Macron : Des vœux comme un miroir où se mire le monarque

vendredi 5 janvier 2018.
 

Comment ces hommes font-ils pour être à ce point capables de ne rien incarner d’autre qu’eux-mêmes ? C’est que précisément dans la société du spectacle, les vœux fonctionnent comme un miroir pour celui qui les prononce.

Les vœux de Hollande étaient par nature crayeux. Le président était alors aussi ostentatoirement banal qu’il annonçait qu’il le serait. Juste un cran en dessous pourtant. Pile poil à cet endroit où toute chose commence à se décomposer en perdant son vernis. Alors commençait à suinter la médiocrité glacée et sournoise du personnage. L’homme qui se réjouissait de tromper tout le monde, l’homme du refus de l’amnistie sociale et de toutes les autres fautes humaines et mesquineries personnelles, laissait voir alors, sans le vouloir, quelque chose de la cendre froide qui est sa pâte. Hollande ne nous parlait pas. Il expédiait une formalité. Ce que nous penserions de lui l’indifférait. Il aimait se sentir capable de cette indifférence. Elle le rassurait sur sa singularité. Comment oublier cet aveu qu’il fit une fois : il admirait d’abord la capacité d’indifférence qu’il attribuait à François Mitterrand.

Avec Macron, tout est différent, bien sûr. Macron sort du cadre comme son discours sort du prompteur. Macron voudrait bien nous parler personnellement. Il voudrait qu’on admette ce qu’il dit. Il nous parle donc sur le ton d’une autorité qui veut être bienveillante. Mais le ton, et même ce registre du commandement inclusif, est celui d’un DRH. Il voudrait propager de l’esprit d’entreprise en même temps que des consignes. Plein de cette évidence qui n’appartient qu’aux haut-parleurs des aéroports, Macron déclame, certes, mais le texte est celui du mode d’emploi d’un nouvel appareil ménager. Je l’ai trouvé ennuyeusement précis comme un notaire qui n’oublie pas une ligne de ce qui doit être dit. Bref c’était décevant. Laborieux. Une sorte de lapin Duracel qui aurait perdu son tambour. Adieu le style « je franchis aller-retour le pont d’Arcole chaque matin sous la mitraille ». Et puis, « allo quoi », ce truc de recommencer sur Facebook « pour faire plus court » ! Non ! Non ! Je n’ai pas aimé de savoir qu’à vingt heures j’étais juste un cahier de brouillon pour réussir son Facebook ! Macron, ça veut être du plug and play. Mais au premier bug il prend la porte de secours. Une leçon à retenir à son sujet.


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