Le gouvernement charge le Medef de réformer le Code du travail

samedi 19 août 2017.
 

Tribune libre de Didier Gélot, économiste, membre de la Fondation Copernic.

S’il fallait une nouvelle preuve de l’état d’esprit dans lequel le gouvernement d’Emmanuel Macron aborde la première partie de son quinquennat, nous l’avons eu avec la nomination du directeur de cabinet de Muriel Pénicaud. En effet, la réforme du Code du travail, présentée comme la mesure emblématique de ce début de quinquennat, vient d’être confiée à M. Antoine Foucher, tout juste nommé directeur de cabinet de la ministre du Travail.

Antoine Foucher n’est pas vraiment le symbole d’une nouvelle génération d’hommes politiques qui auraient choisi de n’être «  ni de droite ni de gauche  ». Âgé de 36 ans, il dispose déjà d’un CV particulièrement bien rempli au service du patronat. Après des études en philosophie et en sciences politiques, il rejoint en 2011 le cabinet de Xavier Bertrand, alors ministre du Travail du gouvernement Sarkozy, comme conseiller technique en charge des questions liées au marché du travail et à la sécurisation des parcours professionnels. Avec le changement de majorité et l’arrivée de François Hollande à la présidence de la République, il trouve refuge au sein du Medef, où il occupe, entre 2012 et 2015, le poste de directeur des relations sociales, puis celui de directeur des relations sociales, de l’éducation et de la formation. À ce titre, il sera l’un des conseillers de la délégation patronale menée par Patrick Bernasconi lors de la négociation sur la sécurisation de l’emploi de 2013, qui a facilité les licenciements économiques collectifs sous prétexte d’infléchir la fameuse courbe du chômage, puis un an plus tard de Florence Poivey, à l’occasion de la réforme de la formation professionnelle qui individualise le droit à la formation sans s’attaquer aux inégalités d’accès.

Après de loyaux services rendus au syndicat patronal, il est justement récompensé et part travailler pour Schneider Electric. Aujourd’hui de retour au ministère du Travail comme directeur de cabinet, c’est donc clairement un serviteur zélé du Medef qui prend la main sur les «  discussions  » qui s’ouvrent en vue de réformer par ordonnances le Code du travail. On peut penser sans se tromper qu’il saura adapter le Code du travail aux exigences de ceux qu’il a servis pendant de nombreuses années.

Il n’y a rien à attendre du point de vue des salariés de cette future loi El Khomri format XXL. En instaurant la possibilité de déroger aux accords de branche par un référendum à l’initiative de l’employeur, en ouvrant de nouveaux champs à la «  négociation  » en entreprise, comme par exemple celui portant sur le seuil à partir duquel les heures seront décomptées comme heures supplémentaires, en plafonnant les indemnités aux prud’hommes versées par les employeurs en cas de licenciement sans cause réelle ou sérieuse, le gouvernement Macron-Philippe ne poursuit qu’un seul but  : flexibiliser le Code du travail, faire payer aux salariés l’amélioration des marges financières des entreprises et casser toute volonté de lutte contre les exactions patronales.

Didier Gélot


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