Ze’ev Sternhell : « Seule la corruption peut faire tomber Netanyahou »

vendredi 29 décembre 2017.
 

L’universitaire israélien Ze’ev Sternhell, inlassable critique de la colonisation des territoires palestiniens, analyse la politique de Benjamin Netanyahou, reçu dimanche par Emmanuel Macron, quelques jours après la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël par le président américain Donald Trump.

Spécialiste de l’histoire du fascisme, l’universitaire israélien Ze’ev Sternhell fut l’un des fondateurs de La paix maintenant et demeure un critique inlassable de l’occupation et de la colonisation des territoires palestiniens. Au lendemain de la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël par Donald Trump, il analyse pour Mediapart la politique de Benjamin Netanyahou, qui sera reçu dimanche à l’Élysée par Emmanuel Macron.

Quelles conséquences peut avoir sur le conflit israélo-palestinien et sur la situation personnelle de Benjamin Netanyahou la reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël ?

Ze’ev Sternhell : Si j’étais convaincu que ce n’est pas un coup de tête de la part d’une personne dont les capacités mentales sont celles d’un élève de maternelle – selon le jugement prêté à son ministre de la défense –, je dirais que Trump veut tester les capacités de réaction des Arabes. En premier lieu, naturellement, celles de l’Arabie saoudite et de l’Égypte, mais aussi celles de la Jordanie. Je dirais aussi qu’il veut évaluer le potentiel de la résistance palestinienne à un éventuel partage de la Cisjordanie très favorable aux colons. Il se pourrait également qu’il cherche à renforcer la présence américaine dans la région en consolidant l’alliance américano-israélienne et en mettant ainsi en garde les Russes et les Iraniens. Si je le croyais capable d’un peu plus de machiavélisme, je me dirais qu’il prépare un coup contre l’Iran, dans lequel Israël aurait un rôle important à jouer. On pourrait ainsi créer un prétexte…

Mais il est possible qu’il cherche surtout à démolir un pan supplémentaire de l’héritage d’Obama pour montrer sa grande originalité. L’alliance avec les Évangélistes, ses fidèles soutiens, y gagne aussi. Il se vante d’être un président qui tient ses promesses. Le prix, il s’en moque. De toute façon, ce n’est pas lui qui paiera l’addition. On ne peut pas exclure non plus que la volonté d’aider son « ami Bibi », qui affronte comme lui de sérieux problèmes avec la justice, ait joué un rôle dans sa décision.

Cette « victoire » diplomatique est en effet providentielle pour Benjamin Netanyahou, actuellement visé par au moins quatre procédures judiciaires et contesté au sein même de sa coalition parlementaire, notamment par Naftali Bennett. Peut-il, grâce à ce soutien de Trump, rester au pouvoir, malgré les accusations de corruption qui pèsent sur lui ?

Il est difficile d’imaginer qu’il puisse rester au pouvoir s’il est mis en examen. En Israël, un ministre est tenu de démissionner s’il est mis en examen, mais cette règle ne s’applique pas, curieusement, au premier ministre. Cela dit, l’odeur de corruption, autour de lui, est telle qu’il n’est pratiquement pas imaginable que, dans de telles conditions, il conserve ses fonctions. Ce n’est pas imaginable, mais je dois admettre que ce n’est pas impossible, car aujourd’hui, chez nous, et avec ces gens-là, tout est possible.

L’opinion publique accepterait son maintien au pouvoir s’il était mis en examen ?

Il peut, pour éviter cette situation, aller jusqu’à faire voter une loi ad hoc par la Knesset. Il tente actuellement de le faire. Un projet présenté par son parti et manifestement destiné à assurer sa protection a été adopté en première lecture, fin novembre. Ce texte prévoit notamment que le procureur ne pourrait plus rendre publiques les recommandations de la police. Il prévoit aussi de lourdes peines de prison pour les enquêteurs qui livreraient leurs conclusions à des sources extérieures, c’est-à-dire à la presse. Si elle est votée, cette loi sera peut-être déclarée anticonstitutionnelle par la Cour suprême. Mais vous pouvez être sûr que Netanyahou n’hésitera pas, dans un tel cas, à faire adopter une autre loi qui contournera la Cour suprême. Cet homme est capable de tout pour se maintenir au pouvoir.

La vraie question est de savoir si les États-Unis voudront continuer à l’aider. Si Trump maintient son soutien, une partie de l’opinion publique dira : les choses ne vont pas si mal avec Netanyahou. On ne va pas détruire tout cela à cause d’une histoire de cigares et de bouteilles de champagne offerts par de riches amis, ou pour des conversations avec le propriétaire du Yediot Aharonot en vue d’échanger des articles favorables contre une disposition affaiblissant un quotidien concurrent…

Mais il n’y a pas que l’affaire des cigares ou celle du marchandage avec le Yediot Aharonot, il y a aussi l’affaire des sous-marins achetés à l’Allemagne après le versement de pots-de-vin…

C’est vrai. Et cette affaire dans laquelle est impliqué le petit cousin de Netanyahou, qui est aussi son avocat, pourrait être très dangereuse pour lui, si des preuves de la corruption sont découvertes. Mais aussi longtemps qu’il ne s’agit que de champagne et de cigares, il n’est pas en danger immédiat. On peut dire, bien sûr, qu’il est tout à l’honneur de notre société qu’un premier ministre soit talonné par la police et entendu à de multiples reprises, certes, dans son bureau, mais très longuement. Il y a peu de pays où le chef de l’exécutif passe des heures et des heures à répondre à la police.

Je n’oublie pas non plus qu’un de nos anciens premiers ministres, Ehoud Olmert, vient de passer près d’un an et demi en prison pour une affaire de corruption, et que l’actuel ministre de l’intérieur, Arieh Deri, a récupéré, après trois ans de prison pour corruption et une vingtaine d’années de retrait de la vie politique, le ministère qu’il avait déjà occupé et où il avait été pris la main dans le sac. Le même Deri se retrouve d’ailleurs aujourd’hui confronté à une nouvelle affaire, moins grave peut-être que les précédentes, mais quand même gênante, compte tenu de son passé, de ses fonctions au gouvernement et de ses responsabilités à la tête du parti ultra-orthodoxe sépharade Shass.

En d’autres termes, la jurisprudence, en matière de corruption n’est pas très favorable à Netanyahou…

C’est vrai. Et c’est pourquoi il est difficile d’imaginer que les accusations contre lui puissent passer comme une lettre à la poste. Mais, je le répète, ce n’est pas tout à fait impossible, parce que tous les partis de la coalition ont intérêt à ce qu’elle survive. Aucun d’entre eux ne veut de nouvelles élections et Netanyahou, qui le sait parfaitement, ne cesse d’agiter le spectre de nouvelles élections chaque fois que quelqu’un semble vouloir s’opposer à lui, surtout lorsqu’il s’agit de Moshe Kahlon et de son petit parti Koulanou. Pour évacuer une colonie, désormais, il faudra se battre

Même Naftali Bennett, qui semble convoiter le poste de premier ministre, n’a pas intérêt à de nouvelles élections ?

Oui, même lui. Car il tient notamment le ministère de l’Éducation nationale et celui de la justice. Et dans ces deux départements, son parti, Le Foyer juif, fait des choses effarantes que personne n’avait jamais osé faire. Et il tient à continuer. Mais il n’a pas peur de nouvelles élections. Car il pense pouvoir attirer à lui l’aile extrémiste du Likoud et mettre sur pied un parti qui soit à la fois religieux, laïc et d’un nationalisme viscéral. Un parti qui annonce la couleur sans aucun problème en n’hésitant pas à dire : nous ne quitterons jamais la Cisjordanie et en affirmant même clairement sa volonté d’annexer la Cisjordanie.

Pour eux, il est hors de question de penser à l’égalité des droits avec les Palestiniens de Cisjordanie et de créer cet État binational dont le parti travailliste brandit le projet devant la population. Bennett ne veut pas de Palestiniens en Israël, il ne veut pas de Palestiniens jouissant de l’égalité de droits. Certains de ses députés comme Bezalel Smotrich, vice-président de la Knesset, s’adressent même aux Palestiniens en des termes qui ne sont pas très différents de ce que les nazis disaient des juifs. Ce parti-là ne craint pas les élections.

La politique de colonisation intensive de Netanyahou répond-elle à un choix politicien, destiné à lui conserver l’électorat des colons, que Bennett lui dispute, ou à une stratégie idéologique puisée au sein de sa famille et dans l’histoire de son parti ?

Les deux. Il y a la dimension idéologique, qui lui est propre parce qu’il est issu d’un milieu nationaliste, qui considère la colonisation de la terre d’Israël comme un devoir. Il a été élevé dans cette idéologie. D’autres, comme Dan Meridor, par exemple, qui appartiennent à la même génération, sont nés dans les mêmes quartiers, ont fréquenté les mêmes écoles, ont évolué vers le centre. Netanyahou non. Il vient de ce milieu conservateur, nationaliste, et il s’est radicalisé. C’est là qu’interviennent les raisons politiques. Disons qu’il y a une infrastructure idéologique et des raisons politiques superposées. Et qu’il n’y a aucune contradiction entre les deux.

Et cette infrastructure idéologique repose essentiellement sur la légitimité de la colonisation ?

Je dirais qu’à droite, personne ne s’oppose à la colonisation pour quelque raison que ce soit, idéologique ou non. Tout le monde y est, par principe, favorable. Ceux qui s’y opposent appartiennent au centre ou au centre gauche, mais ils n’osent pas dire qu’il faudra, un jour, pour trouver une solution avec les Palestiniens, faire machine arrière. Ils pensent qu’il faudra arrêter la colonisation là où elle en est, mais pas évacuer les colonies. Évacuer les colons de là où ils sont, c’est aujourd’hui quasiment impensable. Le nouveau chef du Parti travailliste, Avi Gabbay, a déclaré qu’il était pour la solution à deux États, mais contre l’évacuation des colonies. Ce qu’il faut savoir pour mesurer le caractère explosif de la situation, c’est que les colons sont prêts à jouer de leur poids politique, désormais décisif, pour rester où ils sont, mais aussi et surtout qu’ils sont prêts à s’opposer par la force à une décision d’évacuation. Nous n’assisterons plus à des évacuations par la force, comme ce fut le cas du temps de Sharon, à Gaza. Dites-vous bien que ces opérations-là, c’est fini. Les colons estiment qu’ils ont fait à cette époque une erreur et se sont juré qu’ils ne la feront jamais plus. Pour évacuer une colonie, désormais, il faudra se battre. Et entre une guerre civile et la guerre aux Palestiniens, pour le gouvernement, le choix est fait.

Ce qui signifie que Netanyahou, en poursuivant la colonisation, ne détruit pas seulement le principe de la solution à deux États, comme l’en accusent les Palestiniens et une bonne partie de la communauté internationale, mais qu’il détruit aussi toute possibilité pratique que cette solution advienne. En d’autres termes, son discours à l’université Bar-Ilan, en 2009, où il se déclarait favorable à la solution à deux États, est bel et bien nul et non avenu, comme il l’a d’ailleurs admis lui-même en mars 2015 ?

Le discours de Bar-Ilan était destiné à l’administration américaine. Et seulement à elle. Il n’a jamais été pris au sérieux en Israël. Je dois avouer qu’en 2012, lorsque Barack Obama est venu rencontrer Netanyahou à Jérusalem et a laissé John Kerry sur place pour continuer à discuter avec les responsables israéliens, je me suis demandé si les dirigeants américains croyaient à ce qu’ils faisaient ou pas. À quoi servaient les armées de diplomates, d’experts, d’espions dont disposait le président américain si personne n’avait été capable de lui dire que Netanyahou n’avait aucune intention d’entamer un véritable processus de négociation avec les Palestiniens ? Ehoud Barak, lui, avait vraiment l’intention de négocier, mais il a commis l’erreur de continuer à coloniser en même temps. Ce qui lui a été fatal. Et, au fond, nous ne sommes jamais sortis de ce blocage. John Kerry a été le dernier à tenter de le surmonter. En vain.

Donald Trump, qui avait désigné comme émissaires pour le dossier israélo-palestinien des partisans actifs de la colonisation, dont son gendre Jared Kushner, et qui vient de manifester spectaculairement son soutien à Israël, tout en affirmant qu’il signera au Proche-Orient « l’accord des accords », est-il un atout durable pour le premier ministre ?

C’est difficile à dire, car il est impossible de savoir ce qu’il a en tête. Il est clair que les États-Unis ne veulent pas s’incruster en Syrie. Ils n’ont rien oublié des déboires de leur invasion de l’Irak. Ils y sont encore et ils aimeraient pouvoir s’en retirer et quitter complètement cette région. Le problème israélo-palestinien ? Il ne les intéresse pas tellement. Il existe essentiellement, aux yeux de Trump, à travers le soutien électoral dont il bénéficie de la part des évangélistes et d’une partie modeste de la communauté juive. Aussi longtemps que rien n’explose entre Israéliens et Palestiniens, Netanyahou n’est pas un problème pour Trump, qui ne peut que regarder favorablement le rapprochement actuel entre Israël et l’Arabie saoudite. Autrement dit, Netanyahou est fondé à se sentir les mains libres face aux Palestiniens.

Netanyahou et son gouvernement expriment-ils, comme les résultats électoraux semblent le montrer, les souhaits de la majorité de l’opinion publique israélienne ?

Les Israéliens veulent vivre bien. Ils veulent vivre en paix. Aussi longtemps que ce sera possible, ils seront indifférents au sort des Palestiniens. Même les habitants de la périphérie, des villes de développement, qui vivent beaucoup plus difficilement, acceptent la politique de Netanyahou. Ils ont une telle horreur de la gauche qu’ils continueront à voter pour la droite, même si elle en grande partie responsable de leurs difficultés. Et cela, quoi qu’il arrive. La périphérie vote contre ses intérêts économiques. Elle vote au nom de la solidarité nationaliste. Netanyahou est donc tranquille de ce côté-là. Quant aux 30 % de la société israélienne qui voteront toujours contre lui, il les considère comme perdus et s’en désintéresse.

Dans ces 30 %, il y a, à côté de ce qu’il reste de la gauche, les 20 % d’Arabes israéliens…

Oui. Ils sont actuellement représentés par la Liste unifiée, dirigée par Ayman Odeh, qui rassemble les différentes formations issues de la minorité arabe. Cette liste répondait à une manœuvre de Netanyahou, qui avait relevé de seuil de représentativité, en suffrages, des petits partis pour tenter de barrer la route de la Knesset aux partis arabes. Il s’est trompé lourdement. En s’unissant, les partis arabes ont obtenu 13 députés sur 120. Ils constituent désormais la troisième force politique de la Knesset. Le problème, c’est qu’il y a, au sein de cette Liste unifiée, des nationalistes arabes qui sont citoyens israéliens mais qui ne reconnaissent pas Israël – ce qui n’est pas le cas de Ayman Odeh et de son parti, le Hadash. Si le Hadash décidait demain de rompre ce front commun, il serait possible de bâtir un parti de gauche, à la fois juif et arabe, qui pourrait changer la donne. Je ne pense pas qu’il soit vraiment possible de continuer à ignorer les 20 % d’Arabes israéliens. Mais il est clair que, pour le moment, Netanyahou dispose encore d’un soutien électoral solide.

Donc, pour l’instant, Netanyahou n’est pas menacé par une explosion de sa coalition ?

Non. Aujourd’hui, la seule raison pour laquelle Netanyahou pourrait perdre le pouvoir, c’est la corruption. Politiquement, je ne vois pas comment il pourrait être battu par le rassemblement du centre gauche, qui n’est pas une coalition, car ses deux dirigeants, Yair Lapid, du parti Yesh Atid, et Avi Gabbay, du Parti travailliste, ne s’aiment pas beaucoup. Quant aux partis religieux, ils ont reçu tellement d’argent du gouvernement Netanyahou qu’ils n’ont aucun intérêt à contribuer à sa chute.

Comment expliquez vous que l’opinion publique israélienne, qui avait en majorité approuvé la signature des Accord d’Oslo, il y a près de 25 ans, soit aujourd’hui globalement hostile à la création d’un État palestinien ?

Oslo a donné l’impression de voir enfin la lumière au bout du tunnel, c’est vrai. Mais c’était un mauvais accord. D’abord parce qu’il a été signé sans qu’il soit décidé de toucher à une seule colonie. Il aurait fallu évacuer tout de suite Gaza et un certain nombre de colonies de Cisjordanie. Ensuite parce qu’on a remis à plus tard tout ce qui était important : les négociations sur les colonies, les frontières, les réfugiés, Jérusalem, les arrangements de sécurité. Mais le basculement réel de l’opinion publique a eu lieu en 2000, avec l’échec des négociations de Camp David – négociations dont Clinton et les Palestiniens ne voulaient pas, car ils les jugeaient prématurées et mal préparées. Jusque-là, malgré l’assassinat de Rabin, malgré les attentats islamistes meurtriers des années 1990, le sentiment persistait qu’il était encore possible d’avancer. Quand Barak a dit, alors que l’échec de Camp David devenait évident, qu’il avait découvert le vrai visage d’Arafat et qu’il n’y avait pas de partenaire palestinien, les Israéliens ont, globalement, cessé de croire que la paix était possible.

Était-ce la véritable raison ? Au même moment, les Palestiniens et certains experts américains qui avaient suivi les négociations ont dit que l’échec était imputable à Barak, qui avait manqué de courage politique…

Je crois que Barak comme Arafat ont eu le sentiment qu’il n’y avait pas grand-chose à tirer du camp d’en face. Arafat a vu que la colonisation se poursuivait, et elle se poursuivait de façon spectaculaire sous Barak. Et Barak, qui avait perdu sa majorité et qui avait peut-être compris qu’il allait perdre les élections, a vu qu’il n’obtiendrait pas d’Arafat ce qu’il attendait pour rester au pouvoir. Le résultat du mauvais accord d’Oslo, de l’assassinat de Rabin, du terrorisme islamiste et de l’échec de Camp David, c’est ce que nous avons sous les yeux aujourd’hui. À mon sens, la majorité de la société israélienne ne veut ni d’un État colonial, ni d’un État binational, ni d’un État d’apartheid. Elle accepte les deux États, mais elle n’est pas disposée à en payer le prix. Pour convaincre les Israéliens que le prix à payer n’est pas trop lourd au regard de l’enjeu pour nos petits-enfants, il faut un dirigeant qui ait de l’étoffe. Et aucun de nos responsables d’aujourd’hui n’a l’étoffe nécessaire.

En d’autres termes, tant que durera ce faux statu quo sécuritaire dont l’armée israélienne punit les accrocs à coups d’obus, de missiles et de dynamitage de maisons palestiniennes, statu quo à l’abri duquel les Israéliens peuvent vivre à leur guise, la population israélienne sera satisfaite…

Comme le répète sans cesse Netanyahou, la population israélienne vit bien. Elle consomme, elle voyage. Elle n’a pas à affronter l’antisémitisme qui réapparait partout en Europe. Elle ne veut pas voir, elle ne veut pas savoir ce qui se passe dans la zone grise que constitue désormais, à sa porte, la Cisjordanie. C’est pourquoi elle est aussi violemment hostile à l’organisation de défense des droits humains B’Tselem, qui distribue des cameras aux Palestiniens pour témoigner sur les violences dont ils sont victimes, ou à l’ONG Briseurs de silences, qui réunit des soldats résolus à révéler les abus de l’armée dans les Territoires occupés palestiniens. Les Israéliens ne veulent pas qu’on les empêche de dormir. Et cela empêche de dormir de savoir ce qui se passe en Cisjordanie.

René Backmann


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