La dette grecque, poule aux euros d’or de la Banque centrale européenne et du FMI

vendredi 20 octobre 2017.
 

La Banque centrale européenne a révélé que les sommes prêtées à la Grèce entre 2012 et 2016 lui ont rapporté 7,8 milliards d’euros en versements d’intérêts.

- Pour signer la pétition Rendez l’argent aux Grecs !, cliquer sur l’adresse URL portée en source (haut de page, couleur rouge).

L’institution financière européenne a commencé à acheter de la dette grecque, après avoir mis en place le mécanisme de SMP (Securities market purchase) en 2010, qui lui permet d’acquérir directement des titres de pays en difficulté.

Un système gagnant-gagnant… mais un peu plus pour les banques centrales européennes. Car le pays émetteur de ces bons du Trésor doit s’acquitter, chaque année, des intérêts. Les profits ainsi accumulés sont ensuite reversés aux banques centrales des différents pays de la zone euro.

La BCE n’est pas la seule à s’être constituée un tel pactole sur le dos de la Grèce. Le Fonds monétaire international (FMI) touche aussi, année après année, les intérêts pour les milliards prêtés à Athènes. L’institution, présidée par la Française Christine Lagarde, a gagné 2,5 milliards d’euros, d’après une analyse menée en 2015 par le Jubilee Debt Campaign, une association britannique qui milite pour l’allègement du fardeau financier des pays les plus endettés.

Le versement d’intérêts sur la dette est, en théorie, la norme. Mais l’annonce du montant risque d’alimenter le débat sur les bénéficiaires de cette manne. Athènes a longtemps espéré que ses créanciers lui reverseraient l’argent. En 2013, la BCE et le FMI avaient, en effet, mis au point un mécanisme pour que les sommes soient redistribuées à la Grèce. Le système, qui reposait sur la bonne volonté des États européens à reverser in fine les profits sur la dette grecque, que la Banque centrale européenne leur faisait parvenir, n’a jamais été appliqué.

La faute à l’Allemagne, rappelle Les Échos. En 2015, le puissant ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble a décidé que son pays ne reverserait pas sa part des profits tirés de la dette grecque. À l’époque, les tensions étaient à leur comble entre la Grèce et l’Union européenne. Le Premier ministre grec Alexis Tsipras, dont le parti de gauche radicale Syriza venait de remporter les élections, essayait de renégocier le montant de la dette grecque… au grand dam de Berlin. Les autres pays semblent avoir, ensuite, suivi l’exemple germanique.

Efforts grecs

Rien n’a changé depuis du côté des banques centrales, alors même que la Grèce a mis de l’eau dans son vin pour amadouer Bruxelles et Berlin. Alexis Tsipras a, ainsi, laissé partir, en juillet 2015, son tonitruant ministre des Finances Yanis Varoufakis, qui faisait figure d’épouvantail aux yeux de Wolfgang Schäuble. Il a aussi accepté de mener la plupart des réformes économiques demandées par ses créanciers au prix d’une forte baisse de popularité.

Seul espoir financier pour Athènes : l’Eurogroupe - la réunion des ministres européens des Finances - a de nouveau évoqué en juin 2017 le reversement de ces profits à la Grèce. Il serait temps. Car si les banques centrales européennes ont profité de la crise grecque, Athènes peine à sentir les bienfaits de l’aide internationale octroyée depuis sept ans. Le montant de sa dette n’a quasiment pas reculé depuis le début de la crise en 2010 et il est même passé d’un peu moins de 150 % du PIB à 185 % de son PIB.

Le testament acide de Schäuble

Patrick Le Hyaric

À la dernière réunion des ministres des finances, le ministre allemand des finances Wolfgang Schäuble, en poste depuis 2004, a donné à ses collègues la position de l’Allemagne sur le futur de la zone Euro dans un document confidentiel intitulé « Préparer la voie pour une Union de stabilité ». Ce catalogue de mesures vise à renforcer systématiquement l’emprise de l’argent et des marchés financiers sur les pays européens.

Comme résumé sur ce blog, les propositions de Macron en termes de réformes de la zone Euro suggéraient la création d’un budget de la zone Euro et d’un poste de ministre des finances européen. De fausses bonnes idées qui renforceraient la concentration des pouvoirs.

Le document de Wolfgang Schäuble reprend ces propositions et les met à la sauce allemande :

– Il abandonne tout simplement le projet de budget de la zone Euro que Mme Merkel soutenait du bout des lèvres, car il l’estime « non nécessaire ».

– La conditionnalité des fonds européens est étendue aux fonds régionaux de solidarité : pas de fonds si on ne respecte pas les règles budgétaires. Le problème est qu’il s’agit justement de fonds pour les régions les plus pauvres.

Mais il y a bien pire. L’Allemagne propose dans ce document un cadre dit « prévisible » (c’est à dire automatique) de restructuration des dettes lorsqu’un État doit être aidé financièrement. L’idée est que chaque plan d’aide financière, comme ce que l’on a fait avec la Grèce, soit accompagné d’une restructuration de la dette. C’est à dire que tous les détenteurs de cette dette perdent une partie de leur mise.

Une restructuration est nécessaire lorsqu’un pays se retrouve étranglé par le remboursement de sa dette, comme c’est le cas avec la Grèce. Mais ce qui rend ce remboursement intenable, ce n’est pas tant le montant (celle du Japon flirte avec les 250%) mais le niveau des taux d’intérêt. Or la mesure allemande aurait précisément pour conséquence de faire s’envoler ces taux.

On retombe là sur le vieux projet du Ministère des finances allemand de tenir par la dette les pays récalcitrants aux préconisations économiques et alimenter toujours plus les marchés financiers. Les faucons budgétaires allemands n’acceptent pas la baisse des coûts d’emprunts des États et protègent, de ce côté-là seulement, des diktats des investisseurs et des banques sur la dette.

Pouvait-on s’attendre à mieux de la part de celui qui a failli faire sortir la Grèce de la zone Euro ? La constance implacable de ce testament de la solidarité européenne doit être fermement combattu autrement que par les projets de Macron, qui ne sont qu’une autre version de l’intégration capitaliste européenne.

Source de l’article ci-dessus : http://www.france24.com/fr/20171011...

Pétition. Rendez l’argent aux Grecs !

J’appelle à ce que la France donne l’exemple et rétrocède les sommes qu’elle s’était engagée à verser à la Grèce. On ne peut pas accepter de s’enrichir sur le dos de nos partenaires européens en difficulté. Je demande à toutes les institutions européennes de peser en faveur de la restitution de ces sommes à la Grèce. Les citoyens ne peuvent accepter cette spoliation qui ne profite qu’aux banques et aux marchés financiers. Construisons un mouvement pour réclamer justice ! Patrick Le Hyaric, Directeur de l’Humanité, Député européen.

Signer la pétition Depuis des années, le peuple Grec est placé dans d’incommensurables souffrances prétendument pour rembourser une dette dont il n’est en rien responsable. Pendant ce temps, la Banque Centrale européenne et le fond monétaire international remplissent leurs caisses à partir des frais financiers qu’ils accumulent grâce à cette dette. En effet, la banque centrale vient de gagner 7.8 milliards d’euros grâce aux intérêts des bons du Trésor grec qu’elle détient et le FMI a amassé un pactole de 2.5 milliards d’intérêts sur les prêts qu’il a concédé à Athènes. En 2013, ces deux institutions avaient pourtant accepté un système de redistribution afin que ces sommes soient reversées à l’Etat Grec.

Cela n’a jamais été appliqué. En 2015, Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des finances a fait rompre ce pacte avec de multiples complices et, non content d’appliquer la pire des saignées aux grecs, a décidé de garder sa part des profits financiers générés par cette dette, en représailles de l’élection d’Alexis Tsipras sur le mandat de renégocier le montant de la dette de son pays. Les autres pays européens, dont la France, ont malheureusement fait de même. Ceci représente un manque à gagner de plus de 10 milliards au budget de la Grèce. Cela représente les deux tiers des dépenses de santé de la Grèce (14 milliards en 2015 selon Eurostat), dans un pays qui est dans une situation de crise sanitaire. J’appelle à ce que la France donne l’exemple et rétrocède les sommes qu’elle s’était engagée à verser à la Grèce. On ne peut pas accepter de s’enrichir sur le dos de nos partenaires européens en difficulté. Je demande à toutes les institutions européennes de peser en faveur de la restitution de ces sommes à la Grèce. Les citoyens ne peuvent accepter cette spoliation qui ne profite qu’aux banques et aux marchés financiers. Construisons un mouvement pour réclamer justice !


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