Ne soyons pas amnésiques : le comportement violemment répressif antisyndical du pouvoir Hollande

vendredi 17 mars 2017.
 

Rien ne peut justifier un tel niveau de violence et une telle instrumentalisation des "casseurs" dont l’identité et le rôle sont restés et restent encore obscurs.

La trahison et le bâton : trop, c’est trop !

Une répression politico– policière organisée par le gouvernement PS s’est exercée contre les mouvements sociaux du printemps 2016 en France et notamment sur les manifestations protestant contre la loi travail. Cette répression d’une durée et d’une intensité sans précédent depuis un demi siècle dans notre pays marquera pendant longtemps la mémoire du monde du travail.

Cependant, un certain nombre d’électeurs de gauche mal informés ou éloignés des luttes sociales, ont déjà oublié l’extrême violence de cette répression.

Rien ne peut justifier un tel niveau de violence et une telle instrumentalisation des "casseurs" dont l’identité et le rôle sont restés et restent encore obscurs.

Observons que nous ne sommes pas ici dans le cas de comportements individuels de policiers outrepassant ses fonctions dans l’utilisation de la force (communément et pudiquement appelée"bavure policière"). Il s’agit ici d’un problème de commandement et d’utilisation des forces de l’ordre par le pouvoir politique à des fins répressives.

Ainsi, on pourra entendre dire que telle ou telle personnalité politique "prône la tolérance zéro" concernant les violences policières en se référant à des "bavures" plus ou moins graves et on entonnera alors le refrain de l’amélioration du recrutement et de la formation des policiers.

Mais les mêmes se gardent bien d’aborder le problème de la politique répressive contre les manifestations.

Il nous a donc semblé nécessaire de rappeler le texte de la proposition de résolution pour créer une commission d’enquête parlementaire sur la manière dont le gouvernement a encadré et utilisé les forces de l’ordre à l’occasion de ces manifestations.

La Ligue des droits de l’homme (LD H) a demandé le 8 mai 2016 la création du commission d’enquête parlementaire sur les violences policières. Texte de la LDH ici http://ldh-gironde.org/violences-po...

PROPOSITION DE RÉSOLUTION tendant à la création d’une commission d’enquête visant à faire la lumière sur les choix opérés par le ministère de l’Intérieur quant au maintien de l’ordre durant les manifestations, (Renvoyée à la commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l’administration générale de la République, à défaut de constitution d’une commission spéciale dans les délais prévus par les articles 30 et 31 du Règlement) présentée par M. Jean-Jacques CANDELIER, député.

Source Internet :

http://www.assemblee-nationale.fr/1...

Ce même texte (Proposition de résolution 4037) déposé le 15 septembre 2016 et les raisons de son dépôt à l’Assemblée nationale figurent sur le site de M. Jean-Jacques Candelier (député PCF) disponible en cliquant sur le lien suivant :

https://jjcandelier.wordpress.com/t...

EXPOSÉ DES MOTIFS

MESDAMES, MESSIEURS,

Depuis son annonce par le Gouvernement jusqu’à son adoption par le 49-3, le projet de loi travail a suscité une très vive contestation populaire, traduite par des manifestations partout en France.

Inquiets par cette réforme synonyme de régression historique des droits et des protections des salariés, des milliers de manifestants sont descendus régulièrement dans les rues.

À l’initiative de sept syndicats (CGT, FO, FSU, Solidaires, l’UNEF, l’UNL et la FIDL), le mouvement social s’est fortement ancré dans le pays et une nouvelle journée de mobilisation pour l’abrogation de la réforme s’est déroulée le 15 septembre 2016. Les sondages d’opinions marquent à l’unanimité un soutien majoritaire des Français à la contestation et une condamnation de l’usage du 49-3.

Depuis le début de ce mouvement, plusieurs manifestations ont été le théâtre de violences graves. Le collectif « Stop violences policières » a transmis le 19 juillet au Défenseur des droits 104 témoignages, une quarantaine anonymes et 68 manifestants de manière nominative, qui dénoncent ces violences. La plupart sont parisiens, certains viennent de Rennes, Nantes, Lille ou Marseille.

Romain, photographe amateur et venu pacifiquement sur les lieux de la manifestation du 26 mai 2016, a été blessé grièvement à la tête par une grenade à main de désencerclement lancée par un policier.

Jean-François, un manifestant âgé de vingt ans, a lui perdu son oeil gauche après avoir reçu un projectile lors d’une manifestation à Rennes.

Durant la 13e journée d’action, c’est un syndicaliste de quarante-six ans, secrétaire médical de l’AP-HP (Assistance publique des hôpitaux de Paris) qui a perdu la vision de l’oeil droit. La liste n’est malheureusement pas exhaustive.

Au-delà de ces cas particuliers, la question de la généralisation de la répression est posée. C’est en effet une stratégie globale, orchestrée par l’État qui se dessine. Le traitement des « bavures » au cas par cas par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) ne peut demeurer une réponse satisfaisante devant la multiplication des faits alarmants.

De nombreux manifestant-te-s ont, en effet, été victimes d’une répression brutale et se sont retrouvés délogés, pourchassés, blessés, interpellés par les forces de police alors même qu’ils n’ont commis aucune infraction. Pour ceux-là, le parquet ira parfois jusqu’à requérir des peines ou demande des poursuites alors même que les dossiers sont vides de preuve.

Dans certains cas, le simple fait de participer à des manifestations et, à des mobilisations est retenu à charge.

Cette proposition de résolution relate également une inquiétude en lien avec la multiplication des actes de violences commis sur des journalistes. 14 clubs de la presse ont dénoncé dans un communiqué commun « des confrères pris à partie dans l’exercice de leurs fonctions […] alors même que leur qualité professionnelle ne faisait aucun doute (brassard et casque « presse », caméra siglée…). »

Si la liberté d’informer est un droit et un pilier de la démocratie, des images de violences gratuites envers les journalistes semblent attester d’une volonté d’imposer une chape de plomb sur la réalité des manifestations.

Alors que les manifestations ont été brutalement réprimées, certains individus responsables de « casse » ont été contenus en tête de cortège sans jamais être neutralisés par les forces de police.

Cela pose la question du commandement et des consignes. Le mouvement contre la loi travail a en effet vu des groupes d’individus facilement reconnaissables, étrangers aux organisations qui appellent à la mobilisation, perturber les manifestations, casser des vitrines et des abribus, s’en prendre aux forces de l’ordre, aux services d’ordres syndicaux et parfois aux manifestants.

Suite à ces exactions, les commentateurs politico-médiatiques et les chaînes d’information ont régulièrement passé sous silence les revendications des manifestations au profit des images de violences. Le ministre de l’intérieur lui-même, lors de son passage au journal télévisé de 20 heures sur France 2 le mardi 14 Juin 2016 a préféré parler de « hordes de manifestants » en alimentant la confusion.

Les casseurs sont clairement identifiés par les forces de l’ordre. Ils ne font pas partie des manifestants et viennent commettre des violences qui discréditent l’action syndicale.

L’auteur de la présente proposition de résolution s’interroge sur la raison pour laquelle des groupes structurés de casseurs identifiés sont laissés libres d’intégrer les cortèges syndicaux. Il se questionne sur le paradoxe suivant : laisser-faire pour les casseurs, répression brutale pour les manifestants.

Le secrétaire général de la CGT a illustré dans une très juste comparaison, qu’il ne revenait pas à un service d’ordre syndical de neutraliser des casseurs en périphérie d’une manifestation tout comme il ne revenait pas aux supporters de football de neutraliser les hooligans. C’est bien aux forces de l’ordre que cette mission revient dans un État de droit. Des policiers syndiqués ont dénoncé cette situation où les ordres semblent tarder dans des situations qui exigent pourtant une forte réactivité.

Le syndicat Alliance, majoritaire, s’est ainsi interrogé par la voix de son secrétaire général sur les consignes de non-intervention reçues face aux casseurs et a accusé le Gouvernement de vouloir décrédibiliser les mouvements sociaux.

Pour sa part, la CGT-Police rappelle dans ses communications que le véritable rôle de la police nationale est de faire respecter les libertés publiques et surtout la protection des citoyens y compris lors de manifestations.

Enfin, les syndicats de policiers dénoncent également l’utilisation politique de la fatigue des policiers pour justifier les menaces d’interdiction de manifestations. Lorsqu’il y a des violences, la police doit pouvoir les faire cesser avec mesure et discernement, c’est là sa raison d’être.

Néanmoins, des missions mal maitrisées, et des objectifs mal définis engendrent des violences régulières. Dans ce cadre, la responsabilité revient donc aux donneurs d’ordres. Afin que les Français puissent disposer du droit à la manifestation, dans le calme et la sécurité, il est nécessaire de clarifier les choix opérés par le ministère de l’intérieur quant au maintien de l’ordre durant les manifestations en matière de gestion des manifestants d’une part, et de gestion des casseurs d’autre part. Il convient également d’interroger le rôle du ministère public.

Cette présente proposition de résolution répond à la demande de la CGT avec la FSU, Solidaires, SAF, UNEF, FIDL, UNL et la LDH qui ont demandé, le 22 juin 2016, l’ouverture d’une enquête parlementaire sur les choix opérés par le ministère de l’intérieur quant au maintien de l’ordre durant les manifestations.

Selon leur communiqué, « Nos libertés ne sont ni négociables, ni ajustables. Nous les voulons pleinement garanties. » Considérant que le soutien aux forces de l’ordre ne dédouane pas les parlementaires d’une critique de l’usage disproportionné de la force et de la répression tout comme l’état d’urgence n’interdit pas la représentation nationale de poser la question des ordres donnés par le Gouvernement dans le cadre des manifestations, il est proposé que l’assemblée nationale se prononce.

PROPOSITION DE RÉSOLUTION Article unique

En application des articles 137 et suivants du Règlement, il est créé une commission d’enquête de trente membres visant à faire la lumière sur les choix opérés par le ministère de l’intérieur quant au maintien de l’ordre durant les manifestations

Fin du texte

Observons que les faits étaient suffisamment graves pour avoir attiré l’attention du Comité contre la torture de l’ONU.

Ce rapport met en cause la manière dont les forces de l’ordre ont été utilisées notamment à l’occasion des manifestations du printemps 2016.

Voici un article parmi d’autres relatant ce rapport :

Violences policières : l’ONU met la France à l’amende

Un rapport du Comité contre la torture des Nations unies fustige l’usage "excessif" de la force employée par les représentants de l’ordre ces derniers mois.

Source : Le Point.fr 15/05/2016.

Extrait. Lire la totalité de l’article en cliquant sur le lien d’accès à la page du site http://www.lepoint.fr/societe/viole...

Un rapport de l’ONU s’inquiète de "l’usage excessif de la force" employée par la police en France.

Dans un contexte tendu, entre manifestations sous haute tension contre la loi travail et état d’urgence, la France est aujourd’hui dans le viseur de l’ONU. Son Comité contre la torture a rendu, vendredi 13 mai 2016 à Genève, une série d’observations dans lesquelles sont passés au crible la multiplication des perquisitions, l’accueil des migrants ou encore des cas de décès liés aux violences policières.

Le rapport s’intéresse de près à la situation de l’Hexagone sous l’état d’urgence mis en place au lendemain des attentats de Paris et de Saint-Denis le 13 novembre.

« Le Comité est préoccupé par les informations sur l’usage excessif de la force par les forces de police au cours de certaines perquisitions, ayant entraîné des séquelles psychologiques chez les personnes concernées. »

Il recommande à l’État de donner la possibilité aux victimes de ces violences de porter plainte, « que les enquêtes soient menées, les poursuites éventuelles engagées et les sanctions prononcées contre les responsables ».

Inquiétudes après des décès liés aux violences policières

Le comité onusien appelle aussi la France à protéger les minorités, notamment les Roms, les musulmans, les juifs et les migrants, victimes « d’une augmentation de la violence et d’actes criminels en particulier depuis les dernières attaques terroristes ».

Sans l’écrire explicitement, les experts engagés contre la torture s’alarment aussi des débordements survenus durant diverses manifestations, prenant en compte des « allégations d’usage excessif de la force par la police et la gendarmerie ayant dans certains cas entraîné des blessures graves et des décès ». On peut notamment y voir une référence aux manifestations de ces derniers mois ou encore au décès de Rémi Fraisse en octobre 2014.

[…]

Composé de dix experts indépendants, le Comité contre la torture contrôle l’application de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, ratifiée par la France en 1986. Tous les quatre ans, chaque État signataire doit soumettre un rapport au

Comité, qui lui fait suivre ensuite ses observations. La France a jusqu’au 13 mai 2017 pour faire savoir au comité les suites qu’elle donnera à ces recommandations.

Fin de l’article

Voir aussi sur la même question : Reporterre https://reporterre.net/L-ONU-s-inqu...

Commentaires et questions suite à la demande d’enquête parlementaire  :

Quelle suite a été donnée ou dépôt de la résolution au député Candelier ?

Réponse : aucune car la demande du député Candelier a été bloquée par la majorité socialiste.

On constate ici le mépris incroyable non seulement à l’égard de la démarche républicaine et démocratique de Monsieur Candelier mais aussi à l’égard des organisations syndicales et de la ligue des droits l’homme.

Quelle a été la publicité faite par les journalistes champions des droits de l’homme sur cette demande d’enquête et sur le rapport de l’ONU ? (N’oublions pas que 14 journalistes ont été l’objet de violences.) Réponse : quasi nulle.

Quel a été le soutien d’Arno Montebourg, de Benoît Hamon et autres "frondeurs" à cette demande d’enquête (par 7 syndicats et la LDH)  ?

À notre connaissance, aucun soutien (si nous nous en jugeons après de nombreuses recherches sur Internet). Benoît Hamon, député des Yvelines ne pouvait ignorer ce projet de résolution ?

D’autre part, remarquons que le rapport de l’ONU fait aussi référence à d’autres répressions comme celles qui ont eu lieu à l’encontre des roms et des mouvements écologistes.

Concernant le comportement des députés socialistes « Frondeurs » , il nous faut distinguer d’une part leur opposition à la loi travail par un vote ou une motion de censure et d’autre part leur dénonciation et opposition à la violence antisyndicale gouvernementale.

Si l’on a bien entendu leur dénonciation de la "violence" du 49.3 leur dénonciation de la violence des coups de matraque contre des manifestants pacifiques et désarmés, pour la plupart anciens électeurs de François Hollande, est restée inaudible.

Ont-ils utilisé leur présence et leur écharpe tricolore pour protéger les manifestants pacifistes ? À notre connaissance, non. Mais pour ne pas être trop tranché dans notre jugement, peut-être y avait-il quelques exceptions ? À défaut de cela , on aurait pu espérer la signature–pétition par l’ensemble des députés socialistes frondeurs pour soutenir la demande d’enquête parlementaire de Monsieur Candelier, et ce, d’autant plus qu’en réalité, celui-ci s’est fait le relais non seulement de la LDH, de sept syndicats mais aussi du rapport du comité contre la torture de l’ONU. Ce n’est tout de même pas rien.

On peut douter fortement de la détermination de ces frondeurs à défendre les droits de l’homme dans leur propre pays alors qu’ils sont prompts à les dénoncer ailleurs.

Conclusion : il est assez évident qu’il paraît impensable pour la quasi-totalité de l’électorat de Mélenchon et pour les participants de France Insoumise, de se rallier à un candidat qui représente le PS quelque puisse être ses qualités ou sa personnalité. Quand on représente le PS, ce n’est pas un morceau mais sa totalité.

Non seulement le gouvernement a mis en œuvre une politique économique en contradiction totale avec les vœux d’une bonne partie de son électorat mais a en outre fait usage d’une violente force répressive inexcusable contre des manifestants dont la plupart… ont contribué à son élection !

Les médias au service du PS tentent par tous les moyens de faire oublier cela en faisant mousser au maximum "l’affaire Fillon", en occupant l’espace du débat public avec le revenu universel pour redonner une légitimité de gauche au PS, etc. Mais cette manipulation, si elle a des effets sur les esprits naïfs et et amnésiques, a aussi des limites.

Envisager que Mélenchon puisse se rallier à Benoît Hamon, représentant le PS, est tout simplement, insensé à la lumière de ces faits Évidemment, cela ne parait pas insensé pour un électeur de gauche atteint d’amnésie ou ayant ignoré la violence de cette répression.


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