines propositions peuvent rappeler parfois certains traits de la pensée écologiste.

Analyse et philosophie Le socialisme utopique prône la transformation sociale et l’édification d’une société idéale, fondée sur l’abondance et l’égalité.

Le socialisme utopique n’entend pas fonder de distinction entre les différentes classes sociales ; elle s’adresse à tous, qu’ils soient riches ou pauvres, exploiteurs ou exploités et ne projette pas de s’appuyer sur un groupe humain, plus que sur un autre dans sa stratégie de transformation de la société. Philanthropes, les socialistes utopiques tournent l’ensemble de leurs critiques du capitalisme autour de ses conséquences néfastes sur le développement de l’homme.

L’homme est avant tout le produit de ses conditions familiales et sociales, mais aussi de son environnement : la société fait l’homme. Malgré l’édification théorique de sociétés idéales fondées sur des systèmes économiques et sociaux aboutis (le phalanstère de Fourrier, le communisme colonial d’Owen), ils considèrent de façon pragmatique comme prioritaire la lutte contre les conséquences les plus dures de l’économie capitaliste. Ils pronent entre autres la réduction du temps de travail. De manière générale, l’amélioration des conditions de vie des travailleurs est le meilleur moyen de lutter contre des maux sociaux tels que l’ivrognerie ou le besoin de charité privée. Dans une société idéale, la police, la prison, les procès, l’assistance publique n’ont ainsi plus lieu d’être. Cette élévation du prolétariat au niveau de la dignité humaine passe notamment pour les plus petits par l’existence de crèche et d’un système éducatif efficace.

Le socialisme utopique repose sur une vision très optimiste de l’homme : l’homme est bon par nature, ce qui implique qu’on peut largement faire confiance en sa raison pour faire évoluer la société et aboutir à une civilisation de la Raison et du bien-être. Comme évoqué plus haut, l’édification sur papier de ces sociétés idéales a aboutit à des constructions intellectuelles complexes et complètes. Des expériences de “communisme primitif”, c’est-à-dire de communauté alliant une organisation sociale harmonieuse et la mise en commun des richesses et des moyens de production ont été menées et expérimentées dans quelques colonies du nord de l’Amérique. Ce type d’organisation sociale na pas connu de suite réelle, sauf peut-être sous une forme un peu différente par le biais des kiboutz juifs du Proche-Orient. Cette vision de petites communautés en copropriété et cogestion rappelle également une autre réaction face à l’industrialisation : un certain retour à la terre et à une volonté d’harmonie avec la nature.

Quelques théoriciens Socialistes utopiques Gracchus Babeuf Wilhelm Weitling Charles Fourier Robert Owen Étienne Cabet Auguste Blanqui Claude Henri de Rouvroy, comte de Saint-Simon

Le socialisme marxiste

Origines et affiliations Le socialisme marxiste est une théorie politique basée sur le matérialisme historique et caractérisée par la mise en commun des moyens de production et d’échanges ainsi que par la répartition des biens équitablement à tous. Ce courant a été principalement marqué par la pensée de Karl Marx, d’où le terme “marxisme”. Il affirme lutter pour un monde sans classes sociales et sans oppression.

Analyse et philosophie Les marxistes défendent l’édification d’une société égalitaire où les hommes vivraient heureux, sans la présence d’un système économique exploiteur, ni d’un Etat autoritaire et “bourgeois”. Les marxistes s’appuient largement sur les sciences humaines, notamment l’Histoire pour fonder leurs théories. Ils pensent que dans l’Histoire, les forces économiques et politiques déterminent les idées, plus que l’inverse.

Pour Karl Marx, le travail permet à l’homme de transformer profondément la nature. Le travail est ainsi source de progrès, mais devient, sous la forme de l’esclavage, du servage et du salariat, une source profonde d’injustices. Le travail est alors pénible et abrutissant. Cette “aliénation”, au sens marxiste, désigne le fait que le prolétaire produit les richesses économiques mais ne les possède pas, et qu’elles se retourneraient contre lui sous la forme du mépris et de la violence affichés des bourgeois possédants. Pour le marxisme, la source principale de cette aliénation à l’époque contemporaine réside dans le capitalisme, caractérisé par la propriété privée des moyens de production (les machines, les usines et les capitaux), le salariat, la domination d’un classe sociale sur les autres. Le prolétaire désigne ainsi le travailleur qui est obligé de se salarier pour vivre.

Dans tous les régimes utilisant la monnaie, le travail contribue (avec les autres facteurs de production) à fournir des produits et services, qui constituent l’essentiel des valeurs économiques. Les marxistes désignent ces diverses productions du nom de marchandises : ces marchandises contiennent à la fois une valeur d’usage (l’utilité pratique de la marchandise : une paire de chaussures sert à marcher avec) et une valeur d’échange (quantité de richesse que la marchandise représente sur le marché : autrement dit le prix). Alors que pour les libéraux, la valeur des choses équivaut à leur prix, lui-même déterminé en fonction de la loi de l’offre et de la demande, les marxistes estiment qu’elle réside dans la quantité du travail socialement nécessaire à la production : c’est la théorie de la valeur-travail.

Cette théorie remet en cause les origines de la richesse, sa légitimité et la légitimité de la propriété des capitaux. Pour Karl Marx, la disproportion entre la bourgeoisie riche et le prolétariat pauvre réside dans un “vol institutionnalisé” par le capitalisme. C’est l’exploitation de l’homme par l’homme : le bourgeois verse un salaire prélevé sur le prix de la marchandise au prolétaire largement inférieur à la valeur d’échange produite par ce dernier. La différence entre la valeur d’échange de la marchandise et le salaire versé à l’ouvrier est la “plus-value”, c’est-à-dire les profits, qui vont exclusivement au patron ou aux actionnaires, ce qui est jugé infondé et injuste.

La concurrence va également forcer à maintenir des prix bas tout en gardant une forte marge de profit. Cette logique aboutit à un affaiblissement des salaires et une accélération des cadences de travail. Toujours selon Marx, les capitalistes sont amener à exploiter de façon croissante l’ouvrier, afin d’augmenter leurs propres revenus (profit). La part de celui-ci se calcule grâce au taux d’exploitation.

Enfin pour Marx, le système capitaliste s’engorge irrémédiablement et génère de plus en plus de biens qu’il ne peut plus écouler. Les solutions de la bourgeoisie étant la publicité (dont le coût est supporté par les acheteurs), la création de faux besoins, l’inflation ou encore la guerre. Aussi, l’altération sur le long terme du capitalisme (entre autres la baisse tendancielle du taux de profit) ainsi que l’exploitation de l’homme par l’homme conduisent les marxistes à imaginer une société avec une propriété collective des moyens de production.

Selon l’analyse marxiste, la classe dominante organise la société en protégeant du mieux possible ses privilèges. Pour cela, elle instaure l’Etat, l’instrument politique de sa domination : une police et une armée chargées de maintenir la sécurité et l’ordre public, l’ordre “bourgeois”. Marx parle également de “l’idéologie dominante”. Dans toute société, il y a certaines idées, certaines croyances et certaines valeurs qui dominent la vie sociale et culturelle. Ces idées dominantes sont produites pour l’essentiel par la classe dominante. Dès lors, ces idées expriment majoritairement la domination de cette classe, c’est-à-dire la justifiant et s’efforçant de l’éterniser. Ces idées dominantes imprègnent les esprits. Et c’est ainsi que les exploités ont souvent une vision du monde allant contre leurs intérêts réels. Pendant l’Antiquité, la majorité était persuadée de l’inégalité naturelle des hommes, d’où l’esclavage. Au Moyen-Age, la majorité pensait que l’ordre aristocratique était voulu par Dieu et indépassable. En extrapolant à l’époque moderne, la majorité pense que les inégalités et la propriété privée des moyens de production sont naturelles.

Si l’Etat est une machine répressive qui va à l’encontre des libertés, il faut la suppression de l’Etat, qui serait une condition incontournable pour l’avènement d’une société égalitaire et juste. Le dépérissement de l’Etat devant passer par plusieurs étapes :

Prise du pouvoir par le prolétariat : celui-ci soit s’empare des principaux leviers de commande de l’Etat (armée, police, administration, capitaux, banques), soit supprime l’Etat (divergence au sein des marxismes sur ce point). Ensuite, il faut passer par une phase où les travailleurs détiennent l’ensemble du pouvoir (dictature du prolétariat). Cette dictature du prolétariat est doublement légitime d’après le marxisme, parce qu’elle est le pouvoir des anciennes masses exploitées, et qu’elle permet de mettre fin à la division de la société en différentes classes sociales (permettant ainsi une véritable égalité). Dans l’hypothèse léniniste de "l’Etat prolétarien", il faut que ce dernier disparaisse peu à peu. Seulement, on rencontre là un problème très difficile : comment gérer la vie sociale sans dominer, comment organiser sans exploiter ? Au fond, comment réaliser une vraie démocratie ? Pour cela, Lénine proposait de s’inspirer des mesures prises par la Commune de Paris en 1871 qui étaient les suivantes : tous les représentants politiques de la collectivité seront élus au suffrage universel direct (moins de représentativité politique). Il seront révocables à tout instant (les mandats politiques doivent être les plus courts possibles) et considérés comme personnellement responsables de leurs actions. Leurs charges politiques ne leur apporteront aucun avantage particulier : le ministre aura le même salaire qu’un ouvrier. Le but final est de parvenir à une société libre, égalitaire et fraternelle, débarrassée des rapports de hiérarchie, du travail salarié, des Etats et des frontières, et de toute forme d’aliénation.

Quelques théoriciens Socialistes marxistes ou marxiens Karl Marx Friedrich Engels Paul Lafargue Rosa Luxemburg Karl Liebknecht Anton Pannekoek Alexandra Kollontaï Herman Gorter Amadeo Bordiga Antonio Gramsci Maximilien Rubel Lénine Léon Trotsky Mansoor Hekmat

Le socialisme libertaire (anarchisme)

Origines et affiliations L’anarchisme a été pendant longtemps une partie intégrante du mouvement socialiste international (voir première internationale), dont il incarnait la tendance libertaire. Les penseurs principaux de cette tendance seront pierre Joseph Proudhon et Michel Bakounine, d’autres penseurs de cette tendance suivront par la suite. À la genèse de l’anarchisme politique, on trouve les travaux pionniers de William Godwin : en 1793, il publie Enquête sur la justice politique et son influence sur la morale et le bonheur, œuvre largement inspirée par la Révolution française. Il y propose une critique radicale de la société et de toutes les formes de gouvernements qui empêchent l’épanouissement des individus, et qui les mènent à leur corruption. Les travaux de Bakounine sont aujourd’hui une référence importante du socialisme libertaire.

Analyse et philosophie

Quelques théoriciens Socialistes libertaires Pierre-Joseph Proudhon Michel Bakounine Carlo Cafiero Louise Michel Errico Malatesta Pierre Kropotkine Élisée Reclus Emma Goldman Sébastien Faure Jean Grave Fernand Pelloutier Émile Pouget Nestor Makhno Voline Gaston Leval Buenaventura Durruti Daniel Guérin.

Le socialisme réformiste et la social-démocratie

Origines et affiliations La social-démocratie est historiquement issue du marxisme, même si les affiliations philosophiques et idéologiques avec ce courant ont été rompues. La social-démocratie se reconnaît dans le parlementarisme et propose des candidats aux élections. Elle a renoncé au socialisme dit réformiste, qui gardait l’objectif du dépassement du capitalisme, de l’avènement d’une société socialiste et de l’appropriation collective des moyens de production. Ce socialisme réformiste était à opposer aux révolutionnaires, partisans d’une prise du pouvoir par le prolétariat organisé. Les réformistes défendaient l’appui sur les groupes parlementaires organisés et sur la démocratie représentative (cf. en France Jean Jaurès). L’existence progressive d’institutions libérales et démocratiques voulues par les forces du centre-gauche (démocrates, libéraux et radicaux-socialistes) a largement influencé ses orientations. L’avènement de la social-démocratie en tant qu’idéologie identifiée s’est fait réellement avec la première guerre mondiale et la scission avec les adversaires de la guerre, désormais dénommés "communistes", qui se sont regroupés pour la majorité au sein de la Troisième Internationale de Lénine en 1919.

La social-démocratie se revendique des principes du "socialisme démocratique" telles que fixés par l’Internationale socialiste rétablie en 1951 au Congrès de Francfort. Les modes différents d’organisation du parti et les traditions politiques propres à chaque pays ou zone géographique font que ces partis prennent le nom de travaillistes dans les régions à dominante anglo-saxonne, où ce sont les groupements ouvriers qui ont fondé le parti qui les représenterait au parlement, de sociaux-démocrates dans les pays de tradition scandinave ou germanique, où le parti s’est érigé en centre de gravité d’une véritable contre-société ouvrière et de socialistes dans les régions à culture latine ou à majorité rurale. Il est tres important de noter que l’évolution sémantique fait que l’on utilise de plus en plus le terme social-démocratie pour dénommer le socialisme majoritaire. Cette modification de l’appellation surgit à l’heure de la construction européenne et d’une volonté pour les partis socialistes européens de se forger une identité commune, démarche tres largement influencée par les modèles allemands et suédois. Le terme social-démocratie s’accompagne souvent d’une certaine connotation "moderniste" qui vise à rompre définitivement tout lien avec le marxisme et à mener une politique dite réaliste ou d’accompagnement. Cette connotation est davantage vraie pour la France où le terme social-démocrate a toujours désigné couramment la gauche non-marxiste et pour quelques pays d’Europe centrale où le mot "socialiste" a tendance à rappeler les anciennes républiques dites communistes. L’emploi du terme "social-démocrate" doit etre cependant manipulé avec précaution, d’autant plus qu’il désigne toujours en Italie ou au Portugal des forces politiques de centre-droit.

Analyse et philosophie La social-démocratie déclare se fixer pour objectif la formation d’une société fondée sur les idéaux démocratiques et sur l’égalité de tous les citoyens.

Chaque individu doit pouvoir être libre dans son épanouissement, dans ses choix, dans ses décisions tout comme il doit impérativement pouvoir peser à tous les niveaux de la société dans laquelle il vit. La liberté conjugue deux aspect : celui de ne subir aucune oppression et contrainte extérieure comme la faim, l’ignorance et la peur de l’avenir et celui de pouvoir s’engager et participer aux prises de décisions qui engagent la collectivité. La liberté des citoyens suppose leur égalité. L’égalité impliquant que chaque personne peut justement s’impliquer dans les choix de la société et décider de sa propre vie en dépit des conditions sociales et familiales dont il est issu. L’égalité suppose le droit de faire des choix et de suivre des trajectoires différentes, sans que ces différences ne mènent à une subordination dans la vie quotidienne et dans la société.

La liberté et l’égalité sont à la fois liées aux droits des individus et aux solutions collectives de réalisation d’objectifs conformes à l’intérêt général. L’homme est un être social qui se développe et s’épanouit au contact d’autrui, et des pans entiers de ce qui détermine le bien-être individuel ne peuvent être créés que dans le cadre d’une action commune. Cet intérêt commun supposant la solidarité, sentiment communautaire découlant de la prise de conscience de notre interdépendance.

La société que visent les sociaux-démocrates est une société fondée sur l’action commune, dans le respect et le souci des autres. Tout citoyen doit avoir les mêmes droits et les mêmes possibilités de contribuer aux solutions, tout citoyen a le même devoir d’en assumer la responsabilité. La solidarité n’exclut pas l’épanouissement individuel mais est profondément incompatible avec l’égoïsme qui permet d’exploiter les autres au nom d’un intérêt personnel.

Pour eux, tout pouvoir doit se fonder sur la communauté des personnes qui constitue la société, les intérêts économiques n’ayant pas à poser des limites à la démocratie : la démocratie a toujours le droit de tracer le cadre économique et de fixer les limites du marché. Les sociaux-démocrates doivent mettre en place une organisation sociale où citoyens et individus doivent pouvoir peser sur les décisions collectives. Chaque citoyen, en tant que salarié ou consommateur doit avoir le droit d’exercer une influence sur l’agencement et la répartition de la production, l’organisation et les conditions du travail. Ces valeurs démocratiques doivent ainsi régir tous les niveaux de la société pour que celle-ci soit organisée sans rapport de domination ou de soumission, sans différences de classes, sans préjugés ou discriminations.

Quelques théoriciens Socialistes réformistes Jean Jaurès Eduard Bernstein Karl Kautsky Léon Blum Sociaux-démocrates Willy Brandt Olof Palme Lionel Jospin

Les autres socialismes :

Le socialisme de la chaire

Les socialismes du Tiers-Monde

Le socialisme chrétien

Bibliographie

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Karl Marx et Friedrich Engels, Le Manifeste du Parti communiste, Londres, 1848

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