Emmanuel Macron, voiture-balai de la décomposition politique au service des milieux d’affaires...

mardi 25 avril 2017.
 

Plus nos concitoyens s’engageront dans les actuelles campagnes électorales pour orienter les débats autour des moyens d’améliorer leurs vies, plus s’éloigneront les risques aux conséquences inconnues que fait encourir la crise de régime. Des milliers de militants dans les quartiers, les villages et les entreprises le font déjà. Ils attendent d’indispensables renforts. L’heure est grave tant la loi de l’argent corrompt tout. Le moment est inquiétant avec « l’appel au peuple » des candidats de droite et d’extrême-droite contre les juges et les journalistes sans lesquels ne peut se concevoir de démocratie. On entre-aperçoit mieux aujourd’hui ce qui pourrait se passer s’ils étaient élus. Serait venu le temps des chasses aux sorcières et des restrictions de libertés.

Ce n’est pas une chimère ! Ce phénomène est d’ores et déjà à l’œuvre dans les pays gouvernés par MM. Trump, Poutine ou Erdogan. Dans certains pays européens, des présidents s’arrogent tous les pouvoirs « au nom du peuple », régentent les médias, purgent la justice, mettent à leur botte les Cours constitutionnelles, suppriment tous les organismes de contrôle indépendants, mettent leur parlement au pas et réduisent l’activité des partis politiques, à l’exception de celui qu’ils se sont taillés sur mesure.

Ces tendances trop sous-estimées s’invitent en France à pas de loup. Avant la désignation de M. Fillon, des candidats de droite ne proposaient-ils pas de gouverner durant l’été par ordonnance ? Pendant que se déroule l’actuel triste spectacle politicien, les institutions européennes et le Fonds monétaire international n’ont-ils pas imposé un nouveau programme de coupes sombres à la Grèce déjà exsangue ? Et la Commission européenne n’a-t-elle pas expédié ses fameuses recommandations sur la politique à mener durant le prochain quinquennat ? C’est la démocratie qu’on viole ! C’est la République qu’on poignarde ! Les puissances d’argent y ont intérêt pour imposer leur suprématie dans le monde post-démocratique qu’elles appellent de leurs vœux miné par les concurrences et les divisions, sous la permanente menace de tensions et de guerres. Les résultats des dernières élections régionales disaient déjà beaucoup du paysage en cours de maturation, avec, notamment, l’éjection de toutes les forces de gauche dans les assemblées de deux grandes régions de tradition progressiste, la montée de l’extrême droite sous l’effet des déceptions politiques, de la vie de plus en plus dure et de jeux politiciens inexcusables.

Dans ce paysage ravagé, la promotion de M. Macron, habillé en « homme providentiel », fait office de voiture balai de la décomposition politique au service des milieux d’affaires qui le portent avec une partie importante de la droite et ceux qui au pouvoir utilisent l’étiquette de gauche pour mener des politiques dictées à la bourse. Mission impossible avait estimé en son temps M. Delors, à portée de main pensent aujourd’hui ses héritiers, en phagocytant la gauche et en enterrant le Parti socialiste au profit d’un vague Parti démocrate.

Comment ne pas y voir un hold-up démocratique mené par la grâce d’un affaissement dramatique du débat public ? Sa candidature aux atours novateurs est celle d’une pédagogie efficace du renoncement à l’alternative transformatrice. Elle ne peut réussir qu’au prix de futures désillusions dont l’extrême-droite récoltera encore plus les fruits pourris.

La cinquième République agonise dans le chaos social et politique. Il est temps d’en finir avec ces institutions en voie de décomposition, au risque de laisser le pire en tirer parti. L’élection présidentielle comme les élections législatives sont l’occasion d’imposer dans le débat la nécessité d’une nouvelle République. Une première République sociale. C’est le sens de la marche initiée par J. L. Mélenchon à Paris le 18 mars prochain. Au regard de l’ampleur des poly-crises à l’œuvre, les rustines n’y suffiront pas. Il devient nécessaire et urgent d’engager un processus constituant tourné vers une nouvelle forme de contrat social et écologique.

Un tel processus n’a de chance d’aboutir que s’il est éminemment démocratique, si les citoyens eux-mêmes s’en emparent, aidés et stimulés par les forces politiques et sociales porteuses de progrès. Mettre en place un système proportionnel pour restaurer la confiance grâce à une plus juste représentativité des citoyens ; redonner au Parlement son rôle législatif et de canal de l’expression populaire ; reconsidérer le mandat électif pour éradiquer la lèpre de la corruption et contraindre les élus à adopter des comportements éthiques, telles seraient quelques-unes des ambitions de cette démarche constituante.

Les nouvelles institutions devraient permettre que se manifeste, en toute occasion et dans la transparence, la souveraineté populaire confrontée aux menées hégémoniques du capital. Deviendrait alors possible d’engager la République vers un contenu de progrès social et environnemental sans lequel elle reste vide d’une réelle substance démocratique. Sur ce terrain social, doublé de l’ambition écologique, se joue, dans toute sa profondeur, l’avenir de notre société. Cet enjeu, à lui seul, mérite tout notre engagement pour bousculer les rapports de forces avec le bulletin J. L. Mélenchon et celui des candidats du Front de gauche pour l’élection des députés.


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