La révolution démocratique du Vénézuéla a besoin de nous

mercredi 23 mai 2007.
 

OU VA LA BONNE CONSCIENCE ANTI CHAVISTE

Branle bas de combat cher lecteur de ce blog. La révolution démocratique du Vénézuéla a besoin de nous. Pour cela il faut faire tourner sur vos réseaux et listes de diffusion, tel quelle ou reformulée à votre manière, l’histoire pitoyable que voici.

Il s’agit d’une motion déposée « en urgence » au Parlement européen par la droite (PPE et libéraux). Elle vise à faire condamner le gouvernement du Vénézuéla après qu’il n’ait pas renouvelé la concession d’une des télévisions privées de ce pays. Naturellement cette condamnation si elle intervenait permettrait de relancer la machine à propagande bien mise à mal depuis l’échec des campagnes mensongères sur « l’instauration d’un parti unique » au Vénézuéla et « l’élection à vie » du Président Chavez...

Le label européen contre une mesure du gouvernement vénézuélien, sur une question présentant toutes les apparences d’un défi au libre droit d’expression, serait un encouragement pour l’opposition la plus violente au Vénézuéla. Elle cherche en effet un second souffle pour persister dans une attitude de confrontation totale avec le pouvoir, au moment où les partisans de l’opposition d’une attitude plus légaliste ont marqué des points. Mais d’abord voici les faits.

UNE DECISION LEGALE ET LEGITIME

Au Venezuela, la durée des concessions des opérateurs de télévision est fixée à 20 ans. Le décret qui l’établit n’est certainement pas du sur mesure pour l’équipe gouvernementale en place puisqu’il date de 1987, c’est à dire d’avant les présidences de Chavez. Il n’a pas été remis en cause par la loi sur les télécommunications actuellement appliquée. La concession au groupe 1BC pour la chaîne RCTV expire le 27 mai 2007. En début d’année, RCTV a déposé son dossier pour le renouvellement de sa concession. Le ministère des télécommunications et l’informatique a répondu par la négative le 29 mars 2007, tout en laissant, par bonne volonté, la chaîne libre de diffuser ses programmes par d’autres canaux comme le cable et le satellite.

La base de ce refus est fondée sur des faits vérifiables. Car au Venezuela - comme en France- les concessions sont accordées sur la base d’un cahier des charges précis. Le premier des engagements imposés aux opérateurs est, tout simplement, le respect de la loi. C’est ce dont se moque RCTV depuis des années, dans une logique de provocation qui a commencé avant même l’actuelle majorité politique. Je vais énumérer ces manquements.

Mais auparavant rappelons un point crucial : l’attribution d’une concession à un opérateur ne garantit en aucune façon son renouvellement automatique. C’est un principe de base de cette sorte de dévolution. C’est une démarche internationalement pratiquée. De fait on constate de nombreux exemples de non renouvellements et même de révocation. En France, nous le savons bien depuis la suppression de la licence de TV6 en 1987 et d’Al Manar, en 2004. Nos voisins européens agissent de même. En Espagne, c’est la révocation de la concession de TV Laciana, (2004) puis de TV Catolica ( 2005). Au Royaume-Uni, révocation de la licence de One TV, d’Actionworld et de StarDate TV.24 en 2006, et encore de Look 4 love 2 en 2007... Aucune demande de condamnation en urgence n’a été déposée à leur sujet devant le parlement européen...

- Aucune non plus n’a été déposée pour les décisions similaires prises sur le continent américain. Par exemple quand le Pérou a fermé deux chaînes de télévision, pour non-respect de la réglementation en vigueur en avril 2007. Ou quand le Salvador a révoqué la concession de Salvador Network en 2003. Et au nord ? Pareil. Canada : révocation de la concession de Country Music Television (CMT) en 1999. Etats-Unis : revocation de la concession de WLBT-TV en 1969, de WLNS-T en 1981, de Daily Digest en 1998 et de FCC Yanks Trinity License en 1999.

Cette énumération est peut-être pénible à lire mais elle relativise bien le caractère « extraordinaire » de la décision vénézuélienne. J’en viens au fond.

Qu’est ce que cette télé RCTV ? Pas seulement un entonnoir de gavage comme la plupart des télés dites populaires que tiennent les lobbyes de droite partout dans le monde. Ca serait la routine. Et au Vénézuéla où 98 % des médias sont dans la main de l’opposition et attaquent violemment tous les jours sur tous les sujets le pouvoir, personne n’y aurait attaché d’importance excessive. Mais là il s’agit d’une équipe endurcie dans la provocation et le mépris de la loi.

MULTI RECIDIVISTE ENDURCIE

Pour commencer et situer le niveau, rappellons que, la chaîne RCTV a participé activement au processus de « rupture constitutionnelle » à la suite du coup d’état militaire d’avril 2002 contre le président Chavez. Ce qui signifie qu’elle a approuvé et accompagné le putch puis qu’elle a fait le travail d’appui aux décisions des putchistes :

- incitations à des manifestations insurrectionnelles,

- appel à la démission du président élu,

- répétition à l’antenne de slogans anti-chavistes comme « Fuera, fuera » (dehors, dehors), « Se va, se va » (il s’en va, il s’en va),

- appels à la démission des nouveaux directeurs de PDVSA (compagnie du pétrole remises aux mains de la nation),

- diffusion des arrangues de Pedro Carmona (chef des putschistes) et de Fedecámaras (le syndicat des chefs d’entreprise),

- diffusion des propos d’un chef félon de la sécurité prévenant que la sécurité du palais gouvernemental ne serait pas assurée,

- diffusion des directives des insurgés appelant la foule à marcher sur la présidence,

- diffusion répétée d’images montrant des blessés, imputation au président de la responsabilité des violences mortelles,

- annonce (fausse comme on le sait) de la démission de Chávez, puis de son arrestation en précisant qu’il devrait « payer pour les crimes commis » et « planifiés » par lui".

Dans quel pays au monde une telle chaîne n’aurait pas été immédiatement suspendue après le rétablissement des autorités constitutionnelles ? Pas un seul des dirigeants, propriétaires ni des "journalistes » qui ont fait cette besogne n’a perdu son emploi, ni son activité et aucun d’entre eux n’a été poursuivi ....

Pourtant le président de la chaîne en personne Marcel Granier a même été vu à la télévision lors de l’installation du gouvernement putschiste au palais présidentiel. Et cela continue depuis puisque la chaîne a ensuite appelé à soutenir le blocus pétrolier organisé par le patronat contre le gouvernement puis qu’elle a carrément appelé les électeurs à boycotter les élections législatives de 2005, dont la régularité démocratique a pourtant été reconnue par l’Union européenne, l’OEA et la Fondation Carter.

Mais en dehors de ces activités politiques, somme toute hors du commun, RCTV est une habituée du mépris de la loi et de son cahier des charges. Elle est en tête des médias commettant le plus d’infractions à la loi sur les télécommunications : non-respect des normes de programmation, diffusion de programmes à caractère violent, pornographique, non-respect des quotas de production nationale, etc...

Incroyable aussi : l’Observatoire global des médias, organisation indépendante, a par ailleurs dénoncé - preuves l’appui -, l’utilisation par RCTV d’images subliminales. Selon cette association, la diffusion de messages subliminaux dans des films destinés à des mineurs et dans des tranches horaires protégées, constitue une violation d’innombrables articles de la loi et de la Constitution de la République bolivarienne du Venezuela comme cela le serait dans n’importe lequel de nos pays !

Mais même avant ce décompte, il y a déjà 652 infractions constatées entre juin et décembre 2006. La seconde chaîne dans ce classement n’en compte que... 469 ! De plus, trois autres actions contre RCTV sont en cours pour diffusion de publicité directe et indirecte pour des alcools. A supposer que ce casier judiciaire soit considéré comme peu important, notons encore que ce n’est pas seulement de faute de programmation dont il est question à propos de cette incroyable chaîne de télévision. En effet, en 2003, RCTV se voyait imposer un rattrapage pour fraude fiscale. Ce n’est pas tout, en 2005, RCTV était condamnée pour entente illicite sur les prix et pratique déloyale. Même à la veille du dépôt de sa demande de renouvellement, la chaîne putchiste n’a pas cru utile de payer ce qu’elle devait au trésor public a ces sujets. On voit bien la volonté d’élever le niveau de provocation.

En supposant que qui que ce soit trouve normal d’accepter qu’une chaîne de télévision soutienne un putch, des esprits chagrins pourraient cependant encore objecter : « vous ne citez que des délits constatés sous les gouvernements Chavez. » Alors on doit répondre pour bien border notre dossier de défense.

En effet, RCTV se distinguait déjà par son mépris de la loi bien avant la première élection de M. Hugo Chavez à la présidence du Venezuela en 1998. Elle fut ainsi condamnée en 1976 à trois jours de fermeture pour diffusion d’informations erronées et tendancieuses contre le président de la République ; en 1980, elle fut fermée pendant 36 heures pour programmation sensationnaliste ; en 1981, elle fut fermée pendant 24 heures pour diffusion de programme à caractère pornographique ; en 1984, elle reçut un blâme pour avoir ridiculisé le Président de la République (le précédent avant Chavez) et son épouse ; en 1989, elle fut fermée pendant 24 heures pour publicité pour le tabac...

AGIR sur la toile

Telle est la cause formidable de défense de la liberté d’expression que serait censée incarner RCTV.... La droite au parlement va-t-elle accepter de se faire le relais de cette campagne de l’opposition d’extrême droite au Vénézuéla ? Et pire : des députés socialistes vont-ils la suivre sur ce terrain ?

Une aide précieuse peut être apportée par chacun en diffusant largement cette information avant que le vote intervienne. De cette façon, une fois la manœuvre éventée, nos chances de voir les députés refuser d’entrer dans ce jeu augmentent. Et si le vote intervient malheureusement nous serons en position offensive pour dénoncer le rôle méprisable de ceux qui auront pris part à cette manœuvre plutôt que dans l’obligation de courir de tous côtés pour expliquer dans quelles conditions « le gouvernement du Vénézuéla a été condamné pour violation de la liberté d’expression par le parlement européen »... Dans ce cas ce sera une bonne occasion d’éducation populaire. Imaginez la tête de celui qui aura été informé de la véritable situation par vos soins quand il lira le compte rendu partial et anti chaviste bovin que publieront les grands journaux que je ne nomme pas si le parlement européen vote cette condamnation....

C’est pourquoi la force du réseau d’alerte sur la toile est notre seule parade. Je suis sur qu’elle peut payer si un grand nombre de mes lecteurs s’y associent en diffusant l’info, en l’adressant aux journalistes de la presse locale et régionale pour leur information ainsi qu’aux parlementaires européens et nationaux de leur coin.... En ce moment je pense que ce sera écouté.......


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