Démission collective de jeunes socialistes de Seine-Saint-Denis (93)

dimanche 2 avril 2017.
 

Nous, jeunes socialistes de Seine-Saint-Denis et signataires de cet appel, avons pris la décision de démissionner collectivement de la fédération départementale de la Seine Saint Denis du Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS) et donc du Parti Socialiste. Cet appel est le point de rupture avec notre organisation mais c’est aussi le point de départ d’un travail libre au cœur d’une gauche cohérente et sincère.

Le quinquennat de François Hollande a débuté par une première trahison sur le Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance (TSCG). La gauche représentée au gouvernement n’a alors pas vu, ou voulu voir, que les réformes économiques et sociales à venir se feraient contre elle. Et pourtant trop peu d’élus se sont opposés à ces mesures, pourtant contraires aux valeurs qu’ils portaient, à l’instar de l’Accord National Interprofessionnel (ANI), du Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi (CICE) ou du pacte de responsabilité. En votant la confiance aux gouvernements successifs, puis en s’enfermant dans un mutisme abstentionniste, la forte opposition attendue s’est transformée en soutien tacite. Ainsi, les derniers budgets, qui présentaient pourtant une réduction nette des dépenses publiques, ont été approuvés. Ceux que l’on appelait les frondeurs ont mené une fronde timide, en refusant de créer les conditions pour renverser les gouvernements de Jean-Marc Ayrault, de Manuel Valls et plus récemment de Bernard Cazeneuve.

Toutes ces contradictions et ces critiques fortes mais sans rupture ont mené à une impasse stratégique et politique de l’aile gauche socialiste. Largement minoritaire au dernier congrès du Parti Socialiste et toujours alliée aux libéraux pour les élections législatives de 2017, c’est presque avec la même majorité parlementaire que seront votées les lois de ce pays en cas de victoire. Quelle peut alors être la crédibilité du projet présidentiel, annoncé comme en rupture avec le quinquennat, si ce sont les mêmes personnes qui sont investies pour voter les lois ?

Notre organisation de jeunesse, le MJS, porte sa part de responsabilité dans ces événements. Son autonomie aurait dû nous amener à une véritable rupture, tant la distance entre nos idées et les actions portées par le gouvernement et le groupe parlementaire issus de nos rangs était grande. Malgré quelques signes d’opposition salutaires, le constat reste le même pour les frondeurs. Nous n’avons pas eu un mouvement de combat mais un mouvement complaisant. Des appels internes à la démobilisation subis par nos camarades qui manifestaient contre la loi travail est le meilleur exemple de cette logique d’agrément envers le gouvernement. Nous savons pourtant que, en perdant le combat de la rue, nous perdons ensuite le combat dans les urnes.

Frondeurs et jeunes socialistes, ce fut un temps notre cas, nous avons été touchés par la pression des partis qui amène à privilégier les négociations internes, souvent les postes, plutôt qu’au nécessaire sursaut politique, même lorsque les choses vont trop loin. C’est par ce mécanisme que les appareils partisans sont devenus synonymes pour les citoyens d’opacité et d’accords mesquins. Dépassés dans leur forme et incapables de se renouveler, nous faisons le constat d’une fin de cycle des partis actuels de la gauche. 2016 aurait pourtant pu être une belle année de réveil et de clarification politique.

Nous avons attendu une rupture avec le groupe socialiste à l’assemblée nationale et donc avec le Parti Socialiste. Une dizaine de frondeurs avaient la possibilité de créer un groupe parlementaire d’union, rouge, rose et vert.

Le gouvernement, sans groupe majoritaire, aurait alors dû trouver des compromis pour mener son action ou multiplier le recours au quarante-neuvième article de la constitution, accélérant ainsi sa chute. Cette séparation aurait été la simple traduction politique d’un clivage très ancré au sein des partis de gauche le séparant en deux camps, les tenants du libéralisme économique d’un côté, composant une forte partie du Parti Socialiste et les antilibéraux progressistes, plus présents dans les autres partis de gauche. Sur cette base antilibérale de progrès, la gauche unie aurait pu présenter un programme commun pour 2017, loin des sectarismes qui empoisonnent l’ambiance actuelle. Le programme commun aurait réuni communistes, écologistes et socialistes dans un objectif politique amenant notamment à restructurer la gauche autour de ce qui l’a toujours fait gagner, l’unité. Au lieu de cela, nous sommes divisés alors que les convergences programmatiques sont nombreuses. Voilà où nous a mené la stratégie qui privilégie les postes aux idées et à la défense de notre camp social. L’extrême droite est aux portes du pouvoir et nous gaspillons notre énergie dans un combat fratricide.

Nous actons donc d’une responsabilité collective et formulons notre désir de nous recentrer sur un militantisme de transformation sociale. Nous sommes des militants engagés dans la continuité de notre action de terrain et nous le resterons. Localement, nous soutiendrons des candidats divers mais en rupture avec le quinquennat qui se termine et qui expriment la volonté de rassembler la gauche sans les libéraux. Nous souhaitons construire, à notre niveau, un espace sain qui promeut la convergence des forces de gauche et qui accélère donc sa recomposition. Pour l’heure, nous n’avons pas prévu de rejoindre un parti politique. Nous garderons notre liberté jusqu’au moment où la gauche aura réussi à produire une organisation politique cohérente et dynamique. C’est donc déterminés et enthousiastes, résolument socialistes et sans sectarisme, que nous nous engageons dans cette aventure. A bientôt camarades, le moment venu, les forces de bonne volonté se retrouvent toujours.

Premiers signataires

Sophie Autissier, présidente de la fédération départementale de la Seine-Saint-Denis du MJS, Aubervilliers ; Nicolas Lescaut, secrétaire général de la fédération départementale de la Seine Saint Denis du MJS, Bagnolet ; Guillaume Bancourt, trésorier de la fédération départementale de la Seine Saint Denis du MJS, Montfermeil ; Raphaël Perrin, ancien animateur de la fédération départementale de la Seine Saint Denis du MJS, Aubervilliers ; Thierry Aronica, Saint-Denis ; Médérick Bastart, Neuilly-sur-Marne ; Thomas Charron, Stains ; Antoine Chicha, Villetaneuse ; Souleymane Diallo, La Courneuve ; Julie Février, Les Lilas ; Lina-Estelle Lou, Aubervilliers ; Ken Iwasaki, Epinay-sur-Seine ; Adrien Jion, Aubervilliers ; Camille Meza, Rosny-sous-Bois ; Charlène Mercier, Aulnay-sous-Bois ; Amazigh Mehdi Adjal, Aubervilliers ; Bilel Mir, Saint-Denis ; Anthony Plond, Sevran ; Johan Richer, Saint-Denis ; Zahoua Sahia, Neuilly-Plaisance ; Geneviève Seide, Saint-Denis ; Franck Sembin Apou, Noisy-le-Sec ; Karim Senouri, Aubervilliers ; Kaoutar Tiri, Sevran ; Abdoulay Thiam, La Courneuve ; Sarah Woribi, Tremblay-en-France


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