Marielle Franco, figure de la gauche brésilienne, est tombée sous les balles (video)

dimanche 25 mars 2018.
 

Elue locale et militante contre les violences policières elle luttait pour le respect des droits de l’Homme et contre les violences policières. Elle incarnait le renouveau de la gauche brésilienne. Elle a été sommairement abattue mercredi à Rio, à l’âge de 38 ans.

Selon les enquêteurs, la thèse du hold-up a été rapidement mise de côté.

L’emplacement de la victime dans le véhicule au sein duquel elle se trouvait semblait parfaitement connu des agresseurs. Le coup a donc été minutieusement calculé en amont. Du reste, ils sont repartis sans rien lui voler. Pourraient alors intervenir des motivations politiques.

Marielle Franco était une femme noire, issue des favelas et farouchement opposée aux politiques sécuritaires et répressives de Michel Temer. On sait aussi – Le Monde Diplomatique l’expliquait dans un article paru en décembre dernier – que l’extrême-droite progresse autant que la virulence dont elle fait preuve à l’égard de la gauche.

Son activisme à l’encontre de la « police militaire » ainsi que leurs exactions laisse supposer qu’elle pourrait avoir joué un rôle dans cet assassinat.

B) indignation face à l’assassinat de Marielle Franco ! (par France Amérique latine)

France Amérique latine exprime sa plus profonde indignation face à l’assassinat de Marielle Franco, mère de famille de 38 ans, noire, féministe, conseillère municipale du PSOL, qui défendait depuis des années les habitants des favelas de Rio de Janeiro.

Cette exécution, ainsi que celle de son chauffeur, mettent en évidence les intérêts du pouvoir dans l’État de Rio de Janeiro, au moment où le président Temer a envoyé l’armée dans les favelas. Marielle Franco dénonçait il y a peu les abus des policiers militaires qui terrorisent la population pauvre et noire des favelas.

Nous considérons que l’assassinat de Marielle Franco est un féminicide politique, un crime de haine, qui confirme la position sexiste et raciste du pouvoir et son intention de faire taire les voix courageuses et engagées comme celle de Marielle. La succession des assassinats de femmes, noirs, paysans, lgbt, quilombolas, indigènes, militants au Brésil des dernières années démontre une augmentation intolérable de la violence envers les couches populaires.

La délégation de FAL présente au FSM à Salvador a participé avec émotion aux manifestations pour dénoncer ce crime.

Nous exprimons notre profonde solidarité avec les organisations populaires brésiliennes, avec les camarades de lutte de Marielle et avec sa famille, ainsi que celle du conducteur assassiné en même temps qu’elle.

France Amérique latine demande que la justice brésilienne fasse rapidement toute la lumière sur les circonstances de ces exécutions et condamne ses auteurs.

Bureau National de FAL, Paris, le 16 mars 2018

C) Notre camarade Marielle Franco assassinée

http://www.inprecor.fr/article-Brés...

Militante active du mouvement LGTB, de la Marche mondiale des femmes, conseillère municipale du Parti socialisme et liberté (PSOL) à Rio de Janeiro et en charge de la commission d’enquête sur les violences commises par l’armée et la police contre les jeunes afro-descendants à Rio, Marielle Franco a été assassinée la nuit du 14 mars 2018.

Marielle Franco

Elle avait 38 ans et, selon le politologue Maurício Santoro, elle « incarnait un espoir de renouveau, à l’heure où la plupart des leaders politiques de Rio sont en prison ou sur le point de l’être », pour corruption.

Samedi 10 mars, elle relayait sur son compte Twitter des accusations des habitants de la favela d’Acari contre le 41e bataillon de police, l’un des plus brutaux de Rio. « Cette semaine, deux jeunes ont été tués et jetés dans une fosse. Aujourd’hui, la police a menacé les habitants. Ça arrive depuis toujours mais ça a empiré avec l’intervention ». « Marielle Franco enquêtait sur des assassinats apparemment commis par des policiers désireux d’éliminer des gens qui en savaient trop sur leurs agissements », expliquait à Libération Zeca Borges, coordinateur du Disque-Denúncia de Rio, un service qui permet à la population de dénoncer anonymement des faits de violence [1].

Elle revenait d’une réunion publique de femmes noires « qui font bouger les choses ». La voiture dans laquelle elle voyageait a été criblée de balles par des tueurs. Elle et le chauffeur ont été assassinés.

Il s’agit de toute évidence d’une exécution sommaire du style de celles pratiquées par les escadrons de la mort : la seule question qui se pose est de savoir qui est le commanditaire.

C’est pourquoi, dans des nombreuses villes du Brésil ainsi que dans d’autres pays des rassemblements sont organisés pour exiger que toute la lumière soit faite sur cette exécution sommaire d’une militante qui ne cessait de combattre la militarisation de la ville de Rio imposée par le gouvernement putschiste de Michel Temer. « Que ceux qui croient qu’on peut réduire au silence les voix qui défendent les pauvres et les victimes d’injustices se détrompent », a réagi Ivan Valente, député du PSOL.

Un des articles de Marielle Franco, qui retrace la lutte depuis 1975 pour les droits sociaux des femmes noires, a été publié récemment par le Monde diplomatique Brasil [3].

De quoi nous rappeler que leur « démocratie » ne recule pas, même devant l’assassinat.

Inprecor, International Viewpoint , 16 mars 2018

Nous reproduisons ci-dessous la déclaration de nos camarades du PSOL.

Déclaration du PSOL

Le Parti socialisme et liberté (PSOL) exprime publiquement ses regrets devant l’assassinat de Marielle Franco, notre conseillère de Rio de Janeiro, et de Anderson Pedro Gomez, le chauffeur qui l’accompagnait.

Nous sommes aux côtés de sa famille, de ses amis, des élus et des dirigeants du PSOL/RJ dans ce moment de douleur et d’indignation. Ce qu’avait fait Marielle en tant que conseillère municipale et militante des droits humains a rendu les militants du parti très fiers et sera honoré en poursuivant son combat.

Nous ne pouvons exclure l’hypothèse d’un crime politique, c’est-à-dire d’une exécution. Marielle venait de dénoncer l’action brutale et excessive de la police militaire dans la favela d’Acari de la banlieue Irajá. De plus, les caractéristiques du crime – un véhicule se plaçant à côté de la voiture transportant Marielle et le fait que plusieurs personnes tirent et s’enfuient – renforcent cette possibilité.

Nous exigeons une enquête immédiate et rigoureuse sur ce crime odieux. Nous ne serons pas réduits au silence !

Marielle, présente ! Aujourd’hui et toujours !

PSOL, 14 mars 2018

Notes

[1] Voir Libération “Marielle Franco, renouveau de la gauche brésilienne, tombe sous les balles”, ESSF (article 43579), Femme, noire et « favelada » – Marielle Franco, renouveau de la gauche brésilienne, tombe sous les balles, et The Guardian “Protests held across Brazil after Rio councillor shot dead”, ESSF (article 43580), Protests held across Brazil after Marielle Franco, Rio councillor, shot dead.

[2] Source : https://www.pagina12.com.ar/101878-...

[3] See “O novo sempre vem” : http://diplomatique.org.br/o-novo-s...


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