USA/Israël : la complicité des deux extrême-droites

dimanche 19 février 2017.
 

Les élections législatives israéliennes de 2015 et l’élection présidentielle étasunienne (2016) ont vu la victoire de forces particulièrement réactionnaires qui ont de nombreux points communs, et tout d’abord, la haine de l’autre, la haine de l’étranger, haine de celui qui est différent du modèle dominant, juif sioniste en Israël, WASP (White anglo-saxon protestant) aux EU, mais aussi haine de tous ceux qui ne pensent pas comme Netanyahou ou Trump (gauche radicale, mouvements de soutien aux migrants, associations pacifistes ou féministes…).

La proximité idéologique de ces deux pouvoirs facilite leur rapprochement. Certes, nous avions espéré plus d’Obama. Néanmoins, il s’est distancié en plusieurs occasions de Netanyahou, le point d’orgue de cette distanciation étant son refus d’opposer le veto des EU à la résolution 2334 du Conseil de sécurité de l’ONU condamnant la colonisation sioniste en Palestine (adoptée le 23 décembre dernier) ; quelques heures avant son départ de la Maison Blanche, il a fait un chèque de 205 millions d’Euros à la Palestine ; certes, c’est peu au regard des milliards donnés à Israël, mais il ne faut pas en négliger la portée symbolique. Avec TRUMP, la politique étasunienne sera radicalement différente : au-delà du projet de transfert de l’ambassade étasunienne de Tel Aviv à Jérusalem qui mettra du temps à être réalisé, s’il l’est (une tentative de G.-W. Bush avait échoué), le plus inquiétant est la politique de soutien sans nuances de Trump à Netanyahou qui se manifeste à la fois par ses déclarations et la nomination du nouvel ambassadeur :

- le soutien annoncé de Trump à la politique israélienne a eu pour conséquence immédiate l’annonce - le lendemain même de la prise de fonction de Trump - de la construction de 566 logements à Jérusalem-Est, début d’un considérable programme de 11 000 logements à Jérusalem-Est et en Cisjordanie ! Cette première annonce a été suivie de trois autres dans les 10 jours qui ont suivi.

- la nomination comme ambassadeur étasunien à Tel Aviv de David Friedman, ultra-sioniste qui pourrait aussi bien être l’ambassadeur israélien à Washington, si ce poste n’était déjà pris par un autre israélo-étasunien… moins extrémiste que D. Friedman, est un véritable alignement sur l’extrême-droite israélienne : selon lui, les citoyens arabes d’Israël, quelque 21% de la population, devraient être déchus de leur nationalité ; il n’existe pas de “solution à deux États”. Le simple fait d’évoquer une telle possibilité frise la trahison ; on ne doit autoriser l’expulsion d’aucun colon de son “foyer”*, même si ce “foyer” se situe sur une propriété privée palestinienne. Les Juifs américains et israéliens qui soutiennent le camp de la paix israélien sont pires que des Kapos (les Kapos étaient des détenus recrutés par les nazis pour faire régner l’ordre dans les camps de la mort, jusqu’à ce qu’on les mette à mort à leur tour). Barack Obama est un “antisémite manifeste”… et il espère s’installer rapidement dans la nouvelle ambassade étasunienne à Jérusalem.

Face à cette politique étasunienne pro-sioniste d’une radicalité inédite, une réaction s’impose, aussi bien au niveau international (ONU, UE - en particulier la lutte pour la suspension de l’accord commercial avec Israël est plus d’actualité que jamais), que national (la France - après l’échec de son initiative diplomatique - doit reconnaître l’État de Palestine, comme l’avait demandé Laurent Fabius) et individuel : plus que jamais, nous devons multiplier les interpellations de parlementaires pour qu’enfin des sanctions soient prises par la France et l’Union Européenne, nous devons faire pression sur les entreprises pour qu’elles renoncent aux investissements qui favorisent la colonisation, nous devons intervenir sur les grandes surfaces pour qu’elles cessent de commercialiser des produits des colonies illégales.

Jacques Fontaine, 2-02-2017.


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