Parti Socialiste : procédure de liquidation engagée

samedi 26 novembre 2016.
 

A) Cambadélis prend ses distances avec Hollande qui aurait aimé « liquider le PS »

Par Marc de Boni, Le Figaro Publié le 12/10/2016 à 17:34

LE SCAN POLITIQUE - Le premier secrétaire récuse la notion de « liquidation » du PS prêtée à François Hollande, préférant prôner le « dépassement » du parti.

Tout porte à croire que le livre Un président ne devrait pas dire ça… (Stock) signé des journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme se vendra très bien rue de Solférino. Certains passages concernent en effet très directement l’actuel premier secrétaire du PS. Parmi les regrets qu’assume François Hollande figure celui de n’avoir pas pu enterrer le parti qu’il a dirigé. « Il faut un acte de liquidation. Il faut un hara-kiri », assurait le président, fin 2015, cherchant une piste pour assurer sa réélection. De quoi interpeller Jean-Christophe Cambadélis, invité ce mercredi de l’Association des journalistes de la presse parlementaire (AJP) : lui-même qui traitait volontiers Macron de « destructeur du PS » rechigne à endosser le costume de fossoyeur.

« C’est une réflexion du président de la République que je ne partage pas », tranche le député de Paris. Lui-même est plus à l’aise avec la notion de « dépassement », plus consensuelle. « C’est la stratégie que je veux faire aboutir dans le processus de la Belle Alliance Populaire (BAP) et pour laquelle j’ai été mandaté au congrès de Poitiers », fait-il valoir. Avant de tenter de désamorcer le propos de François Hollande à coup d’humour : « Je vous rassure, François Hollande n’a pas déposé de ‘motion Hara-Kiri’ au congrès du PS. Je suis tranquille sur ce plan ».

François Hollande et Manuel Valls auraient misé sur un nouveau nom pour le PS : « le Parti du Progrès ». « Ça évoque beaucoup de choses », louvoie Cambadélis, malicieux pour ne pas donner son avis. Les hollandais, eux, on franchi le pas et se revendiquent plus volontiers « progressistes » que « socialistes ». Reste que le « dépassement » semble avoir trouvé ses limites, alors que les initiatives hollandaises se cumulent et se télescopent, en plus de la BAP : « Hé oh la gauche » de Stéphane Le Foll, « La France est belle » de Manuel Valls, « Du progrès en plus »… Dernier en date : « les chantiers de la suite ». « On avance, mais pour achever le changement, un processus électoral est nécessaire », analyse Cambadélis. « La primaire sera le premier grand rendez-vous et les élections législatives seront la seconde étape ».

« Je vous rassure, François Hollande n’a pas déposé de ‘motion Hara-Kiri’ au congrès du PS » Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS

Reste à trouver une base militante cohérente dans un parti qui semble profondément fracturé, et tiraillé, des frondeurs aux réformistes, entre des modèles politiques incompatibles, voire antagonistes. « Les camarades du PS qui veulent aujourd’hui liquider le parti sont souvent les plus à cheval pour en obtenir l’investiture ! », accuse le patron de Solférino. Impassible, il mise sur un renouvellement mécanique ses troupes, au détriment de la frange critique : « Avec les règles liées au non-cumul, au renouvellement des candidats âgés, ou à la féminisation des listes (le PS vise une parité absolue, ndlr) il y aura un renouvellement de nos candidats et donc de nos parlementaires ». Hollande parle aux journalistes pour occuper le terrain

Après la parution d’un énième recueil de confidences accordées par le président à des journalistes, les dents grincent à l’Assemblée, y compris au sein des partisans de l’exécutif. Interrogé, Jean-Christophe Cambadélis balaye les critiques : « Il y a toujours des socialistes pour être atterrés ! ». Avant de se livrer au décryptage de la stratégie de François Hollande : « Il y a une volonté de faire soi-même le bilan, pour ne pas les autres laisser dire, surtout quand les critiques sont dures. Il s’agit de montrer ce qu’il pense vraiment, de faire un inventaire avant le départ en quelque sorte… Départ en campagne, évidemment », ironise-t-il. « Au moment où l’actualité politique est fournie, notamment au sein de l’opposition, c’est une manière également d’occuper l’agenda », assume le chef de file du PS. « Regardez : depuis le début de l’entretien nous ne parlons que du livre, et pas de la primaire à droite ou du débat de demain », fait-il remarquer aux journalistes de l’AJP. Le seul regret de Cambadélis : la parution concomitante du livre et d’un grand entretien dans l’Obs. « On aurait pu décaler, si on avait eu le choix. Cela aurait été mieux pour la mobilisation ».

B) « Hé oh la gauche », « BAP », « Progrès en plus »... le maquis des initiatives pro-Hollande

LE SCAN POLITIQUE - Le chef de l’État voit ses soutiens s’organiser pour préparer son éventuelle candidature en 2017. Mais les multiples démarches s’entrechoquent.

Où s’arrêtera la course du « à qui mieux mieux » ? À la veille du quatrième anniversaire de l’élection de François Hollande, et alors que les dates de la présidentielle de 2017 viennent tout juste d’être dévoilées, les proches du chef de l’État s’organisent pour préparer son éventuelle entrée en campagne. Les initiatives se multiplient : « Hé oh la gauche », l’opération du fidèle lieutenant Stéphane Le Foll, la « Belle Alliance populaire » (BAP), l’initiative du premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, et, dernière en date, « Du progrès en plus », une campagne parlementaire présentée lundi par le patron des députés socialistes Bruno Le Roux.

Ces actions fleurissent au rythme - soutenu ! - d’une par semaine. Un enchevêtrement, dans lequel il est devenu quasi-impossible de distinguer les rôles précis des uns et des autres. « Ces trois éléments peuvent s’entrechoquer aux yeux de certains », concède d’ailleurs l’un des principaux artisans de cette architecture. A tel point qu’une concurrence est en train de naître entre les mouvements. En cause notamment : le fait qu’« Hé oh la gauche » ait unilatéralement décidé de s’exporter à Lille, pour une réunion publique prévue le 17 mai prochain, sous la houlette de Patrick Kanner et sur fond de rivalité avec Martine Aubry. « Nous ne sommes pas assez divisés comme ça ! Maintenant, on va faire campagne en ordre dispersé ! », se serait agacé Jean-Christophe Cambadélis, selon Le Point. « On n’est pas obligés d’aller emmerder Martine dans le Nord », aurait-il ajouté, selon Le Canard Enchaîné.

Confirmés à demi-mot au Scan, ces propos trouvent écho dans ceux du le sénateur-maire PS d’Alfortville (Val-de-Marne) Luc Carvounas, membre de la direction du PS, qui doute de l’efficacité de l’initiative ministérielle. « C’est une expérience qui peut être utile, mais je préfère que cette énergie soit concentrée au PS autour de la Belle alliance populaire », explique-t-il. À chacun son rôle, juge-t-on à Solférino, où la priorité a été donnée au rassemblement de la gauche : « Les ministres sont sur la défensive (du bilan), quand nous sommes dans l’offensive » en direction de l’aile gauche, résume un proche de Jean-Christophe Cambadélis. Différents moyens pour une même fin

Une différence de taille est donc pointée entre la « BAP » et le reste des initiatives : « C’est le navire amiral de la campagne, mais ça n’est pas un support de défense de politique gouvernementale car elle réunit en son sein des gens qui ne sont pas tous d’accord avec certaines orientations mais qui sont d’accord pour faire parti d’un mouvement avec le PS », souligne-t-on dans les hautes sphères du Parti socialiste. Est-ce à dire pour autant que le courant entend se placer sur un tout autre créneau que les deux autres ? Non, balaie-t-on, assurant que ces différents moyens permettront d’accéder à une même fin.

Dans le très proche entourage du premier secrétaire du PS, on présente les choses ainsi : « “Hé oh la gauche”, c’est les ministres qui défendent la politique gouvernementale. “Du Progrès en plus”, c’est une campagne conjointe PS/SRC (le groupe socialiste à l’Assemblée, ndlr) pour faire la même chose. Et la “Belle Alliance populaire”, c’est l’application des décisions du congrès sur le dépassement du PS pour créer une fédération avec des radicaux, des associatifs, des syndicalistes, des citoyens, etc... C’est une juste répartition des choses actée par le président et le premier ministre », détaille-t-on. Reste désormais à savoir combien de temps cette coexistence pourra rester pacifique.

Arthur Berdah, Le Figaro


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