Le Blitzkrieg de Macron

dimanche 27 mai 2018.
 

Il faut être honnête, et regarder les choses en face : soit Macron ne comprend pas qu’il est en train de favoriser à la fois la convergence des luttes et la montée de la colère dans la population toute entière – et il faudrait le remercier pour ça car il accélère ainsi la prise de conscience de milliers de citoyens qui n’avaient pas encore compris qu’ils ne faisaient pas partie de l’ascension cordée, soit Macron est un homme intelligent qui a bien compris que pour continuer à gouverner les riches ne pourront pas faire l’économie d’une dictature fondée sur le contrôle total des masses. C’est pour eux le seul moyen de sauver le capitalisme dans un monde qu’on ne sait plus comment diriger autrement tant les défis pour sauver notre planète sont incommensurables.

Ne pouvant pas se permettre de mettre en place une dictature à partir d’un illégitime coup d’Etat, ils tentent de créer une contestation suffisamment grande et violente pour justifier la mise en place d’une dictature en réponse à cette violence qu’il aura créée.

En réalité ce qui se passe en France est dans la continuation de ce qui se passe partout dans le « monde occidental » : les riches ayant refusé le « retournement du capitalisme » au profit des pays émergents, ils doivent s’attaquer désormais à « l’ennemi intérieur » que représente l’extrême-gauche, en utilisant les outils de contrôle et de répression permis par les lois anti-terroristes antérieurement adoptées.

Le vrai ennemi des riches n’est pas le terroriste mais le pauvre ; surtout lorsqu’il est encore conscient que sa situation n’est pas une fatalité mais le résultat logique d’une volonté politique qui refuse d’adopter des alternatives pourtant vitales à l’Humanité, mais qui sont susceptibles de mettre fin à la domination des riches sur la planète.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : laisser penser aux peuples qu’il n’y a pas d’alternative, et que le pouvoir des riches est la condition de survie des pauvres ; et qu’il ne pourrait en être autrement.

Les riches ont compris le danger que représentent des gens comme Bernard Friot, comme Frédéric Lordon et quelques autres, et veulent tuer dans l’oeuf l’idée même du salaire à la qualification personnelle en détruisant tout ce qui pourrait permettre de l’envisager. Ils veulent tuer jusqu’au concept d’une véritable alternative au capitalisme en faisant l’amalgame entre revenu de base et salaire à vie : une fois la sécu détruite, le statut des fonctionnaires ou des cheminots désagrégé, le CDI enterré et la retraite anéantie, les gens n’auront même plus de référence sur lesquelles s’appuyer pour ne serait-ce que penser une alternative.

L’objectif des riches est de remettre sous servitude toute la population qui se fait petit à petit rejeter du monde du travail, en attendant que les robots les rendent totalement obsolètes, ou « de trop » ?

Ils prometteront aux pauvres des pays riches l’esclavage des populations conquises des pays pauvres en échange de leurs libertés, qu’ils seront contraints de laisser derrière eux au profit d’une dépendance qui s’apparente à une mise sous tutelle globale de 90 pourcents de la population. Si vous êtes trop pauvre dans le monde qui vient, vous serez nourri et logé mais vous serez contrôlé dans vos moindres faits et gestes. vous n’aurez le droit de faire des enfants qu’à certaines conditions, et vous ne pourrez plus effectuer librement les arbitrages qui concernent votre vie privée (dépenses/loisirs/travail).

Il faut se rendre compte que Macron sera gagnant sur tous les plans : soit la contestation sera si forte qu’il sera « contraint » d’utiliser la force pour « rétablir le droit », soit la contestation sera faible et le gouvernement aura bouleversé le cadre institutionnel d’une telle manière que la peur de la répression suffira à faire taire la contestation pour longtemps. Après la saturation engendrée par l’ampleur des attaques de ce Blitzkrieg, les citoyens Français s’apercevront bientôt qu’ils ont abandonné ce qui faisait de la France un modèle pour tous les peuples oppressés du monde, en marche vers le néo-féodalisme que j’évoquais il y a peu. On aura beau jeu alors de dire qu’on avait rien vu venir ; il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir.

Caleb Irri

 » » http://calebirri.unblog.fr/2018/05/...


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