A) Le petit jésus à l’Église, pas dans les mairies ! (B. Schneckenburger, PG)
B) Le Conseil d’Etat substitue la liberté religieuse à la liberté de conscience
On connaissait le clair-obscur, le Conseil d’État vient d’inventer la crèche non chrétienne. En rendant un arrêt rendant possible l’installation de crèches de Noël dans des collectivités locales, à condition qu’elles ne présentent pas de caractère cultuel, le Conseil d’État aggrave la confusion entre le cultuel et le culturel. Il permet aux cultes de contrevenir au principe de neutralité de l’État en jouant de la culture et des traditions. Il était pourtant simple d’en rester aux principes fondamentaux de la laïcité : séparation des Églises et de l’État tout en garantissant la liberté de conscience et de cultes.
Le Parti de Gauche regrette cette décision qui va ouvrir de nombreux contentieux pour mesurer le degré cultuel de chaque installation, alors qu’une interdiction de principe aurait été plus claire. Le Parti de gauche formule le vœu que la campagne présidentielle ne soit pas l’occasion de nouveaux détournements de la laïcité, et soutient les propositions de Jean-Luc Mélenchon qui s’appuie sur les mots de Victor Hugo : « L’Église chez elle et l’État chez lui. »
Benoît Schneckenburger, Secrétaire National à la laïcité du Parti de Gauche
Source : http://www.ufal.org/laicite/pour-le...
Dans la décision, qui vient d’être rendue publique ce 9 novembre 2016, le Conseil d’État bafoue la neutralité dans la sphère publique, constitutionnellement régie par le principe de laïcité, en autorisant, sous certaines conditions, les crèches de la nativité dans les édifices publics au nom des traditions chrétiennes de la France.
C’est substituer la liberté religieuse à la liberté de conscience. C’est promouvoir une France catholique plutôt que la République française. C’est créer plusieurs catégories de citoyens – le contraire de la citoyenneté républicaine – en prenant le risque d’aggraver les crispations identitaires et d’alimenter les communautarismes qui les cultivent.
L’UFAL a développé à plusieurs reprises les arguments qui développent cela. On peut tourner le problème dans tous les sens, une crèche de la nativité est un symbole religieux et ne doit pas être exposé dans un édifice public comme le dispose l’article 28 de la loi du 9 décembre 1905.
L’UFAL a aussi pointé le danger qui consiste à faire preuve d’inventivité et de contorsions dans les interprétations législatives pour in fine toujours rechercher à ne pas entraver les propensions du religieux à pénétrer la sphère publique. On jugera ainsi de la duplicité de Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire gouvernemental de la laïcité, qui condamne aujourd’hui la crèche de Béziers, mais dont l’avis d’avril 2015 a servi de justification au Tribunal administratif de Montpellier pour l’accepter.
Dans son rapport 2015-2016, le Collectif laïque s’inquiétait qu’« un certain nombre d’élus de droite ou d’extrême-droite entendent rétablir la présence de crèches de la Nativité en contradiction explicite avec l’art. 28 de la loi de 1905 » et analysait que « l’enjeu politique est d’affirmer le prétendu caractère “chrétien” de la France, ce qui constitue à la fois un déni du passé (les humanistes, incroyants, juifs, musulmans, etc. ayant également contribué à notre culture…) et une volonté de discrimination de tous ceux – de loin les plus nombreux, y compris chrétiens – qui attendent de la sphère publique la neutralité religieuse. »
Il faut en effet rappeler que jusqu’à preuve du contraire, l’égalité de traitement des citoyens sans distinction “d’origine, de race ou de religion” est la meilleure façon de réduire les discriminations dans l’accès aux droits.
Même l’Association des Maires de France relevait dans son vade-mecum laïcité de novembre 2015 que « la présence de crèches de Noël dans l’enceinte des mairies n’est pas compatible avec la laïcité ».
Les entorses à la loi de 1905 à coup de toilettages jurisprudentiels et d’accommodements déraisonnables doivent cesser ! La laïcité favorise la paix sociale et la cohésion de la Nation. Ses dérives et détournements, de même que les tensions communautaires, ne doivent pas conduire à l’abandonner ou l’affaiblir, mais au contraire à la défendre, la promouvoir et l’appliquer avec fermeté et détermination, au Conseil d’État y compris.
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