Quelques bonnes raisons de voter pour Jean-Luc Mélenchon les 23 avril et 7 mai 2017

mardi 18 avril 2017.
 

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J’ai vu Jean-Luc Mélenchon, alors sénateur socialiste, se démener pour que nos frères d’Amérique latine échappent à l’autorité ruineuse des USA. Nos médias le lui reprochent encore en caricaturant ses positions.

Je l’ai vu dire que notre armée ne doit pas aller massacrer des pays du tiers monde, ce qui surprend et indigne le PS.

Je l’ai entendu affirmer que la Russie n’est pas un pays ennemi de la France et qu’il faut discuter avec elle dans un respect mutuel, ce qui fait dire au candidat (officiel) du PS que « Mélenchon est fasciné par Poutine ».

Je l’ai entendu dire que la politique extérieure des Etats-Unis constitue un vrai danger, qu’il faut sortir de l’OTAN.

J’ai participé avec lui et André Chassaigne en 2011, dans un théâtre de Bordeaux, à un meeting « Contre le capitalisme vert, unir l’écologie et la justice sociale » où chacun de nous était plus attaché à l’écologie que le total des écolos qui se sont bousculés pour être ministres de Hollande.

Je l’ai entendu dix fois dire que l’Europe doit changer si elle veut que la France y reste.

J’ai lu son projet de sixième République qui mettra fin à l’élection publicitaire d’un monarque élyséen.

Je l’ai vu défendre dans la rue les syndicalistes sanctionnés et soutenir les ouvriers, revendiquer pour les droits des femmes, pour les handicapés…

Je l’ai vu, assailli de sarcasmes, de viles attaques.

J’ai vu les bassesses dans le choix des photos de lui qui visent « à créer un effet de peur chez le passant » comme les portraits de l’Affiche rouge.

Je l’ai vu sous la pluie des éléments de langage : « candidat autoproclamé », « égo surdimensionné », « gourou », « mitterrandolâtre », « hargneux », « bougon », « coléreux » qui « s’en prend à… » et qui « éructe ».

Je l’ai vu mener mille combats dont la plupart le desservaient électoralement et qui sauvent l’honneur de la classe politique.

Et nous avons tous assisté à son procès permanent dont se délectent les médias (depuis qu’il a quitté le PS) et les gogos qui ignorent qu’ils fondent leur opinion sur les informations livrées par les médias des banquiers, des industriels, des marchands d’armes. « Les idées dominantes d’une époque n’ont jamais été que les idées de la classe dominante » (Karl Marx, Friedrich Engels).

Ah ! Malcom X : « Si vous ne faites pas attention aux médias, ils vous feront détester l’opprimé et aimer l’oppresseur » ! Justement Jean-Luc Mélenchon est l’homme qui dit dans les médias ce que sont les médias (et cela ne lui sera pas pardonné). Qui d’autre le fait ?

On se tire une balle dans le pied ? Par quel néfaste miracle, en ce pays, les petits, les obscurs, les sans-grades (« Nous qui marchions fourbus, blessés, crottés, malades, – Sans espoir de duchés ni de dotation ». Edmond Rostand, L’Aiglon), les chômeurs, les vieux ouvriers maintenus au travail quand l’âge est là, les femmes sous-payées, les jeunes sans avenir, tous ceux pour qui la vie est plus dure que celle de leurs parents, les petits commerçants écrasés par les grandes surfaces, les paysans qui travaillent à perte, tous ceux qui désespèrent d’acheter un appartement, d’avoir un jour une retraite, les professeurs au pouvoir d’achat en chute libre depuis 25 ans, tous les fonctionnaires, indispensables et méprisés et dont le statut est menacé, tous ceux-là, qui sont l’écrasante majorité des Français, par quel mystère votent-ils si nombreux pour les prédateurs ou leurs complices matois, luxueusement costumés, badigeonnés en vert ou en rose ? Ou en bleu-blanc-rouge sur du vert-de-gris ?

La vérité est que les médias pèsent insidieusement sur les élections. Je connais (vous connaissez) des villages ou des quartiers sans immigrés, sans pic local de chômage, sans incivilité, sans militants du FN, où le FN recueille plus d’un quart des suffrages sur des noms d’inconnus qui n’ont jamais organisé une réunion ou collé une affiche.

La vérité aussi est que les électeurs ont besoin d’un projet visible qui annonce enfin la rupture avec les solfériniens hollandistes et vallssistes, lesquels n’ont rien de socialistes et qui ne peuvent être absous de leur trahison par la froide raison mathématique des reports de voix qui fait élire des candidats de gauche (pas toujours. Je le précise pour mes amis du PCF).

LA question que devraient se poser les « toutourienistes » est la suivante : Jean-Luc Mélenchon porte-t-il un programme rassembleur, acceptable par toute la gauche et, au-delà d’elle par le peuple tout entier (sauf la bande du CAC 40) ?

Portrait du candidat idéal Il le faudrait immaculé. Dans ce cas, on lui reprochera son manque d’expérience, de stature internationale (a-t-il rencontré Trump, Merkel ?).

Il le faudrait assez âgé, avec l’épaisseur nécessaire à la charge. Mais attention, il convient aussi que, dans son passé, il ait accompli un sans-faute, que nulle part dans un de ses articles, une de ses déclarations, un de ses votes, on ne puisse trouver matière à heurter la pureté. On exigera de lui des décennies d’infaillibilité, vertu dont sont désormais exemptés le pape et (restons sur le sujet) tous ceux dont les médias nous suggèrent qu’ils feraient mieux l’affaire que Jean-Luc Mélenchon, ainsi que tous ceux qui approuvent les médias qui disent ça.

C’est l’apanage des puceaux de n’avoir jamais mal fait l’amour et quiconque a un jour élevé des enfants, participé à la gestion d’une association, d’une commune, d’un pays, s’est exposé à l’erreur, à la faute, au compromis, voire à la compromission.

La France insoumise Il serait temps que la France se souvienne qu’elle émerveilla le monde au siècle des Lumières, en 1789, en 1936, pendant la Résistance, en 1968, en 2005 en rejetant le Traité constitutionnel européen.

En 2012, elle a raté son nouveau rendez-vous avec l’Histoire. Il est probable que les peuples d’Europe, asservis par la puissance de l’argent, attendent un signal français qui ne serait pas la ruée du « parti de la trouille » vers les urnes pour y lâcher avec dégoût un bulletin de vote contre le FN, puisque le choix ne serait pas donné de voter « pour » un projet avec quelque chance de le voir s’imposer.

Une dynamique de campagne Mais voici qu’en ce début d’avril 2017, un souffle nouveau décoiffe les médias. Il s’appelle « dynamique de campagne » de Jean-Luc Mélenchon (sur fond d’effondrement du candidat officiel du PS). Les salles de ses meetings sont trop petites, ses passages à la télé séduisent les téléspectateurs, les sondages sont prometteurs (bien que « retravaillés » pour réduire les progressions ? ) et il est devenu la personnalité politique préférée des Français, avec 51 % d’opinions positives, loin devant Emmanuel Macron à 44 %.

Le piège du vote utile se retourne contre ses instigateurs, il n’est plus évident que nous devrons opter pour « le moins pire ». Un choix de coeur et de conviction devient possible.

Du coup, la frange du PS qui n’a pas filé chez un banquier fait ministre de Valls par Hollande, s’émeut du ramollissement d’une des mâchoires de la tenaille à voter comme hier (au menu : PS ou FN). Elle se réunit en urgence. Les rites sacrificiels exigent de disposer d’une victime encore en vie.

Dans Le Figaro du 6 avril 2017, Thomas Guénolé (maître de conférences à Sciences Po et docteur en Science politique) avance ICI que « Si Hamon se désiste, Mélenchon est au second tour » (il y sera sans doute sans ça). D’après lui, Valls a pour projet de créer un grand bloc central d’union du centre-droit, du centre et du centre-gauche qui va « nécessairement éliminer systématiquement les députés frondeurs du PS ». Mais, affirme Guénolé, si Hamon se désiste en faveur de Mélenchon, il peut espérer avec la France Insoumise une répartition des investitures pour les législatives qui, basée sur les intentions de vote d’aujourd’hui, réserverait 40 % des circonscriptions au courant qu’il représente.

Pour conclure : ne pas voter le 23 avril pour un projet conçu pour le peuple, c’est accepter de voter le 7 mai pour un des programmes conçus contre lui. « Si tu n’entres pas dans l’isoloir avec tes convictions, ne t’étonne pas de ne pas les retrouver dans les urnes », dit Jean-Luc Mélenchon (je cite de mémoire).

Maxime Vivas (Ecrivain non encarté).


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