Macron. Le "blitzkrieg social" continue

samedi 21 octobre 2017.
 

Depuis son élection, le Président de la République avait évité les interviews télévisées. Devant la chute de sa popularité et une rentrée sociale agitée, il a consenti à se prêter à l’exercice dimanche soir. Que faut-il en retenir ? « Bordel, fainéants, illettrées »…Macron persiste et s’enfonce

Interrogé sur sa pratique du pouvoir et sur son mépris de classe, Emmanuel Macron s’est défendu d’exercer « une hyper-présidence ». « Je tiens à l’esprit de nos institutions » a-t-il expliqué alors même que sa majorité est en train de proposer d’affaiblir la vie parlementaire et la représentation nationale. Sur « le bordel », il assume : « J’ai toujours essayé de dire les choses et de m’approcher d’une forme de vérité. Et donc je nomme.. J’assume totalement. Quand certains font tout pour bloquer les choses pour toucher un peu plus d’argent de licenciement, je ne l’accepte pas ». Les salariés de GM& S apprécieront...

Sur le chômage, des résultats dans deux ans…ou plus

Remake du quinquennat Hollande : Sur l’efficacité de ses politiques pour l’emploi, Emmanuel Macron avoue désormais que « la plénitude des résultats se verra dans un an et demi à deux ans ». Sur le chômage, il considère que « les garanties effectives, ce n’est pas de dire aux gens qu’ils ont des droits, c’est de dire que la société change. Je ne vais pas les protéger contre les changements, mais les armer »… Pour le Président, l’enjeu hier était de démontrer qu’après la phase de « libération » du travail et les cadeaux au patronat, il y aurait une prochaine étape sur « la protection » des employés, comme François hollande avait promis le « temps de la redistribution »... Concernant les ordonnances sur le code du travail, « j’ai sentiment que la démocratie est respectée » a affirmé Emmanuel Macron, quand bien même ses propositions n’ont jamais été évoquées durant la campagne des élections législatives et qu’une plainte avait été déposée contre Libération qui avait dévoilé le contenu des ordonnances...

Président des riches ? « Je n’aime pas cette opposition de la société » a botté en touche Emmanuel Macron.

Autrement dit, la lutte des classes est une « une passion triste », selon les mots du chef de l’Etat. Sur la suppression de l’ISF, Emmanuel Macron assume son choix : « je ne crois pas à la jalousie française qui veut taxer ceux qui réussissent » a-t-il osé. Interrogé sur sa politique fiscale en faveur de ceux qui ont déjà tout, il s’est défendu de promouvoir la « théorie du ruissèlement », tout en concédant « Je ne crois pas au ruissèlement, mais à la cordée. Je veux que ceux qui réussissent tirent les autres » : la même logique. La taxe à 75% sur les revenus de plus d’un million d’euros n’a pas rapporté beaucoup d’argent « parce que les gens sont partis, ils ont fait des montages » financiers pour y échapper, a aussi tenté d’argumenter l’ancien ministre de l’Economie de François Hollande. Et pour cause, aucunes mesures concrètes contre l’évasion fiscale, qui coûte près de 60 milliards par an à la France, n’ont été prises.

Aucune proposition concrète pour « les classes moyennes et populaires »

« On s’adresse aux classes moyennes et populaires…Nous allons intensifier la politique pour celles et ceux qui sentent assignés à résidence… » a avancé le chef de l’Etat, sans annoncer aucune mesure favorable aux plus fragiles. Face à la colère des élus locaux suite à la baisse des dotations et la suppression des contrats aidés, tout juste a-t-il consenti « être sensible au message » des maires, qui organisent lundi à Grigny, dans l’Essonne, des Etats Généraux de la politique de la ville.

Maud Vergnol, L’Humanité


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