L’hiver du rossignol (Nérée Beauchemin)

dimanche 7 mai 2017.
 

Sur les toits la grêle crépite.

Il neige, il pleut, en même temps :

Premières larmes du printemps,

Derniers pleurs de l’hiver en fuite.

*

Parmi les longs cris qu’en son vol

La première corneille jette,

J’entends une note inquiète ;

Est-ce la voix du rossignol ?

*

D’où vient cette roulade ailée

Dont la bise coupe le fil

Ce doux chanteur, pourquoi vient-il

Affronter cette giboulée ?

*

Est-ce le trémulant sifflet,

Le fifre aigu de la linote ?

Est-ce la double ou triple note

Du bouvreuil ou du roitelet ?

*

Il neige, il pleut, il grêle, il vente.

Mais, soudain, voici le soleil,

Le soleil d’un temps sans pareil.

Chante, oh ! chante, rossignol, chante !

*

Il neige, il vente, il grêle, il pleut.

Chante ! C’est l’air que rossignole

Ton cœur, ton joli cœur qui vole,

Qui d’un ciel gris, fait un ciel bleu.

*

Que ta musique, en fines perles,

Change ce brouillard éclatant.

Ah ! pourrait-il en faire autant

Le trille aigu de tous les merles ?

*

Il pleut, il neige, c’est en vain

Que le merle siffle à tue-tête.

Pour que tout l’azur soit en fête,

Chante, chante, chanteur divin !

*

Chante sur la plus haute branche,

Comme l’oiseau de la chanson.

Chante sous le dernier frisson

De la dernière neige blanche.

*

À pleine gorge, fais vibrer,

Rossignoler ta fine lyre,

Ô toi dont le cœur est à rire,

Pour les cœurs qui sont à pleurer

Nérée Beauchemin, Patrie Intime


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