Des contrats aidés mais bien utiles

mercredi 8 novembre 2017.
 

Le 10 novembre aura lieu une journée de mobilisation des associations qui protestent contre la suppression des emplois aidés. À Paris une manifestation partira à 14h de la place de la Bourse en direction de la place de la République. Ailleurs précise le collectif des associations citoyennes (CAC) http://www.associations-citoyennes.net/ la protestation pourra prendre des formes diverses, l’objectif étant de faire connaître la situation des associations. Et celle-ci est catastrophique.

Dans son projet de loi de finances pour 2018, le gouvernement a décidé de réduire d’un milliard d’euros le budget consacré aux contrats aidés, soit une diminution de 40 %. Conséquence : 140 000 emplois destinés aux français les plus vulnérables face au chômage sont supprimés. Ces licenciements toucheront les Contrats uniques d’insertion, aujourd’hui au nombre de 267 000, destinés aux bénéficiaires des minimas sociaux. Sont également touchés les 133 000 Contrats d’insertion par l’activité économique, réservés aux chômeurs de longue durée et les 96 000 Contrats d’avenir réservés aux jeunes éloignés de l’emploi.

Ces emplois financés jusqu’à 70 % par l’État concernent surtout les secteurs associatifs, éducatifs, culturels, et l’accompagnement de la personne. Autant de secteurs qui avaient déjà vu leurs budgets diminués et qui se voient maintenant privés de leurs acteurs par l’intermédiaire du plus grand plan de licenciement jamais décidé en France. A titre d’exemple, dans le Tarn, 50 % des bénéficiaires de contrats aidés sont employés dans le secteur associatif et 18 % dans l’éducation. Face aux coupes annoncées, nombreuses sont les mairies et les associations qui, partout en France, ont multipliées les appels à la mobilisation, notamment à l’échelle locale.

En retour, le gouvernement a confirmé les suppressions d’emplois. Pour gérer la pénurie qu’il créé, il souhaite recentrer les contrats dans les secteurs de l’accompagnement aux enfants handicapés, l’urgence sanitaire et sociale, les territoires ultramarins et les communes rurales. Mais ces domaines peinent déjà à fonctionner avec les 450 000 contrats aidés signés en 2017. Ces « priorités » du gouvernement impliquent par ailleurs le sacrifice des associations sportives et culturelles notamment dans les zones urbaines sensibles (ZUS) ainsi que celui de nombres d’associations d’aide aux femmes victimes de violences par exemple. Or l’utilité sociale de ces contrats est prouvée et permet à de nombreux chômeurs et chômeuses de retrouver confiance en leurs capacités et en leur avenir.

Cette tentative de désescalade du gouvernement paraît de surcroît bien cynique : nos concitoyens ultramarins ou handicapés, nos communes rurales, ne sont-ils dignes pour le gouvernement que du « dispositif le moins efficace » aux yeux de Muriel Pénicaud ?

Car pour légitimer ce plan social, le gouvernement évoque des contrats « extrêmement coûteux pour la nation » et « inefficaces ». Pourtant, selon une étude de la DARES, dans le secteur marchand, 67% des bénéficiaires de contrats aidés sont réinsérés dans l’emploi six mois après leur contrat. Dans l’associatif, ce chiffre est de 40 %. Quant au coût soi-disant excessif de ces emplois, notons que le remplacement de l’ISF en impôt sur la fortune immobilière et la flat-tax sur les revenus mobiliers, prévus dans la même loi finance, ne créeront à long terme et au mieux, selon Bercy, que 50 000 emplois pour un coût de 4,5 milliards d’euros en 2018 ; ces derniers seront alors 4,3 fois plus coûteux que les contrats aidés...

Lucas Brennot


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