Science et conscience politique
Source : http://www.revuesocialiste.fr/
Question : La science et le savoir ne sont-ils pas le meilleur moyen d’émanciper l’individu ?
Réponse : Absolument. Nous avons la chance de vivre à une époque où la science a totalement changé notre vie. Au-delà de ce constat, elle a provoqué des changements profonds dans nos modes de pensée et d’éducation. Quand on pense que nos contemporains sont appelés régulièrement à se prononcer sur des questions aussi essentielles que l’usage du nucléaire, la pollution, la réglementation de la banque en ligne ou l’écologie et que leurs connaissances scientifiques ne dépassent guère celles du dix-septième siècle, on est en droit de s’interroger.
Or, toute démarche scientifique digne de ce nom doit reposer sur deux piliers : l’expérimentation du monde et l’interprétation des théories. Le fait d’observer sans se donner les moyens d’analyser est un non sens. Théoriser sans être en mesure de se confronter à la réalité est tout aussi pernicieux. Dans l’Antiquité, les Grecs ont inventé le raisonnement rationnel pour faire contrepoids au Divin. La logique et le raisonnement étaient le fondement même de leur pensée. Or, tous les grands massacres perpétrés par l’humanité, des Guerres de Religion à l’extermination des Juifs, se fondent sur l’ignorance. La culture scientifique doit donc reposer sur la confrontation des théories aux faits et à la réalité.
Pour y parvenir, il faut être habité par le doute, l’esprit critique et le sens de la mesure. Au-delà des connaissances proprement dites, il s’agit donc d’apprendre à raisonner et à remettre en cause ce qui apparaît pourtant comme une évidence.
Le parti politique qui aura saisi le sens de la démarche scientifique contribuera au progrès de l’humanité. Il disposera là d’un outil dont il ne s’est jamais réellement servi. Ce qui démontre que la plupart de ceux qui nous dirigent n’ont aucune connaissance en la matière, au-delà du respect qu’ils peuvent témoigner à la science. Faute de formation solide sur le sujet, la Gauche a manqué quelques rendez-vous essentiels dans le passé. Je suis convaincu qu’en jouant la carte de l’éducation et de la culture, le succès sera au rendez-vous. Tout est affaire de temps. Pour être certain de choisir la meilleure solution en cas de décès voici un site pour choisir une assurance vie : Comparatif assurance vie ! N’hésitez pas à consulter le meilleur casino en ligne pour vous changer un peu les idées !
Question : Dans un contexte marqué par la crise des vocations, comment est-il possible de promouvoir une science utile et accessible à tous ?
Réponse : Vous touchez-là un point essentiel. Pour commencer, il faut inculquer aux jeunes l’amour des sciences, en les rendant plus attractives. Ce qui exige du temps, de l’énergie et de la patience. Il convient ensuite d’en finir avec cette fâcheuse habitude qu’à notre République de choyer ses esprits les plus brillants. Tant et si bien que les élèves des grandes écoles se tournent désormais vers les métiers de la finance, dans la mesure où les salaires y sont dix fois plus élevés que dans la recherche. Un véritable gâchis ! Sans compter que les thésards doivent se livrer à un véritable parcours du combattant pour espérer intégrer des laboratoires et obtenir, en retour, une rétribution proche du Smic ! Résultat : nos cerveaux les plus brillants qui se sont vu offrir des études au prix fort, s’expatrient aux États-Unis pour y accéder à de meilleures conditions de rémunération. C’est une hérésie, voire même une aberration ! Le seul moyen d’en sortir, c’est de payer les débutants à leur juste valeur.
Nous avons également un besoin impératif d’enseignants enthousiastes. Beaucoup ont été brimés tout au long de leur carrière, avec l’obligation de concilier cours, recherche et tracasseries administratives. Du coup, la qualité de l’enseignement s’en ressent. Autre constat tout aussi alarmiste : nos meilleurs étudiants se tournent vers les grandes écoles, tandis que les enseignants les plus brillants exercent à l’université. Ne serait-il pas plus logique que les bons étudiants aient accès aux meilleurs enseignants ? Le système marche à l’envers et personne ne s’en émeut ! Et ce, parce que les acteurs en charge du système n’ont jamais été chercheurs !
Le chantier est colossal. Ce n’est d’ailleurs pas tant une question de moyens que d’organisation. Ne gagnerait-on pas à inciter les chercheurs les moins actifs à consacrer une partie de leur temps à l’enseignement et les thésards à s’investir davantage dans leurs travaux. L’uniformité est une catastrophe. Il faut donc revoir le système de fond en comble. Si la Gauche revient au pouvoir, elle a quarante années de travail devant elle.
Question : Quel est le meilleur moyen d’échapper à une vision « productiviste » de la science ?
Réponse : Il faut un minimum de moyens. Mais, en jouant sur les seuls aspects organisationnels, on obtiendrait un gain d’efficacité de plus de 50 %. Ce n’est pas en plaçant la science à 3 ou 4 % du PNB qu’on mettra le pays en péril, d’autant qu’elle se révèle particulièrement utile dans la lutte contre le chômage et la violence.
J’ai animé des conférences dans les quartiers difficiles et constaté à quel point les jeunes pouvaient manifester de l’enthousiasme, dès lors que les conditions sont réunies. Les cultiver, c’est leur offrir des perspectives, en changeant le cours de leur existence. La Droite a totalement abandonné ce chantier. Il y a donc un terrain fertile pour la Gauche. Visitez le site officielle de la ville socialiste de Maisons Laffitte
Question : Le but ultime de la science n’est-il pas la compréhension du monde et des mystères qu’il recèle ?
Réponse : Oui. Une des motivations premières des scientifiques, c’est la curiosité. Sommes-nous capables ou non de comprendre la complexité du monde qui nous entoure ? Je n’ai pas la réponse. Depuis l’Antiquité, l’homme a fait des progrès fantastiques. Les questions qu’il s’est posé sur l’univers, la terre, la vie, le temps, la matière ont trouvé leur lot de réponses. J’ai coutume de dire sur le ton de la plaisanterie que dans notre société, deux métiers sont essentiels : l’agriculture et la maçonnerie. La première, parce qu’elle nous assure la nourriture, la seconde parce qu’elle nous protège des intempéries. Ces deux corps représentent 3 % de la population. Je fais donc partie des 97 % d’inutiles pour lesquels la culture et la science restent une priorité. Dès lors que les hommes peuvent manger à leur faim et s’abriter, la science devient un objet incontournable. J’ai d’ailleurs la faiblesse de croire qu’avec la connaissance, les raisons de s’entredéchirer disparaitront tôt ou tard. Et si je devais me présenter à la présidentielle, mon programme se déclinerait en trois points : la culture, la recherche et l’éducation.
Propos recueillis par Bruno Tranchant
Il est vrai que la complexité du monde actuel rend nécessaire d’avoir une formation scientifique de base de bon niveau pour pouvoir assurer correctement sa citoyenneté.
Il est vrai aussi qu’une meilleure formation scientifique des décideurs politiques et des journalistes serait souhaitable, ce qui leur permettraient, entre autres, d’avoir une meilleure rigueur intellectuelle.
La culture historique est aussi très importante. Être capable de faire un bilan des lois sociales depuis le XIXe siècle en répertoriant celles qui ont été votées sous un gouvernement de droite et celles qui ont été votées sous un gouvernement de gauche et faire un bilan des lois liberticides sur la même période, permet d’avoir une vision objective des pratiques politiques de la droite et de la gauche, sans a priori idéologique.
La rationalité de l’action politique est à deux étages : le premier est la rationalité scientifique ou non de la théorie économique sur laquelle cette action politique s’appuie ; le second est la cohérence de l’action politique en fonction du contexte national et international où s’affrontent différents rapports de force.
Mais cette rationalité est relative puisqu’elle est inséparable des intérêts économiques et politiques de classe qu’elle sert. Jacques Généreux et d’autres ont montré la non scientificité de la théorie économique libérale mais les libéraux continuent de l’utiliser malgré des échecs multiples et ses conséquences sociales désastreuses. Elle paraît donc de à Z irrationnelle et pourtant, elle a une certaine rationalité : celle de servir les intérêts de classe d’une oligarchie ultra minoritaire.
On pourrait classer ces serviteurs de l’ultralibéralisme en trois catégories :
les cyniques qui sont parfaitement conscients de la fausseté de leurs théories et des intérêts qu’elle servent. Leur motivation est la réussite d’une carrière personnelle en termes de revenus et de pouvoir.
La deuxième catégorie est constituée de croyants, voire même pour certains de fanatiques, qui ont parfaitement intégré l’idéologie néolibérale au travers leur éducation familiale, où leur formation universitaire dans leur complexité
La troisième catégorie présente deux caractéristiques : une certaine naïveté sur les rapports de classe considérés comme non antagoniques et une certaine limitation intellectuelle ne leur permettant pas d’analyser les problèmes notamment sur le plan géopolitique
Évidemment, dans tous les cas, l’opportunisme carriériste peut jouer un rôle important.
Ainsi la formation scientifique ne suffit pas à garantir une action politique et économique rationnelle : encore faut-il que celle-ci soit au service de l’intérêt général, du Commun, et non au service des puissants.
Hervé Debonrivage
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