En quête de finances pour 2017, le FN fait les yeux doux aux Émirats arabes unis

mardi 1er novembre 2016.
 

Les responsables du Front national érigent volontiers les Émirats en contre-exemple du Qatar, accusé de financer le fondamentalisme islamiste.

C’est un problème récurrent au Front national. Bien que la trésorerie du parti soit désormais assainie, il manque des fonds pour alimenter la campagne présidentielle qui s’annonce. Marine Le Pen peut actuellement compter sur 4 à 6 millions d’euros selon les sources, alors que 12 seraient nécessaires. « Je pense que l’on va régler le problème », convient ce lundi matin Florian Philippot sur LCI, qui regrette que « les banques françaises ne prêtent pas ». Un souci récurrent qui avait conduit le FN à chercher le soutien d’établissements russes en 2014. Cette source semble désormais tarie, et selon Mediapart, le Front national chercherait des financements alternatifs, notamment auprès des riches Émirats arabes unis, qui regardent avec bienveillance l’ascension du parti.

« S’il faut aller emprunter à l’étranger, nous irons emprunter à l’étranger, il n’y a aucune exclusive à ça. Que ce soit en Russie en Argentine ou aux États-Unis. Et pourquoi pas au Moyen-Orient », confirmait sur France 3 Wallerand de Saint-Just, trésorier du FN, pendant « les estivales de Fréjus », le 18 septembre. « On cherche “worldwide”, partout sauf en France étant donné le refus des banques ici », a développé l’eurodéputé Bernard Monot, l’un des économistes du Front, auprès de Mediapart. « On a mis une douzaine de lignes à l’eau qu’on peut actionner. Nous cherchons à l’ouest - zone dollar et zone euro -, on a aussi des pistes au Moyen-Orient », ajoute ce dernier. Une piste déjà explorée en 2014, raconte l’un de ses proches, le député Rassemblement Bleu Marine (RBM) Jean-Luc Schaffhauser. En discussion avec une banque d’Abu Dhabi, il affirme avoir assuré des négociations pour un emprunt avec « un taux de 2,8 %». « Mais cela ne s’était pas fait le jour de la signature, en février 2014 », précise-t-il. C’est finalement des établissements russes qui avaient pourvu aux besoins, ainsi que Cotelec, la structure de Jean-Marie Le Pen. Cette association de financement a par ailleurs déjà débloqué 6 millions d’euros pour la présidentielle de 2017.

Le FN dément le financement du voyage égyptien de Marine Le Pen

Mediapart relève que le Front national maintient depuis les meilleures relations possibles avec les Émirats arabes unis, présentés comme un modèle de pays arabe combattant le fondamentalisme, par opposition au Qatar, accusé de financer en sous-main le djihad et les Frères musulmans. Une proximité de vue affichée lorsque Marine Le Pen se rend en Égypte le 28 mai 2015 : la présidente du FN fait à cette occasion un éloge appuyé du régime du président al-Sissi, implacable adversaire des Frères musulmans, soutenu par les Émirats. Le site spécialisé Intelligence Online révèle alors ce qui a convaincu les responsables égyptiens d’accepter la rencontre : « C’est sous l’amicale pression des services émiratis de renseignement que la plupart ont accepté de rencontrer la présidente du FN ». Une pression également exercée sur le président égyptien en personne, selon les révélations du livre Nos très chers émirs (Michel Lafont), paru le 20 octobre, et signé des journalistes Christian Chesnot et Georges Malbrunot. Le voyage égyptien dans son ensemble aurait d’ailleurs été financé par des fonds émiratis.

« C’est inexact », répond brièvement le secrétaire général du FN Nicolas Bay interrogé par France 2 ce lundi, soucieux de protéger l’image d’un parti prompt à clamer son indépendance vis-à-vis de toute puissance étrangère. Avant de dérouler son argumentaire : « Il y a une différence fondamentale entre le Qatar et les Émirats arabes unis. Les Émirats combattent l’islamisme radical, le Qatar soutient et finance les factions islamistes. Ce que je constate, c’est que sous François Hollande comme sous Nicolas Sarkozy, la classe politique française a fait preuve d’une grande complicité avec le Qatar ». Aucun projet de financement ne serait à l’étude selon lui. « Pas à ma connaissance », assure-t-il, avant de glisser de nouveau : « Nous combattons l’islamisme radical et nous soutenons ceux qui, dans cette région du monde, combattent l’islamisme radical ».

Marc de Boni


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