CAC 40. La France championne des versements de dividende

dimanche 20 mai 2018.
 

15 mai 2018 Guillaume Etiévant Economie, France

Oxfam France, avec le BASIC (Bureau d’Analyse Sociétale pour une Information Citoyenne), a analysé les données publiées par les sociétés du CAC 40 depuis 2009, afin d’étudier comment les richesses sont partagées au sein des grandes entreprises. Le verdict est sans appel : les actionnaires se versent aujourd’hui deux fois plus de dividendes par rapport à leur niveau de bénéfice que dans les années 2000. « De 2009 à 2016, sur 100 euros de bénéfices, les entreprises du CAC 40 ont en moyenne reversé 67,4 euros de dividendes aux actionnaires, ne laissant plus que 27,3 euros pour le réinvestissement et 5,3 euros de primes pour les salariés. », indique le rapport.

La France est ainsi le pays d’Europe continentale le plus généreux avec ses actionnaires. Avec près de 51 milliards d’euros versés en dividendes en 2017, les grandes entreprises françaises se situent à la quatrième place juste derrière le Japon, le Royaume-Uni et les Etats-Unis. En proportion des bénéfices réalisés, la France est même championne du monde de versement des dividendes (68% des bénéfices) devant l’Australie, le Royaume-Uni et le Japon.

Les principales victimes de ce coût du capital exorbitant sont bien sûr les salariés. « Le montant des dividendes versés par les entreprises du CAC 40 aux actionnaires a augmenté près de trois fois plus vite que la moyenne des salaires depuis 2009. Si les entreprises du CAC 40 avaient choisi de maintenir en 2016 le niveau déjà élevé de dividendes de 2009 et d’augmenter les salaires des employés plutôt que de maximiser les dividendes des actionnaires, l’ensemble des travailleurs [des entreprises] du CAC 40 auraient pu voir leurs revenus augmenter d’environ 14 000 euros sur la période, soit plus de 2 000 euros par an et par employé. », précise le rapport.

Dans le même temps, les grands patrons ont alignés leurs appétits financiers sur ceux des actionnaires. Depuis 2009, leurs salaires ont augmenté plus de deux fois plus vite que la moyenne des salaires de leurs entreprises. « Il faudrait plus de trois siècles au salarié moyen de Carrefour pour gagner autant que son PDG en un an. De la même manière, le PDG de LVMH gagne en une journée ce qu’un salarié moyen de son entreprise gagne en plus d’un an. »

Au-delà des salariés des grandes entreprises, l’ensemble de la population française subit leur voracité : les recettes fiscales sont impactées à la baisse par la localisation de nombreuses filiales dans les paradis fiscaux. Les entreprises du CAC 40 détiennent 1 454 filiales dans les paradis fiscaux en 2016, soit 20% de plus qu’en 2008.

Guillaume Etiévant


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