Convention France insoumise : témoignage

mardi 12 décembre 2017.
 

Le sort en ayant décidé ainsi j’ai participé à la Convention de la France insoumise. Pas pour y écouter Mélenchon mais pour y rencontrer cet OVNI qui s’appelle France insoumise (FI).

Les internautes peuvent en suivre les travaux sur leur ordinateur. Ils peuvent passer et repasser les épisodes. Sauf que la rencontre de 1500 personnes n’était pas virtuelle mais bien réelle.

Le premier dilemme des temps modernes consiste à articuler le collectif et l’individuel (internet mettant toujours plus en avant l’individuel sur le collectif). Le type de salle choisi a permis cette souplesse. Pas de tribune frontale, pas de chaises fixes. Trois petites tribunes au milieu de la salle conformément aux trois espaces et dans la salle des tables rondes pour huit personnes pouvant échanger entre elles dans des temps consacrés à cet effet. Non je ne dis pas que la démocratie dépend de la géographie d’une salle, car la forme ne décide pas du fond, mais le fond a besoin d’une forme à sa convenance.

J’ai remarqué que les médias n’ont rendu compte (sauf exception) que de l’intervention de Mélenchon alors que la lecture de quelques bilans de participants évoquent surtout les débats autour de la table qui pour le samedi ont pris trois fois vingt minutes donc une heure sur un total de huit heures.

Choisir des campagnes nationales

Les élections passées que peut faire un mouvement politique ? Surtout qu’il reste 20 mois sans rendez-vous majeur. Le « groupe dirigeant » a donc proposé 30 types de campagnes possibles soumises au vote des internautes ayant cliqués pour France insoumise.

Personne ne peut vérifier la sincérité des résultats si n’est la confiance que l’on a pour ses organisateurs. Pour ma part j’ai plus tendance à remettre en cause le questionnaire que la véracité des résultats qui ont donné 69 007 exprimés avec 30% à cette proposition n°10 : "Lutter contre la pauvreté sous toutes ses formes (précarité, mal logement, accès aux soins, surendettement, expulsions en dehors de la trêve hivernale) en exigeant notamment l’augmentation des salaires et des minimas sociaux."

La deuxième campagne est la n°1 présentée ainsi : "Exiger la fermeture des réacteurs nucléaires en fin de vie pour aller vers la sortie du nucléaire et la promotion des énergies écologiques alternatives."

Il est facile de constater que la question part d’un constat pour aller vers une proposition.

Ces résultats témoignent d’une réalité d’un mouvement à la fois marqué par la révolte contre l’injustice sociale et par la situation écologique. Donc ces campagnes (avec celle contre l’évasion fiscale) ont été discutés aux tables de 8 avec restitution. Elle ne pouvait pas se faire par table donc il a été proposé d’envoyer un SMS à une adresse mais très vite cette pratique s’et révélée impossible. Donc les observations mises sur papier seront rassemblées et donneront lieu à une synthèse.

Le chemin de l’individuel (le débat aux tables) au collectif (l’axe du mouvement) ne peut pas être clair car il postule que des synthèses sont possibles. Or ce n’est pas possible toujours. J’ai pris un exemple à propos de l’analyse du FN qui dans la boîte à idées a donné lieu à diverses interventions contradictoires, la soi-disant synthèse faisant alors l’impasse sur le sujet.

L’organisation

J’ai suivi les débats du dimanche sur internet. Les votes ont été beaucoup moins importants sur les principes (20229) et sur la charte des groupes d’action (15000) car le vote était fermé : pour ou contre le texte proposé. Dans les deux cas on arrive donc à plus de 90% de gens d’accord. La faible participation indique à mon sens un grand scepticisme sur ces points.

La plupart des participants n’avaient pas noté la mise en place d’une assemblée représentative dont le calendrier sera donné.

Tout comme pour les questions de financement qui restent peu claires et seulement débattues aux tables de 8, l’organisation manque de clarté avec des espaces polycentriques pour un mouvement polycentrique né d’une campagne par excellence pyramidale, la présidentielle.

La Convention a cependant révélé à ceux qui me disaient en juin que la FI n’aurait pas quinze jours de vie que la jeunesse des intervenants et la foule des participants est signe de bonne santé.

J-P Damaggio


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