FAILLITE DU LIBERALISME, MONTEE INEXORABLE DES POPULISMES

lundi 8 mai 2017.
 

Contrairement à ce que nombre de médias distillent régulièrement, l’électorat, le peuple, n’est pas prêt à acquiescer une ligne consensuelle telle que la représente, par exemple, le « gentil » Emmanuel Macron...

Certes comme un attrape tout, non sans opportunisme, une grande partie de la classe politique, des vétérans libéraux comme Madelin ,des ex gauchistes comme Cohn bendit, l’ont vite rejoint semblant créer un nouveau bloc politique « rénovateur » : « En marche ! »

Un dégoût généralisé.

Mais tout le monde le sait, la base, les simples citoyens, même Madame Michu ma concierge d’habitude si réservée, sont dégoûtés plus que jamais de ces élites interchangeables qui tiennent la scène médiatique depuis des décennies. Depuis assez longtemps déjà un mouvement populiste comme le Front National, n’ayant en réalité, pas plus que Monsieur Macron, de remède sérieux à la crise mortifère qui affecte toujours plus le système capitaliste, parade avec des formules faciles, cherche à passer pour un mouvement rénovateur face aux libéraux dont la pensée a fait faillite. Et c’est là le point essentiel. Le mot « système » est à présent galvaudé. Qu’entend-on par là ? Que ce soit du côté de Macron ou du côté de Le Pen ce n’est pas le système capitaliste pourtant à bout de souffle qui est remis en question. La candidate du Front National, en visite chez les ouvriers de Whirlpool, se garde bien de mettre en cause cette logique basée sur l’exploitation des individus, qui les condamne, inexorablement à la misère.

Mais le populisme n’est pas toujours de droite. Il peut être aussi de gauche, comme en Grèce avec Syriza ou en Espagne avec Podemos. En France, comme en Grèce ou ailleurs, la droite et la gauche traditionnelles se sont effondrées. Mélanchon représente ce nouveau populisme de gauche. L’émergence inattendue d’une gauche radicale, dans les urnes, mais surtout dans la rue, la consolidation de l’extrème droite, la mise en question de l’Union Européenne, sont autant de symptomes d’une critique toujours plus radicale du système capitaliste financier (1).

Soyons clair : les peuples épuisés, éreintés, exploités, veulent en découdre. Ils ne peuvent plus se contenter de promesses. A présent ils veulent que ça pête. Tout de suite. Le temps n’est plus au consensus,(2), aux badauds admiratifs devant les prétendus élites, les grands de ce monde qui se gobergent. Les tensions sont trop accentuées. La tendance est au « dégagisme ».

La droite la plus bête du monde

La palme de l’absurdité et de l’irrationnel est bien sûr attribuée à la droite traditionnelle française, connue sous le vocable « Les Républicains ». On n’est pas près d’oublier dans les chaumières cette honte, l’adoubement pour l’élection présidentielle d’un moralisateur lui-même rapidement mis en accusation par la justice pour malversations. Le règlement de compte qui suivit sa déroute électorale tourna au vaudeville. Haro sur le baudet ! Mais, contrairement à ce que beaucoup pensent, ce n’est pas à cause d’un maladroit ou d’un corrompu qu’elle finit aujourd’hui en débandade. N’oublions pas que, comme la gauche traditionnelle, elle n’a rien à proposer d’autre qu’une politique libérale rétrograde, sans perspectives, faite d’austérité et de coercition pour le plus grand nombre, permettant seulement à une minorité de préserver sa galette. Que faire d’autre que se réfugier sur cette branche pourrie du libéralisme en attendant stoïquement que tout s’effondre ? Un des onze candidats à l’élection présidentielle, sur le plateau des débats, affirma que le système capitaliste financier allait s’écrouler plus vite qu’on pouvait l’imaginer. La réaction du candidat Fillon fut significative : il approuva les propos dudit candidat sans rien objecter. TINA certes. But no future. Restaient les élections législatives. « Une chance de se refaire » aurait dit Pasqua. Il est vrai que cette droite possède encore des réseaux locaux, des élus dans des structures régionales, locales. Mais que pèseront ces restes face à En Marche aux dents longues et au Front national ayant le vent en poupe ? Le show continue.

Le danger Front National

L’extrème-droite française qui a une histoire et des racines plongeant dans le régime du Maréchal Pétain, et qui fut donc au pouvoir de 1940 à 1944 – c’est toujours bon à répéter - a longtemps représenté le danger pour la liberté et la démocratie. Cette conception est reprise par les élites au pouvoir depuis la fin de la Guerre faisant oublier que précédemment la plus grande partie de ces élites avait approuvé la prise du pourvoir par le Maréchal Pétain

Mais la vision qu’en a aujourd’hui un nombre croissant d’électeurs a changé. Devant l’inanité et l’impuissance des partis et organisations de gauche, ou de droite, incapables de changer les choses, c’est à dire à susciter une rupture d’avec le libéralisme, le Front National, lui, a réussi le tour de force de passer pour un parti protestataire au service du Peuple euh de la Nation. Il a su se ripoliner, évoluant dans le sens d’un électorat devenant de plus en plus populaire, adoptant même le gaullisme tant honni par ses créateurs de 1972. Mais ce pragmatisme est justement la caractéristique des populistes fascistes, qui par la démagogie, les promesses les plus contradictoires, se rallient ainsi les foules.

Pendant longtemps ce danger a été nié par les politiciens qui ont cru en faire leur instrument, qu’ils soient de gauche ou de droite. Ils se contentaient de tancer le populo au nom du devoir civique, de la morale du « vote convenable » La rengaine apparait usée pour ceux qui souffrent : « Si vous ne votez pas pour nous vous aurez bien pire. »

ça eut payé…mais ça paie plus !

A présent rien à perdre : on veut casser la baraque.

Notez que nos fillonistes d’hier nous parlent certes aujourd’hui d’un vote anti-FN parce que l’autre candicdat est lui-même un ectoplasme libéral. Mais qu’en aurait-il été si à la place de Macron, il y avait eu un Mélanchon ? Aurait-on eu droit au même boniment anti fasciste appelant à voter pour le candidat de la France Insoumise ou au « ni-ni » habituel ?

L’Europe en question

Tout le monde sait qu’Emmanuel Macron, successeur de François Hollande n’a pas d’autre programme que la ligne européenne prônée par l’Allemagne. « Je veux une France qui rassure, tout comme une Europe dynamique. Je veux une Europe de la joie de vivre où tous ensemble, oui mes amis, tous ensemble, nous oserons le bonheur car c’est bien là notre projet le plus sincère ». Facile de parler Macron…

Mais, plus sérieusement, Brexit mis à part, l’Europe est en crise et ce sujet est totalement ignoré de nos politiciens (sauf Monsieur Asselineau qui ne parle que de ça), et particulièrement par un libéral français comme Monsieur Macron. L’enjeu est actuellement de parvenir, entre autres choses, à une union fiscale. Mais l’Allemagne s’inquiète surtout de la dette et de la politique de la BCE qu’elle n’a jamais vraiment approuvé. On est en fin de cycle et des décisions institutionnelles s’imposent. Macron a-t-il réfléchi à ces questions ? On peut en douter. La facilité pour lui est de se ranger, comme ses prédécesseurs, dans l’ombre de Madame Merkel. On peut quand même lui rappeler, s’il l’oubliait, qu’il vit dans un pays où 50% de la population rejette le capitalisme, et où, dans les mêmes proportions, l’Union Européenne, telle qu’elle est, est détestée. On a du mal à imaginer Smiley avec un projet alternatif discutant fermement le bout de gras, prêt à taper de son (petit) poing sur la table !

Ni la peste ni le choléra

Vous vous rappelez sans doute de ces votes ou de ces élections imperdables. Voir ensuite la tronche de nos journalistes et des hommes politiques « bien pensants » avaient fini par nous faire rire même si les inconséquences, l’irresponsabilité de nos dirigeants risquent bien de nous emmener vers la tragédie du totalitarisme.

Actuellement tout le monde – entendez : tous les médias – s’accorde à dire que Monsieur Macron va être élu les doigts dans le nez. On dit qu’il a déjà fêté sa victoire dans une grande brasserie parisienne.

Reste que la tortue se démène, reste réactive, sait insuffler le doute, la méfiance envers le libéral gentillet, trop sûr de lui dans son trop beau costard, prêt à laisser lourder autant de salariés que les entrepreneurs capitalistes le voudront. « Sinon, ils partiront à l’étranger » justifie notre défenseur du libéralisme. Quelle intelligence !

Un courant est en train de passer dans l’opinion surtout dans la jeunesse, qui se répand même dans la rue : « Ni Macron, ni Le Pen »….

Un parti a le vent en poupe : l’abstention.

Ce n’est pas les élections législatives qui seront le prochain épisode le plus important mais plutôt le nombre et l’intensité des manifestations à venir.

Qui c’est, finalement, qui va prendre un râteau ?

NOTES

(1) Capitalisme financier : il représente le stade actuel du capitalisme incapable de se régénérer.

(2) Bien des ouvrages ont été récemment publiés concernant le ou les populismes. Mais je recommande L’illusion du consensus de Chantal Mouffe (2016, Albin Michel) qui explique pourquoi le consensus est devenu aujourd’hui, en politique, une illusion.


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