Primaire du PS : rien ne va plus...

jeudi 26 janvier 2017.
 

A) Tout ce bruit pour rien (Danielle Simonnet et Eric Coquerel, Co-coordinateurs du Parti de Gauche)

Le 1er tour des primaire du PS & affiliés a confirmé ce soir son échec malgré un gavage médiatique depuis des semaines : plus d’un électeur sur trois des primaires de 2011 ne s’est pas déplacé. Décidément, le PS est condamné à perdre toutes les élections, même celles qu’il organise.

Cette primaire s’est en fait réduite à un scrutin interne dont s’est désintéressée la quasi totalité des français. Le PS voulait faire de ce scrutin un test pour assoir une légitimité à son candidat : comme attendu, c’est raté. Le niveau de participation de ce scrutin correspond en réalité au faible niveau de ses candidats ex ministres dans toutes les enquêtes d’opinion : comptables d’un bilan inassumable.

Non seulement on voit mal leur électorat respectif se reporter sur le gagnant, mais en plus aucun des deux n’est en capacité d’accéder au 2nd tour des élections. Leur seule utilité serait, comme l’a fait François Hollande, d’y renoncer. Seul Jean-Luc Mélenchon est en capacité d’éviter un 2nd tour entre l’extrême droite de Mme Le Pen et les libéraux M. Fillon et M. Macron.

Danielle Simonnet et Eric Coquerel, Co-coordinateurs du Parti de Gauche

B) Manuel Valls en grande difficulté (PCF)

Premier tour de la primaire PS. Réaction d’Olivier DARTIGOLLES, porte-parole du PCF

Le résultat du premier tour de la primaire du PS confirme, par un faible niveau de participation, le rejet du quinquennat et la défiance vis à vis de celles et ceux qui l’incarnent.

Après l’empêchement de François Hollande, pour qui cette primaire avait été préparée, Manuel Valls est à son tour en grande difficulté .

Olivier Dartigolles

C) Après la primaire, la mort du parti socialiste ? (La Tribune)

Après sa primaire des 22 et 29 janvier, le PS va entrer dans une période de turbulences. Si le candidat élu ne bénéficie pas d’une dynamique, il sera peut-être contraint de se désister avant le premier tour au profit d’Emmanuel Macron si celui-ci s’impose dans l’opinion. Un piège mortel pour le PS. Après sa primaire des 22 et 29 janvier, le PS va entrer dans une période de turbulences. Si le candidat élu ne bénéficie pas d’une dynamique, il sera peut-être contraint de se désister avant le premier tour au profit d’Emmanuel Macron si celui-ci s’impose dans l’opinion. Un piège mortel pour le PS.

A la veille du premier tour de la primaire du parti socialiste et de ses alliés ce dimanche 22 janvier, l’inquiétude prévaut au PS. Que se passera-t-il si le candidat élu ne perce pas face à Emmanuel Macron ? Les socialistes devront-ils se désister au profit de l’ancien ministre de l’Economie. Cela signifierait la fin du PS né à Epinay en 1971.

Méthode Coué ? Posture ? Fanfaronnade ? Lors du dernier débat de la primaire du parti socialiste et de ses alliés, jeudi 19 janvier sur France 2, les quatre candidats encartés au PS ont évoqué avec ironie et humour le « cas » Macron. Vincent Peillon appelant même l’ancien ministre de l’Economie, « l’enfant prodigue » à rentrer au bercail. Benoit Hamon, lui, parie sur la dynamique créée par la primaire de gauche, dont le premier tour a lieu ce dimanche 22 janvier, pour faire plier un Macron qui grimpe encore dans les sondages...

Certes, les candidats socialistes sont dans leur rôle. Pour autant, hors caméra, ils n’affichent plus du tout la même sérénité face au "phénomène" Macron. Déjà, ils savaient que la campagne présidentielle 2017 allait être très difficile pour le candidat officiellement soutenu par le PS, tant le parti est discrédité à l’issue du quinquennat de François Hollande. Le PS connaît là le même sort que les autre partis sociaux-démocrates européens, laminés par l’exercice du pouvoir en raison des politiques qu’ils ont menées. Mais avec l’aventure Macron, les choses s’annoncent encore plus complexes.

Et, au-delà de la présidentielle, nombreux sont les députés du parti à commencer à s’inquiéter pour les législatives de juin qui, déjà, s’annonçaient très compliquées, mais qui pourraient virer totalement à la Bérézina si des candidats « macronistes » viennent débouler dans leurs pattes. Or, justement, Emmanuel Macron a lancé jeudi 19 janvier le processus de désignation de candidats pour les législatives. Le poids de la participation à la primaire de gauche va donc être crucial dans le rapport de force qui va s’instaurer entre le PS et Macron. Au-delà de la désignation d’un candidat à la présidentielle, c’est l’un des enjeux de ce scrutin. Mais ce n’est pas le seul. En filigrane, on sent bien également que ce scrutin ressemble à un pré-congrès du parti socialiste... ou de ce qu’il en restera.

L’opération "Peillon" pour barrer la route à Valls

La question du leadership sur le parti semble en effet centrale. Pour de nombreux socialistes, notamment du côté des aubrystes, la bataille pour la présidentielle de 2017 paraît déjà perdue. C’est dans ce sens que l’on peut interpréter les propos très durs sur « Hollande, Valls, Macron, responsables de l’échec du quinquennat », tenus par la maire de Paris Anne Hidalgo dans le quotidien Le Monde. C’est dans ce sens aussi qu’il faut comprendre le soutien de l’édile de Paris à Vincent Peillon. Le but est d’éviter que Manuel Valls gagne la primaire et s’impose ainsi « naturellement » à la tête d’un PS désemparé en cas d’échec à la présidentielle. Aux yeux des aubrystes, qui se posent en gardien du temple socialiste, Vincent Peillon représente la ligne traditionnelle - on oserait dire le « canal historique » de la social-démocratie - du parti face à la dérive droitière incarnée par Manuel Valls et aux "utopies" d’Arnaud Montebourg et Benoît Hamon. Aux yeux de nombreux caciques, le seul espoir pour limiter les dégâts aux législatives est donc de revenir aux « fondamentaux » du parti. Et, à un horizon plus lointain, il s’agit aussi de barrer la route à la prise du pouvoir des « libéraux » du PS dans la perspective de 2022. On comprend dès lors la manœuvre « Peillon ».

Mais on peut s’interroger sur la réalité de cette hypothèse. Car, encore faut-il que le PS survive à l’énorme crise qui se prépare. Que va-t-il en effet se passer si, en février/mars, le candidat choisi à la primaire reste scotché autour des 10% dans les sondages alors qu’Emmanuel Macron flirtera avec les 20% et que Jean-Luc Mélenchon continuera d’afficher 14 ou 15% ? Certes, Benoit Hamon affirme que la « légitimité » du vote de la primaire -encore faut-il qu’il y ait au moins plus d’un million d’électeurs qui participent au scrutin- l’emporte sur la « légitimité sondagière » sur laquelle s’appuie Emmanuel Macron.

Un désistement du candidat au profit de Macron ?

Mais, au-delà de ce beau principe, nécessité risque de faire loi. Le PS va-t-il aller malgré tout aller au combat au risque de connaître une formidable désillusion au premier tour avec un score à peine supérieur à celui réalisé par Gaston Defferre - son représentant d’alors, quand le parti s’appelait encore SFIO - à la présidentielle de 1969 avec ses 5,01% de voix ! La pression va être forte pour que le représentant PS se retire au profit d’Emmanuel Macron afin de laisser une chance au candidat « progressiste » d’accéder au second tour aux dépens de Marine Le Pen ou de François Fillon. C’est d’ailleurs déjà ce que dit ouvertement le sénateur-maire de Lyon, Gérard Collomb, le chef de file des « réformateurs » - l’aile droite- du PS qui a entraîné dans son soutien officiel à Emmanuel Macron 46 élus locaux du Rhône. Et nombreux sont les députés socialistes à s’interroger, plus ou moins discrètement, sur cette éventualité afin d’essayer de sauver leur siège aux législatives.

Si un tel scénario se concrétise, ce sera alors vraiment la fin du PS version Epinay. Les aubrystes auront bien du mal à calmer les forces centripètes qui agiteront le parti. Et si les socialistes vont à Canossa, Emmanuel Macron, sûr de son fait, dictera alors ses conditions pour que ce ralliement n’effraie pas ses soutiens centristes.

Un champ politique entièrement recomposé

Un scénario d’autant plus plausible que le PS est affaibli et n’exerce plus sa force d’attraction d’antan, ayant perdu quantité de collectivités territoriales lors des différentes élections intermédiaires. On ne voit pas comment un Benoit Hamon, un Arnaud Montebourg et à fortiori un Manuel Valls - qui, lui, de surcroît ce sera fait « voler » son espace politique par Emmanuel Macron - pourraient éviter un tel mouvement. Il en découlerait, à terme, un vaste redécoupage du champ politique avec un parti ouvertement « de gauche », regroupé derrière Jean-Luc Mélenchon ; un parti « progressiste », rassemblant les décombres du PS et diverses chapelles centristes, mené par Emmanuel Macron à la recherche de sa « majorité de projet » ; un parti « conservateur », émanation du parti « Les Républicains » et ses alliés et, enfin, le Front National...

Au-delà de l’échéance présidentielle, c’est ce sombre avenir possible que les candidats socialistes ont en tête. La décontraction affichée face au « phénomène » Macron est feinte. Pour Manuel Valls, il s’agit même d’une question de survie politique... Si l’ancien ministre de l’Economie réussit son pari, l’ancien Premier ministre n’aura en effet plus beaucoup d’espace politique, la place étant largement prise à sa gauche par Jean-Luc Mélenchon. Benoît Hamon et Arnaud Montebourg, eux, survivront politiquement leur chemin, mais avec des troupes rabougries. C’est ce formidable potentiel séisme politique qui hante les esprits socialistes à la veille du premier tour de la primaire.

Par Jean-Christophe Chanut

http://www.latribune.fr/economie/pr...

D) Primaire à gauche : Hamon et Valls au second tour (Libération)

Selon les premiers résultats, Benoît Hamon et Manuel Valls ont obtenu la préférence des près de 2 millions d’électeurs qui ont participé au scrutin. Ils s’affronteront dimanche prochain au second tour de la primaire organisée par le PS.

Le premier tour de la primaire de la Belle alliance populaire, organisée par le Parti socialiste et ses alliés en vue de désigner un candidat à la présidentielle, s’est tenu ce dimanche. Il opposait sept candidats : l’ancien Premier ministre Manuel Valls, les anciens ministres de l’Education Benoît Hamon et Vincent Peillon, l’ancien ministre de l’Economie Arnaud Montebourg, le vice-président de l’Assemblée nationale François de Rugy (Parti écologiste), Jean-Luc Bennahmias (Front démocrate) et Sylvia Pinel, ancienne ministre du Logement et présidente du Parti radical de gauche (PRG).

Les résultats ont été annoncés à 20h36 par le juriste Thomas Clay, qui a estimé que les incidents constatés dans les bureaux (certaines personnes ont par exemple rapporté avoir voté deux fois) restaient mineurs et marginaux. Sur 3 090 bureaux de vote dépouillés, soit plus du tiers des bureaux, Benoît Hamon arrivait en tête (35,21%) suivi de Manuel Valls (31,56%). Arnaud Montebourg conserve son rôle de « troisième homme de la primaire » et obtient 18,7% des suffrages. Vincent Peillon arrive quatrième (6,48%), suivi de François de Rugy (3,49%), Sylvia Pinel (2,1%) et Jean-Luc Bennahmias (1,6%). Quelque 0,75% des bulletins étaient blancs et 0,67% nuls.

Manuel Valls offensif, Benoît Hamon grisé

Les deux candidats qualifiés pour le deuxième tour ont délivré ses discours aux styles très éloignés. Benoît Hamon s’est exprimé en premier, depuis la péniche où le fêtaient les militants : il a salué « un message clair d’espoir et de renouveau ». « Il s’agit maintenant d’amplifier la mobilisation qui s’est opérée lors de ce premier tour, de lui donner davantage de force », a-t-il dit, tout sourire, avant de remercier « très sincèrement » Arnaud Montebourg de son soutien. Après son discours, un morceau du rappeur américain Macklemore a retenti, et les militants ont crié, joyeux.

De son côté, Manuel Valls s’est exprimé depuis la maison de l’Amérique latine, peu souriant et offensif. Il a attaqué clairement le programme - notamment le revenu universel - de son camarade socialiste, qu’il s’est dit ravi d’affronter. Dimanche prochain, « le choix [se fera] entre la défaite assurée et la victoire possible, le choix entre les promesses irréalisables et la gauche responsable », a-t-il dit. « Cette primaire était ouverte et rien n’était joué. Pour le second tour, rien n’est écrit », a-t-il insisté.

Montebourg se rallie à Benoît Hamon, Pinel préfère Valls

Contrairement à 2011, Arnaud Montebourg ne fait pas durer le suspense : dimanche, il votera Benoît Hamon. S’exprimant, souriant, quelques minutes après l’annonce des résultats, l’ancien député de Saône-et-Loire en a profité pour sérieusement attaquer Manuel Valls, sans le nommer : « Les électeurs ont d’abord sérieusement condamné le quinquennat, a-t-il estimé. Ils ont voulu que la gauche retrouve le chemin de la gauche, que la rivière qui était sortie de son lit retrouve son cours naturel. »

« Avec Benoît Hamon nous avons combattu ensemble dans le gouvernement les politiques sociales plus libérales aujourd’hui désavouées par la primaire. Nous avons quitté le gouvernement ensemble, a-t-il continué. L’impératif qui pèse désormais sur nos épaules collectives est le rassemblement des gauches. Sans le rassemblement, il n’y aura pas de solution au choix impossible entre le candidat libéral brutal et la famille Le Pen. […] Dimanche prochain, je voterai Benoît Hamon et vous invite à faire de même. Il s’agit d’un impératif de rassemblement pour la France et pour la gauche. Je crois dur comme fer dans la possibilité d’inventer le monde qui vient. »

La présidente du Parti radical de gauche, Sylvia Pinel, a au contraire appelé ses 2,1% d’électeurs à reporter leur vote sur Manuel Valls.

D’autres ralliements à venir dans la semaine

Avant que les résultats ne soient annoncés, la directrice de campagne de François de Rugy, la députée Véronique Massonneau, avait d’ailleurs annoncé sur RTL que l’écologiste rencontrerait les deux candidats qualifiés pour le deuxième tour. Manière de concéder la défaite tout en ne se ralliant pas immédiatement.

Jean-Luc Bennahmias a, lui, fait savoir qu’il se annoncerait mercredi, jour du débat d’entre-deux tours, sa préférence entre Benoît Hamon ou Manuel Valls. Vu ses appels du pieds durant les trois premiers débats, on a peine à imaginer qu’il ne s’agisse pas du premier.

Les bureaux ont fermé à 19 heures dans l’hexagone. Entre 1,7 et 1,9 millions de personnes ont pris part au scrutin, selon les chiffres fournis par le PS. Un premier tour « réussi » selon Jean-Christophe Cambadélis, le chef du PS. « Je salue tous les candidats qui ont fait honneur à la primaire en défendant leurs idées avec sincérité et respect. Je suis persuadé qu’un nouvel alliage est en train de naître, scellé par le vote du jour. […] La France doute, les Français regardent. Ils n’ont pas encore faire leur choix, a-t-il estimé, vers 20 heures. Les forces de gauche forment un ensemble stable et durable. […] Je suis persuadé que l’élection présidentielle n’est pas jouée. »

Vincent Peillon a estimé que la participation avait été « moyenne » et a appelé à « une forte mobilisation », demandant aux électeurs d’« amplifier leur vote » la semaine prochaine. Il n’a néanmoins pas indiqué de préférence pour le second tour.

Kim Hullot-Guiot


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