2017 : Printemps civique et exaspération oligarchique

mercredi 19 avril 2017.
 

Désormais bien avancé, le dernier mois de la campagne présidentielle confirme avec force une analyse déjà répétée dans ces colonnes depuis plusieurs mois : personne ne sait qui sera au second tour de l’élection. Ils ne sont pas deux à pouvoir y accéder, ni même trois comme les médias ont souvent construit le récit des précédentes campagnes présidentielles, mais quatre. Et la thèse sondagière selon laquelle Macron et Le Pen seraient un peu mieux placés que les deux autres ne repose plus sur aucune réalité matérielle. D’autant que c’est Jean-Luc Mélenchon qui enregistre avec la France insoumise la plus forte dynamique, tant matérielle que sondagière et médiatique.

Pour se rassurer, certains commentateurs prétendent que c’était déjà le cas en 2012 dans les deux dernières semaines avant le vote. Ils oublient une différence de taille. En 2012, la présence au second tour des candidats des deux grands partis de la Ve République, François Hollande et Nicolas Sarkozy, était une évidence fortement installée. Depuis, la crise politique a fini de balayer toutes les évidences de ce régime, tant sur le poids des anciens présidents disqualifiés que sur le rôle des partis qui commencent à être dépassés par des mouvements citoyens plus ouverts et poreux avec la société elle-même.

Cette incertitude n’a rien d’inquiétant ni de dangereux. Elle correspond de toute façon à l’état de l’ordre géopolitique mondial et de l’ordre politique européen. Elle est donc très cohérente. Et elle profitera à ceux qui ont compris cette instabilité et sauront y répondre de manière pacifique et forte, comme l’a montré Jean-Luc Mélenchon en étant le seul à refuser clairement l’alignement guerrier de la France sur Trump.

L’incertitude du choix du 23 avril est même le signe d’une forme de printemps civique. Si le vote est incertain, c’est que la souveraineté populaire peut s’exercer. Le choix appartient au peuple en général, et à chaque citoyen en particulier dans le silence de sa conscience. Bien sûr l’oligarchie, à l’intérieur et à l’extérieur du pays, va essayer d’orienter et même de contraindre ce choix. Ils vont essayer de faire peur aux électeurs comme ils l’ont déjà fait en 2005. Mais pour le grand nombre, c’est désormais la continuité de la situation actuelle qui fait peur et pas la rupture ! Il existe une majorité qui n’a plus rien à perdre à la fin du système actuel. Ainsi la France pourrait bien être déjà entrée en révolution sans que les puissants s’en soient rendu compte à temps.


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