Mélenchon, dernière chance de battre Marine Le Pen ? (par le groupe PCF Réveil Communiste)

samedi 19 novembre 2016.
 

Les Américains ont porté Donald Trump à la présidence de leur pays, malgré toutes les outrances et les provocations racistes et sexistes du personnage.

Il exprime l’immense colère du peuple américain contre le "système", qui n’est rien d’autre que le système capitaliste mondialisé qui tend à vider la démocratie de tout contenu (et qui sans doute parviendra aussi à vider de contenu le programme économique et diplomatique du président élu). Cette colère existe aussi dans les autres pseudo-démocraties libérales, et notamment en France. Les temps changent.

Lorsque les élections auront lieu en France, au mois d’avril, Trump ne sera président en exercice que depuis trois mois, et il y a tout à parier que sa popularité sera intacte. Les médias qui sont incapables de se renouveler vont annoncer la fin du monde en cas de victoire de Marine le Pen et les électeurs vont trouver qu’on a déjà chanté la même chanson pour le Brexit, et pour Trump, et qu’il ne s’est pas passé grand chose, pas la catastrophe annoncée en tous cas. Beaucoup de gens vont donc se sentir autorisés à voter Marine Le Pen avec le sentiment confortable d’exprimer leur révolte sans prendre aucun risque. Hier, les chances de victoire de Marine Le Pen étaient quasiment nulles, au point de justifier pour elle et son parti le qualificatif "d’épouvantail". Elles ont considérablement augmenté avec la victoire de Donald Trump, qui après tout n’était au départ rien d’autre qu’un épouvantail destiné à assurer l’élection d’Hillary Clinton dans un fauteuil.

Les masses veulent le changement : elles ont fait l’expérience de plusieurs gouvernements de droite et de gauche ayant mis en pratique exactement les mêmes politiques antipopulaires. Pour empêcher le changement les médias ont tout fait pour introniser Marine Le Pen comme la candidate anti système, recommandée par le système.

Mais alors qu’il paraissait évident qu’elle n’avait aucune chance dans un duel face à un candidat issu de la droite soi-disant républicaine, il apparait aujourd’hui avec la même évidence qu’opposée à Juppé ou à Sarkozy, elle a toutes les chances de l’emporter, et inutile de parler d’un quelconque candidat du PS. Les temps ont changé.

La victoire de Donald Trump n’était pas inévitable : lors des primaires du printemps 2016 lorsque Bernie Sanders disputait l’investiture démocrate à Hillary Clinton, les sondages le donnaient gagnant face à Trump, et annonçaient déjà la défaite de "la reine de la corruption". Or si Trump est le "Marine Le Pen" américain, Mélenchon est le "Bernie Sanders" français qui s’est soustrait au piège des primaires.

Il faut que la colère populaire qui va s’exprimer aux élections de 2017 choisisse pour le faire le bulletin de vote Jean-Luc Mélenchon, et non Marine Le Pen. Dorénavant il n’y a plus d’autre choix.

Ce n’est pas un candidat communiste issu d’un PCF en perte d’influence à la suite de ses compromissions avec la gauche de gouvernement, qui a toujours un métro de retard, et dont les membres sont incapables de s’entendre entre eux sur ce qu’ils appellent un "communiste" qui va faire le poids, même si André Chassaigne aurait été un bon candidat ... en 2007 !

Un seul candidat à gauche peut dans l’état actuel de rejet du politique incarner la colère populaire, un seul peut être crédible. Mais pour qu’il batte au deuxième tour une candidate qui a une longueur d’avance sur lui dans ce domaine, il faudrait qu’il soit meilleur qu’il n’a été face à elle dans le débat en 2012. Et qu’il n’hésite pas à assumer à bras le corps le "populisme" qui lui est tant reproché par les médias (mais aussi par les hypocrites qui font campagne contre lui à gauche).

Mélenchon veut que la France quitte l’OTAN (que soit dit en passant Trump dit vouloir supprimer), c’est juste mais ce n’est pas une question assez popularisée, pour toucher les masses il faudrait qu’il cesse de tourner autour du pot sur l’Europe, et qu’il mette sur la table la proposition de la quitter purement et simplement, ce qui couperait ses dernières attaches à la culture politique PS. Il devrait aussi prôner très clairement une politique commerciale protectionniste pour la réindustrialisation, ce discours qui a obtenu la victoire pour Donald Trump, mais contrairement à lui en l’associant au retour de l’État dans l’économie. Il faudrait encore qu’il aborde la question de l’immigration, et qu’il se prononce pour son arrêt dans l’attente du retour au plein emploi, dans l’intérêt de l’intégration économique sociale et culturelle de ceux qui sont déjà là, y compris les immigrés. Enfin il devrait proposer un renversement d’alliance en Syrie, et le rétablissement des relations avec Damas pour lutter effectivement contre le terrorisme.

Plus généralement il devrait mettre plus de rouge et moins de vert dans son programme, plus de social et d’économique, plus de lutte des classes et moins de "règles vertes", ou de discussions constitutionnelles qui n’intéressent guère les foules.

S’il infléchit son discours et son programme dans ce sens, il se trouvera en condition de l’emporter dans un duel au second tour contre la candidate fascisante, dont le programme exploite tous ces thèmes légitimes pour amorcer un autre agenda xénophobe et raciste.

En 2012, Jean-Luc Mélenchon avait fait un bon résultat national (11%) et un bon résultat local à Hénin Beaumont (21%) mais encore insuffisants pour gagner, il doit faire un saut qualitatif et adopter une position plus révolutionnaire que celle qu’il a assumée à la télévision devant Karine Le Marchand ! Ce n’est plus le moment de chercher à rassurer quand les masses veulent donner le coup de pied dans le nid à frelons !


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