Groupe France insoumise : Un collectif autour de l’Avenir en commun

samedi 8 juillet 2017.
 

Entretien avec Bastien Lachaud, député insoumis de Seine-Saint-Denis

Peux-tu te présenter et rappeler ton parcours politique ?

J’ai 36 ans, je suis professeur d’histoire. J’ai commencé par militer dans le syndicalisme étudiant et été vice-président étudiant de l’université Paris-I. J’ai par ailleurs milité à l’aile gauche du PS, avant de participer à la création du PG en 2008 avec Jean-Luc Mélenchon, puis de contribuer à animer le parti en tant que secrétaire national au programme. Militant pour la 6ème République au M6R, je me suis ensuite engagé dans l’aventure de la France insoumise, dès février 2016, et j’ai pris en charge les événements de la campagne présidentielle : réunions publiques, grandes marches, meetings (avec ou sans hologrammes…). Et puis, une fois la présidentielle achevée, j’ai dirigé la campagne des législatives.

Quel est, selon toi, le bilan de la campagne présidentielle, que tu as suivie de l’intérieur ?

Nous avions un objectif : fédérer le peuple autour du projet de la révolution citoyenne, et de son programme. Un programme qui – il faut le préciser – est très sérieux, chiffré, réaliste, détaillé dans L’Avenir en commun mais aussi dans la quarantaine de livrets programmatiques qui ont été élaborés par des groupes de travail. Au-delà du très beau score de Jean-Luc Mélenchon, c’est ce programme qui est le grand acquis de la présidentielle. C’est une base, un outil politique précieux. C’est parce que nos candidats portaient ce programme, dans le cadre d’une campagne nationale, que nous avons percé, dans tant de circonscriptions, lors des dernières législatives, ce qui nous a permis de nous affirmer comme principale force d’opposition sociale et écologique face au pouvoir d’Emmanuel Macron.

Tu étais toi-même candidat dans la 6e circonscription de Seine-Saint-Denis (Aubervilliers). Comment s’est passée ta campagne ?

C’était une campagne très courte, puisque nous n’avions que cinq semaines. En outre, il fallait affronter des poids lourds : l’ancienne ministre socialiste Elisabeth Guigou, députée sortante ; Patrick Le Hyaric, présenté par le Parti communiste ; et le responsable départemental de La République en Marche. Nous avons organisé notre campagne dans la continuité de la présidentielle, tant sur le fond bien sûr, mais aussi sur la forme. C’est ce qui nous a permis de passer le premier tour. Mais c’est à ce moment là qu’a commencé la séquence la plus intense de la campagne. Nous nous sommes engagés dans un travail de fond dans les quartiers populaires, pour mobiliser les abstentionnistes (près de 60% sur la circonscription). C’était une véritable offensive politique : nous avons organisé une caravane des droits, et rencontré ainsi quantité de jeunes qui ont eu envie de s’engager dans la campagne, qui nous ont guidé dans leurs quartiers. Dans l’entre-deux-tours, nous avons tenu des permanences de 11 heures à 1 heure du matin dans les quartiers populaires, et touché ainsi des gens que nous n’avions jamais vu. Pari gagné : c’est en allant convaincre ces nouveaux électeurs (il y a eu 20 à 30% de nouveaux votants d’un tour à l’autre) que nous avons réussi à l’emporter, avec 55% des voix.

Autour de quelles propositions as-tu mené campagne ?

Autour du projet politique et social global que propose L’Avenir en commun ! Mais, évidemment, certaines propositions avaient une résonance toute particulière dans la circonscription. Il faut savoir qu’Aubervilliers est la sixième ville la plus pauvre de France : 40% des habitants vivent en-dessous du seuil de pauvreté, et l’habitat y est souvent très dégradé, voire insalubre. Nos propositions en matière de logement, de gestion publique de l’eau, et bien sûr la « garantie dignité » que nous réclamons pour éradiquer la pauvreté intéressaient donc beaucoup les électeurs que nous rencontrions. Je crois aussi que les gens ont beaucoup apprécié mon engagement à ne pas cumuler les mandats, à organiser régulièrement des ateliers des lois pour associer les électeurs au travail législatif. Bref, à être un député différent, qui s’engage à être révocable et à appliquer les préconisations de la 6e République.

Le groupe parlementaire de la France insoumise vient de se constituer. Quel sera son rôle ?

Clairement, nous serons un groupe d’opposition. Un des seuls groupes à ne pas voter collectivement la confiance au gouvernement Philippe. Nous nous opposerons, lors de la session extraordinaire qui vient, à la destruction du code du travail, à la banalisation de l’État d’urgence, à la mise en œuvre du CETA. Et, plus généralement, nous porterons les principes et les propositions de L’Avenir en commun. L’existence du groupe parlementaire nous offre une visibilité, du temps de parole, et des moyens pour travailler en profondeur les textes, pour amender, pour élaborer des contre-propositions. Tout cela pour promouvoir une alternative écologique, sociale et progressiste.

Au sein du groupe, quelle place comptes-tu occuper ? Y a-t-il des sujets auxquels tu comptes te consacrer plus particulièrement ?

Contrairement à d’autres groupes, nous ne serons pas une collection d’individualités, mais un collectif politique uni qui agira en commun au service d’un projet global. Nous serons ainsi plus efficaces et cohérents politiquement. C’était le sens de la charte de la France insoumise et nous le respecterons. Dans toutes nos actions, nous aurons L’avenir en commun en tête. Sur un plan plus personnel, il se trouve que j’ai rédigé le livret programmatique consacré à l’espace. Je compte donc bien suivre la question en intégrant le groupe parlementaire sur l’Espace. Mais ce n’est qu’un dossier parmi tant d’autres : je m’investirai dans les domaines où je peux être utile.

Propos recueillis par Antoine Prat


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