La semaine où Macron prend une taule

dimanche 11 février 2018.
 

Une certaine hollandisation du pétulant Macronisme semble s’installer. Sur tous les sujets surgis dans l’actualité, une gélatineuse inaction semble s’être étendue. Lactalis, prisons, Carrefour, EHPAD, et tutti quanti ? « On verra, ça va se régler, prenons le temps d’entendre les conclusions de la commission Théodule, notre méthode est la concertation ». Le manège tourne donc à nouveau. Tout bouge sans changer de place et les passagers sautent pour attraper le pompon en vue d’un tour de plus.

Mais nonobstant les foules en délire à Dakar, dans les deux circonscriptions métropolitaine, Macron s’est pris une taule électorale. La sanction est nette, quel que soit le côté par lequel on examine le résultat. C’est un évènement. Il est parlant. Ici la sanction touche plus profond qu’il y parait. Car au-delà des aspects partisans, la réalité sous-jacente de ce contexte compte autant que le résultat lui-même. La voici : jamais de toute la cinquième République des élections partielles survenant si près de l’élection présidentielle n’ont atteint un tel niveau d’abstention.

Sur ce plan, le deuxième tour a été pire que le premier. Comme si le duel entre deux droites ne concernait plus une bonne partie des électeurs du premier tour déjà peu nombreux et donc très politisés. Vu de plus haut que l’instant, tout cela signifie que les élection d’avril dernier n’ont pas purgé les tensions politiques du pays comme c’est le cas d’ordinaire en démocratie. La société reste en « état sur-critique » comme on le dit d’une pente neigeuse menacée d’avalanche. Un évènement fortuit peut devenir déclencheur. C’est inéluctable. Certes, la défaite quasi sans combat de masse sur les ordonnances a eu de lourdes conséquences sur le champ social. Mais ce ne fut pas pour autant la déroute psychologique qui frappa le ciel social anglais dans la lutte de Thatcher contre la corporation emblématique des mineurs.

En France, l’examen de la carte sociale montre de nouveau un semis serré de points rouges sur le terrain. Et les causes de lutte arrivent encore, comme une marée. La question de la fonction publique sera évidemment centrale. Il s’agit des salariés les mieux structurés du pays et de ceux qui ont le plus à perdre dans la révolution libérale dont ils sont la véritable cible sociale essentielle. Avec la fin de la fonction publique, la société sera vide de contre-modèle face à celui de la précarité généralisée qui est la signature sociale de l’ère libérale. L’environnement parle du même côté. La bataille pour les 28 heures menée outre-rhin par le syndicat IG-Metall a son écho. Une certaine époque d’inertie sociale allemande prend fin. Cela assainit l’air du temps.


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