Les étudiants sont les premiers touchés par la hausse des loyers et la baisse des APL

dimanche 10 septembre 2017.
 

Qu’est-ce qui vous inquiète le plus dans votre rapport annuel ?

Lilâ Le Bas Deux facteurs tout particulièrement : le logement et les transports en commun. Seuls 7% des étudiants ont accès à des résidences universitaires. Le nombre de logements qui leur sont destinés est clairement insuffisant. Car les étudiants sont les premiers touchés par la hausse des loyers. Et ce, encore plus quand le gouvernement annonce une baisse de 5 euros par mois des APL. Les transports en commun nous préoccupent également, car il s’agit d’une dépense obligatoire. Or les collectivités opèrent des réductions budgétaires sur leur dos, en augmentant les tarifs. Ça pèse lourd dans les portefeuilles.

Cette rentrée est-elle pire que les autres ?

Lilâ Le Bas Oui, parce que le coût de la vie étudiante est en hausse de 2%, soit trois fois plus que l’inflation. Les étudiants sont une population particulièrement précaire. Il faut prendre des mesures d’urgence pour leur permettre d’améliorer leurs conditions de vie.

Comment se traduit cette précarité étudiante ?

Lilâ Le Bas C’est simple  : de plus en plus de jeunes ont du mal à financer leurs études. Aujourd’hui, un étudiant sur deux est obligé de travailler, alors même que c’est la première cause d’échec à l’université. Les aides sociales sont insuffisantes et 70% des jeunes en sont exclus. Les parents ont également de plus en plus de mal à financer les études de leurs enfants. Résultat : les étudiants travaillent de plus en plus. Et quand on passe 20 heures par semaine à vendre des frites, évidemment, ça n’aide pas à réussir à l’université.

Que préconisez-vous pour contrer cette hausse du coût de la vie ?

Lilâ Le Bas La construction de logements en résidences universitaires, au tarif plus accessible. On pousse aussi pour la généralisation de l’encadrement des loyers à l’ensemble des villes universitaires, pour éviter que le prix des petites surfaces ne s’envole. Sur les transports, on réclame aux collectivités des tarifs étudiants aussi bas que possible. À Toulouse, par exemple, l’abonnement étudiant revient à 100 euros par an. On veut également la mise en place d’aides sociales. On a l’impression que la seule fois où le gouvernement a parlé des étudiants depuis mai, c’était pour annoncer la baisse des APL. Il faut aussi un investissement dans les bourses à critères sociaux, pour en augmenter le nombre de bénéficiaires et le montant. Il faut enfin faire évoluer les critères des bourses du Crous pour qu’elles prennent en compte les besoins des étudiants et pas la feuille d’impôts des parents. On a réussi à obtenir le gel des frais d’inscription et du prix des restaurants universitaires, mais ça reste insuffisant.

Des villes font-elles figure d’exemple à vos yeux ?

Lilâ Le Bas Il y a surtout pas mal de contre-exemples, avec des villes ou régions qui ont augmenté leurs tarifs cette année. En Île-de-France, c’est 8 euros de hausse pour l’abonnement transports. À Lyon, Tours ou Dijon, cette facture transports est de plus de 300 euros par an. C’est un prix exorbitant pour un étudiant. Les villes doivent suivre l’exemple de Toulouse et permettre aux jeunes de se déplacer à moindre coût.

Autre dossier chaud de cette rentrée, la sélection à l’entrée en licence. Comment jugez-vous l’idée ?

Lilâ Le Bas On est opposés à toute forme de sélection à l’entrée de l’université. Il y a déjà une sélection, elle s’appelle le baccalauréat. Chaque année, on a plus de bacheliers - 40 000 supplémentaires cet été. Si on veut accueillir tout le monde dans de bonnes conditions, il faut investir pour créer de nouvelles places en université. Travailler aussi sur l’orientation des étudiants, développer des licences pluridisciplinaires... Voilà comment on peut éviter la sélection à l’entrée en licence. Et c’est possible dès 2018. Kenan Augeard


Signatures: 0
Répondre à cet article

Forum

Date Nom Message