Jacques Sauvageot. Mort d’un esprit libre et fidèle aux valeurs de mai 68

vendredi 3 novembre 2017.
 

Jacques Sauvageot est décédé à Paris à l’âge de 74 ans, des suites d’un accident de la circulation survenu en septembre dernier. Il avait été un des grands leaders du mouvement étudiant de Mai 68 avec Alain Geismar et Daniel Cohn-Bendit.

1) Décès de Jacques Sauvageot (par Institut tribune Socialiste – 29 octobre 2017)

Jacques Sauvageot, secrétaire général et animateur de l’Institut tribune Socialiste, est décédé le 28 octobre au soir, des suites d’un accident de la circulation intervenu le mois dernier ; il était depuis lors hospitalisé, sans connaissance.

C’est une très triste nouvelle pour sa famille, ses anciens camarades du PSU, ses amis, comme pour toutes celles et tous ceux avec qui il militait, en particulier à l’Institut Tribune socialiste (ITS) où son travail sur la mémoire et les archives du PSU (parti socialiste unifié, dont il fut membre) se mêlait à la réflexion sur le présent et l’avenir des mouvements sociaux et de l’émancipation.

Pour la postérité, Jacques a représenté en mai 68 l’UNEF, et plus largement la révolte étudiante. Il ne sera pas avec nous pour apporter son témoignage, discret et réfléchi à l’image de son engagement durant ces dernières années au service des idées auxquelles il est toujours resté attaché. Il nous manquera face aux interprétations réduisant 68 à une « révolution culturelle », et aux « exemples » de quelques dizaines « d’anciens » soixante huitards qui auraient « réussi ». Jacques était tout l’inverse de cela, avec son absence d’ambition égocentrique, attaché qu’il était avant tout à une autre ambition, celle des projets collectifs auxquels il participait, qu’il contribuait à initier, avec dévouement, et aussi avec exigence d’une fidélité, non aux mythes et aux légendes, mais à l’examen et à la restitution des réalités.

Que sa famille, ses amis et proches, l’ensemble de celles et ceux avec qui il continuait le combat soient assurés que nous tenterons de le poursuivre au mieux.

Institut tribune Socialiste – 29 octobre 2017

2) Jacques Sauvageot. Mort d’un esprit libre et fidèle aux valeurs de mai 68 (L’Humanité)

Né à Dijon en 1943, fils d’un employé de la SNCF et d’une femme au foyer, il s’était fait connaître du public lors des événements de Mai 68 alors qu’il était membre des étudiants du PSU (Parti socialiste unifié) et vice-président de l’UNEF. Durant ces semaines de conflit social, il avait été, sur le terrain, le dirigeant effectif du syndicat étudiant dont il prendra la présidence quelques mois plus tard. Un poste qu’il occupera jusqu’en 1971.

Après l’échec électoral et la fin des grèves de 1968, Sauvageot se déplaça beaucoup en province pour porter l’esprit de mai. Il anima en juillet le débat au sein de l’UNEF mais le congrès de décembre souligna les divisions internes. Il devint président en titre au congrès de Marseille de décembre 1968. Son sursis arrivant à terme, le service militaire mit fin à son syndicalisme étudiant. Mobilisé dans une base aérienne en Corse, il fut accueilli par un militant du PSU dont la voiture connut un plasticage. Sauvageot, caporal-chef (refusé aux EOR), décida donc de rester dans sa base.

À son retour après 15 mois, en juillet 1970, il fut "quasi permanent" du PSU sans salaire. Il écrivit dans Tribune socialiste et dans Que-faire ?. Proche de Marc Heurgon et d’Abraham Béhar il participa à la GOP (Gauche ouvrière et paysanne) interne puis à "Pour le communisme" (fusion de la GOP externe et de Révolution) et à l’Organisation communiste des travailleurs (OCT). Conscient d’avoir créé "un groupuscule de plus", il quitta ce militantisme en 1976. Domicilié à Savenay, son activité se porta vers les Radio libres, particulièrement celle de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique).

Sauvageot vécut à Paris jusqu’en 1973 puis à Nantes sans trouver d’emploi durable. Il travailla comme enquêteur agricole à l’initiative de l’élu socialiste de Rezé Jacques Floc’h, puis un temps ouvrier spécialisé (OS) dans une usine de transformateurs électriques, avant d’être recruté comme professeur d’histoire de l’art à l’école des beaux-arts de Nantes, non sans difficultés car le premier concours fut annulé par le ministère de la Culture. Un concours s’étant ouvert pour le poste de directeur de l’école régionale des beaux-arts de Rennes en 1989, il fut sélectionné et occupa cette fonction jusqu’à 2009. Il créa et présida l’Association des directeurs d’écoles d’art.


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