François Fillon = Remise en cause du service public d’éducation

samedi 18 février 2017.
 

par Olivier Caremelle, président du Collectif des élus démocrates et républicains pour l’éducation (Cedre), adjoint au maire de Lomme (Nord)

N’ayons pas la mémoire courte. François Fillon, alors premier ministre entre 2007 et 2012, a légué à la France et aux Français une immense dette éducative. Ses gouvernements, sous l’autorité de Nicolas Sarkozy, ont détruit pendant la période près de 200 000 postes de fonctionnaires, dont 80 000 pour l’éducation nationale. Ces retraits massifs ont eu des conséquences concrètes  : fermetures de classes dans le primaire, fermetures de sections dans les lycées professionnels et d’options dans les lycées généraux et technologiques, quasi-disparition des Réseau d’aide à l’enfance en difficulté (Rased), éradication de la scolarité des moins de 3 ans, mise en place de l’école sur quatre jours, montée des effectifs par classe, fin de la formation des enseignants…

Toutes ces conséquences ont, elles-mêmes, provoqué pendant dix ans des effets nocifs mis en lumière par le classement Pisa, qui évalue les acquis et les compétences des élèves. Comme les classements précédents, la nouvelle vague d’enquêtes met en lumière les inégalités scolaires, fruit des inégalités sociales et du déterminisme. Ce que Bourdieu appelait opportunément les « exclus de l’intérieur ».

Tous les efforts entrepris depuis 2012, notamment la loi de refondation de l’école, ont cherché à reprendre le fil du combat pour l’éducation et pour l’émancipation. Tous les efforts, incontestables, entrepris depuis 2012, ont permis de renouer avec la formation des enseignants, la réattribution, pour l’heure, de plus de 50 000 équivalents temps plein, la priorité au primaire par la réforme des rythmes scolaires et le dispositif « Plus de maîtres que de classe », le combat contre le décrochage et la promotion du raccrochage scolaire, ou encore la réforme du collège qui s’installe dans le paysage éducatif.

Un lien entre tout cela  ? La promotion viscérale de l’égalité et la vision claire d’un système éducatif qui doit être plus bienveillant et plus inclusif, en particulier sur les liens entre l’éducation, la formation et l’insertion sociale et professionnelle.

Oui, tout ce travail peut être réduit, demain, à néant avec les propositions de suppressions de fonctionnaires et la remise en cause du service public d’éducation. Combien d’enseignants, de personnels éducatifs pourtant indispensables ne seront ni remplacés, ni recrutés pour faire face aux difficultés d’une école massifiée et démocratisée  ?

Propose-t-on, demain, de raréfier l’accès à l’école, de trier les élèves, de filtrer, voire empêcher les lycéens d’accéder à l’université, alors qu’est déjà sur la table la disparition des lycées professionnels  ? Scandaleux  ! Comment, demain, faire mieux avec beaucoup moins, alors que l’école, au sens large, sera vécue comme une variable d’ajustement budgétaire  ? Faudra-t-il renvoyer une nouvelle fois aux familles la charge et le coût de l’éducation pour consolider la fortune des officines privées ou asseoir davantage le privé sous contrat  ? Inacceptable !


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