Macronisme : En Marche pour les carrosses, dans le fossé pour les autres

samedi 8 septembre 2018.
 

L’extrémisme antisocial de la politique de Macron (Hervé Debonrivage)

Pour Macron... Les pauvres ont trop de pognon et les riches pas assez (Jean-Luc Mélenchon)

B) Prestations sociales, salaires, retraites : la chute

Dans le "Journal du dimanche" ce 26 août, le Premier ministre annonce que les prestations familiales et les retraites n’évolueront plus en fonction de l’inflation en 2019 et 2020. Une mesure qui touchera directement le portefeuille des Français concernés.

On savait que pour Emmanuel Macron les aides sociales coûtaient un "pognon de dingue". Conséquence : dès 2019, ce sont les retraités et les familles, notamment, qui pâtiront d’un nouveau coup de rabot décidé par le gouvernement. Dans son interview de rentrée consacrée au budget 2019 et publiée dans le Journal du dimanche ce 26 août, le Premier ministre Édouard Philippe annonce que l’aide personnalisée au logement (APL), l’ensemble des allocations familiales et les pensions de retraite ne seront plus indexées sur l’inflation, comme c’était jusque-là le cas tous les ans. Elles n’augmenteront donc que de 0,3% par an en 2019 et 2020. Une mesure qui se traduira par une baisse du pouvoir d’achat pour les Français concernés puisque la hausse moyenne des prix pour 2018 est estimée à 1,6% par l’Insee !

"Nous assumons une politique de transformation et de maîtrise des dépenses, qui privilégie, je le redis, la rémunération de l’activité et qui rompt avec l’augmentation indifférenciée des allocations. C’est par le retour à l’activité et une meilleure rémunération du travail que notre pays sera plus prospère", argumente Édouard Philippe. La hausse des prix ne sera pas compensée

Edouard Philippe cherche à maquiller ce coup dur en parlant tout de même de "revalorisation" de ces aides sociales... puisqu’elles augmenteront bien de 0,3% ! Par ailleurs, certaines autres aides bénéficieront d’un coup de pouce : "Les prestations qui bénéficient à nos concitoyens les plus fragiles, comme le RSA, seront augmentées conformément à la loi". "Certaines le seront même très significativement : la prime d’activité, le minimum vieillesse, l’allocation pour les adultes handicapés", ajoute-t-il. Il parle ici des 20 euros supplémentaires dès novembre pour la prime d’activité, des 35 euros supplémentaires en janvier pour le minimum vieillesse et des 40 euros supplémentaires à partir de novembre pour l’allocation adulte handicapé.

Reste que les familles et les retraités vont bien voir leur pouvoir d’achat diminuer. Sont touchées : les allocations familiales, l’allocation de rentrée scolaire, la prime de naissance, le complément de libre choix de mode de garde, les pensions de retraite, les pensions d’invalidité et les rentes accident du travail-maladie professionnelle et les aides au logement (APL). Notons que ces dernières avaient déjà été gelées pour 2018 !

Nouveau coup dur pour les retraités

Cette décision ne devrait pas rassurer des retraités déjà inquiets pour leur pouvoir d’achat, notamment depuis la hausse de 1,7% de la CSG depuis le 1er janvier. Par ailleurs, leurs pensions de retraite avaient déjà été durement impactées lors de la dernière loi de financement de la sécurité sociale 2018 : la date effective de la revalorisation avait alors été décalée d’octobre à janvier suivant, repoussant cette augmentation de trois mois. C’est désormais l’augmentation en elle-même qui est remise en cause.

A l’heure où le gouvernement veut faire des économies, et où Édouard Philippe confirme dans le quotidien l’abaissement de 1,9 à 1,7 % la prévision de croissance pour 2019, cette désindexation représente une économie non-négligeable, qui a fait briller les yeux du gouvernement. Ces prestations sociales indexées sur l’inflation représentent 190 milliards annuels, selon le JDD.

Le Premier ministre refuse évidemment de parler de baisse de pouvoir d’achat. "Les efforts que nous faisons par ailleurs, notamment la suppression progressive de la taxe d’habitation, doivent compenser l’impact sur le pouvoir d’achat", affirme-t-il.

Source : https://www.marianne.net/politique/...

Par Antoine Terrel

A) Pognon de pauvres

«  On met un pognon de dingue dans les minima sociaux et les pauvres ne s’en sortent pas.  » La sortie du président sur le ton du café du Commerce a été soigneusement relayée par le service de communication de l’Élysée. Comme un résumé de programme  : déchirer le filet social qui a permis à 9 millions de Français de faire face à la crise et au chômage  ; en faire des coupables de leur situation qu’il s’agirait de «  responsabiliser  »  ; introduire le virus d’une généralisation de la précarité en imposant aux chômeurs et aux allocataires du RMA des mini-jobs de quelques heures. Ce dernier point aurait des vertus pédagogiques.

On a vu ce qu’il en est advenu au Royaume-Uni ou plus récemment en Italie, avec pour conséquence la victoire du populisme et de l’extrême droite. On peut donc cumuler les fonctions de DRH pour le Medef et de sergent recruteur pour Marine Le Pen. En désignant les pauvres à la vindicte des contribuables dont ils gâcheraient le «  pognon  », le président de la République menace les valeurs du pays et instaure une morale du tous contre tous. En s’appuyant sur les insuffisances du système, il démantèle la solidarité, qu’il voit comme la mère du plus grand des vices, l’égalité de notre devise nationale.

En revanche, les plus de 7 milliards d’«  aides sociales  » aux grandes fortunes ne sont pas mises en cause. Le gouvernement prévoit même d’exempter le patronat de ses responsabilités dans le chômage en supprimant les cotisations dues pour cela. Aux salariés de payer, d’une manière ou d’une autre  !

La même logique inspire sa réforme des retraites, les attaques contre les services publics, la mise en place d’une sélection à l’université qui s’avère d’abord sociale. À la société des biens communs et des causes communes, il veut substituer le monde de la compétition à outrance. Certains roulant carrosse et d’autres s’épuisant à pied ou gisant dans le fossé. En marche signifiait donc cela…

Par Patrick Apel-Muller, L’Humanité


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