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En te voyant toute mignonne,
Blanche dans ta robe d’azur,
Je pensais à quelque madone
Drapée en un pan de ciel pur ;
*
Je songeais à ces belles saintes
Que l’on voyait, du temps jadis,
Sourire sur les vitres peintes,
Montrant du doigt le paradis ;
*
Et j’aurais voulu, loin du monde
Qui passait frivole entre nous,
Dans quelque retraite profonde,
T’adorer seul à deux genoux…
*
* *
Soudain, un caprice bizarre
Change la scène et le décor,
Et mon esprit au loin s’égare
Sur de grands prés d’azur et d’or,
*
Où, près de ruisseaux minuscules,
Gazouillants comme des oiseaux,
Se poursuivent les libellules,
Ces fleurs vivantes des roseaux.
*
– Enfant, n’es-tu pas l’une d’elles
Qui me suit pour me consoler ?
Vainement tu caches tes ailes :
Tu marches, mais tu sais voler.
*
Petite fée au bleu corsage,
Que je connus dès mon berceau,
En revoyant ton doux visage,
Je pense aux joncs de mon ruisseau !
*
Veux-tu qu’en amoureux fidèles
Nous retournions dans ces prés verts ?
Libellule, reprends tes ailes,
Moi, je brûlerai tous mes vers ;
*
Et nous irons, sous la lumière
D’un ciel plus frais et plus léger,
Chacun dans sa forme première,
Moi courir, et toi voltiger.
François Fabié, Fleurs de genêts
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