Présidentielles : campagnes lourdingues pour Bayrou ou "tout péter".

mardi 17 avril 2007.
 

Si je ne lis plus la plupart des titres de presse écrite ni ne regarde la télé comment vais-je comprendre l’essentiel des réflexes conditionnés attendus de mes contemporains ? Allez hop ! Je laisse tomber mes écoeurements. Ce n’est pas l’urgence du moment. Le problème des médias est la question numéro un de notre démocratie. On ne le règlera pas cette semaine. A cette heure, je me sens obligé de dire ce que je pense à propos des calculs qui agitent la toile autour du thème de la place des candidats sur l’échelle de Richter. Je ne parle pas des campagnes un peu lourdingues du Nouvel Observateur et des réseaux ratapoils se réclamant tantôt d’une enquête super secrète (et illégale !) des Renseignement généraux tantôt d’une note infaillible du CEVIPOF (démentie par l’interréssé). Les deux annoncent une élimination de Ségolène Royal au profit de Le Pen. Avec des ficelles aussi grosses, camarades, si le loup parait pour de bon, vous finirez comme tous ceux qui sonnent l’alarme sans raison à longueur de temps ..... Non, je parle du vrai piège. Celui que l’on se tend en réduisant la campagne à un frisson de peur devant Sarkozy.

EFFICACE ?

J’exagère le vide de la mémoire collective ? A dix jours du premier tour, un bon sondage à faire ce serait de poser la question suivante : « citez au moins quatre réformes proposée par les quatre candidats en tête des sondages ».... Trop dur ? Alors disons... deux seulement. Et ensuite on demanderait : « citez en une qui vous parait vous concerner ». Vu ? Faites le test autour de vous si vous aimez souffrir...

Donc j’en viens à la grosse erreur d’appréciation que je veux pointer : ceux qui pensent de bonne foi que Bayrou « est le mieux placé pour battre Sarkozy » se trompent. Je ne le dis pas seulement pour mettre en garde contre les sondages car je sais que cela ne sert strictement à rien. Le sondage est pour l’intelligence ce que le scotch est pour le doigt du capitaine Haddock. Je le dis par pur bon sens.

Si Bayrou parvient au second tour des milliers de gens de gauche ne voteront pas pour lui (dont moi) sous l’antienne : « bonnet blanc et blanc bonnet ». Si Ségolène Royal est présente au second tour des milliers d’électeurs de Bayrou, venus de gauche retourneront vers elle et nombre de centristes en feront autant par rejet de Sarkozy. Simple.

La capacité de rassemblement de Ségolène Royal au second tour est donc beaucoup plus grande que celle de Bayrou. Je le dis donc tranquillement à ceux qui ont en tête seulement de battre Sarkozy : il n’y a aucun intérêt pour eux à voter Bayrou.

TOUT PETER ?

Une autre rengaine me parait devoir être également pointée. Celle d’après laquelle en faisant « tout péter » à gauche à l’aide d’un vote Bayrou on pourrait enfin voir naître une « vraie gauche » et ainsi de suite. Première erreur : une élection présidentielle sert à désigner un président de la république. Toute autre activité dans ce cadre est hors sujet. Dis plus abruptement : l’élection n’est pas un congrès du parti (communiste, socialiste, écolo, alter etc....). D’une façon générale le déni de la réalité peut prendre bien des visages. Ainsi parler d’autre chose quand une situation s’impose à soi et semble sans issue en est une des manifestations les plus courantes.

Croyez en l’expérience... ;-) Un esprit éclairé traite la difficulté avec les matériaux disponibles en vue du meilleur résultat possible et non dans l’absolu. Bien sur, ce point de vue a sa limite. Le possible n’est pas toujours le meilleur chemin en vue du souhaitable. Parfois il faut rompre le cercle des bonnes raisons. C’est ce que je fais en disant que monsieur Bayrou pourrait bien se passer de moi au second tour si je dois le départager de monsieur Sarkozy. Mais au premier tour nous n’en sommes pas là. De Royal (choix d’efficacité électorale) à Buffet (choix d’authenticité) en passant par Bové, Besancenot et Laguiller(choix d’identité), il y a bien des manières de peser à gauche sur la société sans avoir besoin de renoncer à dire ce que l’on veut vraiment pour notre pays. Et c’est d’ailleurs de cette façon que le débat de la suite, à gauche prendra son sens.

UNE BONNE NOUVELLE ?

Il faut aller au bout de ce raisonnement. La détestation de la « gauche molle » comme dit Besancenot est mauvaise conseillère. Le problème qui est posé à la gauche des ruptures, à laquelle je me sens appartenir sans changement, ce n’est pas d’éliminer la gauche dite sociale libérale, « d’accompagnement » qu’on l’appelle comme on veut.

Notre objectif doit être d’inclure ses petites troupes si influentes dans la bonne société médiatique et les milieux favorisés du salariat tout en réduisant son influence sur les esprits et en lui reprenant le pilotage de l’avion. C’est ce qu’avait réussi l’union de la gauche et le programme commun. Plus simplement : il n’y a aucun intérêt aux scissions, exclusions, séparations et autres amputations dont semble rêver tant de ceux qui se frottent les mains en voyant Bayrou capter la social bobocratie.

Bien sûr, là encore le possible n’est pas toujours le meilleur chemin vers le souhaitable. Il y a une limite et j’admets que ces temps ci nous n’en sommes pas loin. Mais nous n’y sommes pas. Ne pas confondre la ruse qu’il faut avoir pour faire voter pour nous les doux moutons bêlants du centrisme et la compromission. J’avoue que je n’aime guère la remarque de Ségolène Royal selon laquelle le sujet des discussions avec le centre serait « prématuré »...

L’adjectif me glace. Mais je la crois sur parole quand elle dit qu’il n’y aura pas de coup dans le dos ni de petits arrangements en secret. Si d’aucuns font le choix de l’alliance, alors que ce soit en pleine lumière et nous assumerons tous nos responsabilités. Mais une semaine avant le premier tour je n’ai pas l’intention de lui compliquer la tache. Faire rêver le troupeau centriste peut payer. Le moment de la tonte électorale n’est pas encore venu. Et puis comme je l’ai analysé dans ma précédente note les « fous du centre » n’ont pas facilité la tâche de la candidate socialiste...

Ce matin il paraît (France Inter 8heures 30) que Claude Allègre pencherait lui aussi pour la nouvelle alliance avec Rocard et Kouchner. Je pense que les enseignants vont être éclairés par ce choix... C’est donc presque une bonne nouvelle.


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message