Retraites. L’autre réforme explosive de Macron

jeudi 13 juillet 2017.
 

Après la casse du Code du travail, Emmanuel Macron ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Le « chantier » des retraites occupera une bonne partie de l’année prochaine. Comme l’affirme l’économiste Thomas Porcher sur Twitter, Macron compte bien imposer une baisse drastique des pensions, en suivant pour cela le modèle suédois.

Après avoir annoncé par tweet la fin des cotisations sociales, ce qui en définitive signe la mort de la Sécu, Edouard Philippe a annoncé ce lundi que la réforme des retraites serait le « gros morceau » social de l’année 2018. Une réforme qui consiste à créer un régime universel par points ou en « compte notionnel », comme envisagé par Emmanuel Macron pendant sa campagne. Et si c’était le régime suédois que Macron nous préparait ? Premier aperçu

Dans un article sur le modèle suédois Slate.fr écrivait : "Liz-Beth Wendel est, en quelques mois, devenue une vraie célébrité en Suède. A l’automne dernier, cette Suédoise de 65 ans a découvert qu’elle toucherait, retraites de base et complémentaire confondues, quelque 9.500 couronnes par mois après impôts (environ 1.100 euros, quand le revenu moyen en Suède s’élève à un peu moins de 15.000 couronnes par mois, 1.690 euros) si elle partait immédiatement à la retraite, près de 50% de moins que ce qu’elle gagne en activité. Et ce, alors qu’elle a cotisé plus de 50 ans, ayant commencé à travailler à 14 ! De quoi attiser la colère de cette ancienne aide-soignante mère de trois enfants, devenue assistante maternelle puis travailleuse sociale."

Comment fonctionne le régime actuel ?

Pour le moment, malgré la casse progressive et continuelle des retraites, le régime actuel garantit, sous réserve d’avoir cotisé un nombre d’années suffisant, notamment à un fonctionnaire, une retraite égale à 75 % de son dernier revenu. Le même principe vaut pour le salarié du privé, même si la façon de calculer les droits change. Théoriquement, ce système est dit à « prestations définies », où le niveau des retraites est garanti a priori. Ce régime est financé par des cotisations qui sont prélevées sur le salaire brut et acquittées par l’employeur. Comme tout système par répartition, les cotisations des actifs paient les pensions des retraités, dans une logique de solidarité intergénérationnelle.

Durant plus de 30 ans, les gouvernements de gauche comme de droite n’ont cessé de vouloir remettre en cause ce système de retraite, acquis de hautes luttes à l’après-guerre. De multiples contre-réformes ont réussi en partie à briser les régimes comme celle de Balladur en 1993, celle de Fillon en 2003 ou celle de Sarkozy en 2010. Ces réformes ont modifié les termes du contrat intergénérationnel, avec notamment l’allongement des durées de cotisation, l’allongement de la période sur laquelle est calculée la pension, la modification de la valeur des points de retraite complémentaire, ou encore l’imposition des pensions de retraite à la CSG, sans compter le chômage de masse qui impose les pré-retraites et les retraites partielles.

Vers une retraite par point ou en « compte notionnel »

« Un euro cotisé donne lieu aux mêmes droits pour tous. » Tel était le discours pseudo égalitaire de Macron en campagne. C’est donc par un système par points ou « comptes notionnels » que Macron compte réécrire l’intégralité du système de retraite actuel. C’est donc sur la base des régimes complémentaires déjà calculé en points que Macron compte instaurer un nouveau régime unique, avec pour objectif d’y fondre celui des fonctionnaires et les régimes spéciaux. Dans ce système, un actif cotise et accumule chaque année des points. Au moment de partir à la retraite, ce nombre total de point est converti en pension qui est alors calculée en fonction d’une « valeur du point » par exemple, 1 point = 1,25 euro.

De par ses déclarations, Macron a indiqué son penchant pour les « comptes notionnels », notamment en appelant de ses vœux « l’inscription des droits dans un compte individuel » en référence à la Suède qui a adopté ce régime. Dans un régime notionnel, le capital virtuel cumulé par chacun est transformé en rente au moment de la retraite, selon un taux de conversion propre à chaque génération et qui dépend de son espérance de vie. C’est dès lors au régime de s’ajuster automatiquement pour être à l’équilibre financier en fonction de l’espérance de vie. Ainsi, plus l’espérance de vie augmente, plus la valeur du point baisse, impliquant la baisse directe des pensions.

Thomas Porcher


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