8 octobre 1517 : Fondation du Havre

lundi 10 octobre 2022.
 

Ce 8 octobre 1517, François Ier promulgue la charte royale fondant une ville nouvelle, à l’embouchure de la Seine, sur sa rive droite. Dans une précédente charte du 7 février, il avait ordonné la création d’un port, au lieu-dit de Grâce. Pour lui donner plein effet, il enjoint, « au long dudit port », de « faire construire et édifier forteresse et ville close […] afin qu’elle puisse être peuplée ». La création de ce « havre de Grâce » est un chantier stratégique pour son règne débutant.

A l’orée du XVIe siècle, le commerce maritime connaît un essor sans précédent. La découverte du Nouveau Monde ouvre la route de la « Mer océane », l’Atlantique. Or, les infrastructures existantes ne suffisent plus. Dans l’estuaire de la Seine, les ports de Honfleur, sur la rive gauche, et de Harfleur, en proie à l’ensablement, peinent à accueillir des navires sans cesse plus gros et plus nombreux. Les préoccupations sont également militaires. Paris est vulnérable aux attaques menées par voie fluviale, la protection de son estuaire et le renforcement de la flotte sont donc une nécessité dans un contexte de tension avec l’Angleterre.

L’entreprise, supervisée par le vice-amiral Guyon Le Roy du Chillou, est ardue. Les lieux sont marécageux, battus par les tempêtes, inhospitaliers. La charte recourt donc à l’incitation fiscale en exemptant de taille et de franc-salé les personnes venant s’y établir. Le port accueille vaisseaux militaires et navires en partance pour l’Amérique et en quelques années, la « Ville Françoise » se développe, pour devenir en 1541 ville royale, émancipée des seigneurs locaux.

Le Havre, comme on l’appelle désormais, s’enrichit à compter du XVIIe siècle, grâce au négoce colonial. Une période faste qui a son revers : la ville devient le troisième port négrier de France. Avec la Révolution industrielle, le port colonial est une porte vers l’Amérique. Vient l’époque des grands paquebots. Puis le traumatisme de septembre 1944 : la ville est rasée par les bombardements anglo-saxons.

Aujourd’hui, malgré le déclin industriel et la concurrence européenne, Le Havre reste le 13e port européen. Parfois décrié, son centre-ville reconstruit dans le béton d’Auguste Perret est depuis 2005 inscrit au patrimoine mondial de l’Humanité. Ville ouvrière aussi, ville de luttes, qui fut brièvement « Le Havre-Marat » sous la Révolution, rares sont les traces de ses origines monarchiques. Sinon peut-être un souvenir héraldique : la salamandre, emblème personnel de François Ier, figure encore sur les armoiries de la cité océane.

Thibaut L.


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