Fillon, une histoire de couples à double fond(s)

dimanche 12 février 2017.
 

Discrétion de Madame, sérieux de Monsieur, les Fillon paraissaient symboliser le modèle même du couple présidentiable.

Amateur de course automobiles, François Fillon a, lors de la primaire de la droite, cloué sur place ses concurrents. Ce fut une surprise, mais il fallait s’en douter. Le peuple de droite mobilisé pour cette consultation était appelé à se reconnaître dans cet austère représentant : bien à droite, catholicisme en bandoulière, résident du très bourgeois 7ème arrondissement de Paris mais enraciné dans la province sarthoise… Aussi lisse que prévisible, François Fillon permettait de tourner la page de la frénésie sarkozyste et promettait de faire rendre gorge à la gauche.

Cet homme, un vrai parangon de vertu et de probité !

Et voici que la foudre des affaires vient calciner ce chromo sépia.

Fort discrètement, Pénélope, épouse Fillon, sénateur, puis député, Premier ministre, futur président, a des années durant encaissé des sommes que le bas peuple va juger faramineuses. Lesquelles de surcroît paraissent difficiles à justifier. Et les enfants aussi… Plus une société de conseils quelque peu opaque…

Bref, un couple qu’on n’imaginait pas si riche en secrets.

Ces révélations invitent à s’interroger sur cet autre couple qu’ont cinq années durant formé le Président Sarkozy et son collaborateur de Premier ministre. Ces deux-là, aux profils psychologiques si opposés, comment ont-ils pu naviguer si longtemps de conserve, couvant complicités et trahisons ?

Ne serait-ce pas qu’ils partageaient une même passion ? Pour le pouvoir et l’argent. Ce vrai Janus, puisque le pouvoir est généreux en argent (public de préférence), et l’argent assure le pouvoir…

Voilà qui expliquerait que, de manière teigneuse pour l’un, cauteleuse pour l’autre, ils savent si bien tous deux exhorter le peuple à travailler plus, à accepter les sacrifices sous peine de faillite, et à payer ses dettes (avec intérêts !)… Sûrs qu’un tel discours fait recette, sans que personne n’ose venir vous demander des comptes…

Le problème de ce milieu de pouvoir et d’argent est d’être pauvre en amitié vraie. Apparemment, aucun proche, nul conseiller (même rétribué) n’a averti François Fillon que, sur la voie royale de la Présidence, on est épié, jalousé, voire haï, que des dossiers compromettants sont précieusement conservés… Et qu’il existe des journalistes, des policiers, des juges prêts à faire leur travail en retour d’un honnête salaire.

Lors du débat de l’entre-deux-tours de la primaire François Fillon avait asséné : « On ne peut pas diriger la France si on n’est pas irréprochable (…). On est des hommes politiques, on n’est pas des citoyens comme les autres ».

Il est magistralement confirmé que Fillon n’est pas un citoyen comme les autres. Mais en fonction d’éléments qui risquent de l’empêcher de diriger la France.

Une si belle carrière, une magistrale victoire à la primaire, une assurance d’accéder au sommet de l’État… Tout cela compromis pour quelques centaines de milliers d’euros ! Et le risque pour Les Républicains de devoir en urgence bricoler un plan B.

Ce monde est bien cruel aux riches et aux puissants...

Francis Sitel


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