Comment Benoît Hamon a rompu le pacte de non-agression avec Jean-Luc Mélenchon

vendredi 31 mars 2017.
 

Le candidat PS est en telle difficulté que l’hypothèse d’un retrait en faveur du leader de la France insoumise est évoquée dans les deux camps.

"J’ai envie de dire à Benoît, calme-toi, prends une bonne petite tisane". Sur RTL ce lundi 27 mars, Alexis Corbières, porte-parole de Jean-Luc Mélenchon, a réagi aux diverses piques adressées par Benoît Hamon au candidat de la France insoumise (vidéo ci-dessus).

En difficulté dans les sondages et dénonçant les "trahisons" de son propre camp, celui qui veut faire "battre le cœur de la France" voit les difficultés s’accumuler. A tel point que la tentation est grande d’attaquer frontalement celui qui le double sur sa gauche, alors que les deux camps avaient convenu jusqu’à présent d’un pacte de non-agression.

Dès son meeting à Bercy samedi 19 mars, censé donner un second souffle à sa campagne, le vainqueur de la primaire de la gauche ne s’était pas privé de critiquer l’ego de Jean-Luc Mélenchon, incompatible à ses yeux avec le projet de VIe République défendu la veille. "Je sais que certains disent ’la gauche, c’est moi’, cédant encore un peu plus à la Ve République, moi je dis ’la gauche, c’est tout ce que je suis, la gauche c’est ma vie’", avait-il lancé.

La "fascination" de Mélenchon pour Poutine

L’international, voilà l’autre axe choisi par Benoît Hamon pour cibler son adversaire. Lors du "Grand Débat" sur TF1, l’ex-ministre de l’Éducation avait contredit le candidat de la France insoumise qui avait soumis l’idée de "rediscuter" les frontières, notamment entre la Crimée et la Russie. "Il n’est pas acceptable de la part de Poutine d’avoir annexé un territoire qui est celui d’un autre Etat souverain", avait rétorqué Benoît Hamon.

Assez remonté au 20 Heures de France 2 dimanche soir, le député des Yvelines a remis une pièce dans machine. "Trois candidats à l’élection présidentielle, M. Fillon, M. Mélenchon et Mme Le Pen expriment de la fascination pour M. Poutine qui vient d’arrêter 700 opposants", a tancé Benoît Hamon, faisant d’une pierre trois coups.

Une énième attaque à laquelle le camp Mélenchon s’est empressé de répondre."En quoi Jean-Luc Mélenchon est-il fasciné par Vladimir Poutine ? On a toujours dénoncé ce régime, qui est une oligarchie", a rétorqué Alexis Corbières sur RTL, raillant la passe délicate que traverse l’ex-ministre de l’Éducation. Le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon l’a donc invité à changer de cible : "Fais ta campagne et de grâce respecte l’accord que nous avions : pas de coups sous la ceinture".

L’hypothèse d’un retrait évoqué dans les deux camps

Ces échanges d’amabilités interviennent alors que plusieurs militants de gauche ont exprimé samedi leur désir de voir s’unir les deux candidats. Un désir qui a peu de chance d’aboutir si on se fie à la nouvelle petite musique qui se fait entendre depuis quelques jours : un retrait de Benoît Hamon au profit de Jean-Luc Mélenchon. Sur le plateau de "Questions politiques" dimanche, Vincent Peillon n’a pas exclu cette hypothèse, se contentant de dire que le "rassemblement" devrait "naturellement s’imposer". Une ouverture qui n’est passée inaperçue dans le camp des Insoumis.

"C’était intéressant (...), parce que Vincent Peillon répondait à une question très précise, de savoir si Benoît Hamon devait envisager de se retirer pour se ranger derrière Jean-Luc Mélenchon", a fait remarquer Raquel Garrido, porte-parole de l’eurodéputé. "Je note que la question qui se pose, se pose dans ce sens là", poursuit-elle, en référence aux appels au retrait de son candidat au lendemain de la victoire de Benoît Hamon à la primaire de la gauche.

"Je ne suis pas obsédé par Jean-Luc Mélenchon, il est faible sur les questions européennes et internationales", assure Benoît Hamon, dans des propos rapportés ce lundi 27 mars par Le Figaro.

Mais même s’il a promis dimanche soir d’aller "jusqu’au bout", l’hypothèse d’un retrait affaiblit davantage sa candidature, consistant pour le moment à sacrifier l’aile droite du PS sans pour autant attirer l’électorat de Jean-Luc Mélenchon.

À l’image d’un François Fillon contraint de justifier chaque jour sa participation au scrutin, Benoît Hamon est réduit à s’en remettre à sa victoire à la primaire. "On m’annoncerait même la semaine prochaine une mise à mort avec le ralliement de Manuel Valls à la candidature d’Emmanuel Macron (...) C’est oublier une chose, ce ne sont pas eux qui m’ont donné vie, c’est un vote populaire", a-t-il fait valoir sur le plateau du 20 Heures de France 2.


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