Budget : Le gouvernement du 1%

mardi 25 juillet 2017.
 

Après une semaine de dramatisation de l’enjeu budgétaire, Edouard Philippe a explicité le calendrier d’application des principales mesures fiscales du quinquennat. Après l’annonce de sacrifices (gel du point d’indice, fin du jour de carence) et d’économies budgétaires pour 25 milliards d’euros en 2017 et 2018, on aurait pu penser que les cadeaux pour les plus riches seraient décalés.

Ces cadeaux auraient pu venir à un moment où la fameuse « contrainte budgétaire » soit moins prégnante et les engagements bruxellois moins difficiles à tenir. Il n’en est rien, pour les plus riches les cadeaux arriveront tout de suite : le Projet de Loi de Finances 2018 inclura la réforme de l’ISF et la modification de la taxation des revenus du capital.

D’une part, le gouvernement compte transformer l’ISF en un impôt sur la fortune immobilière – qui restera taxée à son niveau actuel. Ainsi, la richesse financière des plus riches échappera au nouvel impôt. D’autre part, le gouvernement souhaite créer un Prélèvement Forfaitaire Unique (PFU) sur les revenus du capital. Le taux du PFU serait de 30 % et se substituerait aux prélèvements sociaux et à l’impôt sur le revenu (IR). Pour les contribuables de la première tranche de l’IR cette mesure ne changera rien (14 % d’IR et 15,5 % de prélèvements sociaux dans le système actuel). Cette mesure vise uniquement à sortir de la taxation au barème les plus hauts revenus du capital, qui eux seront les gagnants à l’échange. Ironie de l’histoire, les revenus du capital plus élevés seront préservés de la hausse annoncée de la CSG grâce au PFU.

Ces deux mesures coûteront à l’État plus de 6,5 milliards d’euros – plus que le total des économies de dépenses publiques prévues pour la seule année 2017. Entre les services publics et l’oligarchie, Emmanuel Macron et Edouard Phillipe ont choisi. Le « souffle fiscal » octroyé par le gouvernement ira essentiellement aux plus riches. L’OFCE quantifie que 46% des fonds mobilisés par le gouvernement iraient au 10 % des français les plus riches. L’étude prévient que si elle avait eu accès à des données plus fines, il serait constaté que les mesures fiscales sont concentrées dans le 1% supérieur. Après Sarkozy et les cadeaux de Hollande au MEDEF, un nouveau « président des riches » a pris la relève pour servir l’oligarchie.

Raul S. Alquier


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