Débat sur le christianisme sur France 3

dimanche 3 juin 2007.
 

Ce lundi de Pentecôte, Jocelyn Bézecourt animateur de Respublica, auteur, avec Gérard da Silva, du livre « Contre Benoit XVI, le Vatican ennemi des libertés » était invité à l’émission de France 3 « Ce soir ou jamais », animée par Frédéric Taddéi. Le thème de l’émission était « Etre chrétien au 21e siècle ». Etaient présents sur le plateau, outre Jocelyn, Henri Pena Ruiz, Caroline Fourest, Jean-Claude Guillebaud, ancien journaliste du « Monde » récemment revenu au christianisme, Frédéric Lenoir, directeur du « Monde des religions », et Christophe Geffroy, qui défend des positions plus fondamentalistes de l’Eglise catholique.

On vit surtout, lors de ce débat, la différence entre les croyants laïques et les intégristes qui veulent imposer leur point de vue à l’ensemble de la société. Il est vrai que les propos de Christophe Geffroy étaient sans ambiguïté. Remise en cause de la liberté d’expression dès que les croyants se sentent insultés, avortement comparé à un génocide, condamnation de l’homosexualité, il y avait tout le discours traditionnel des intégristes qui veulent imposer leur foi et leur pratique à l’ensemble de la société. Jocelyn fit remarquer que la position de l’Eglise catholique, qui parle de droit sacré de la vie, pouvait provoquer la mort de la mère et il a évoqué les propos suivants de Joseph Ratzinger : « Quand l’utérus (par exemple à cause de césariennes précédentes) se trouve dans un tel état que, bien qu’il ne constitue pas en lui-même un danger actuel pour la vie ou la santé de la femme, l’on prévoit qu’il ne sera plus capable de porter à terme une future grossesse sans danger pour la mère, danger qui pourrait s’avérer assez grave dans certains cas, est-il licite de l’enlever (hystérectomie) pour prévenir cet éventuel danger futur provenant d’une conception ? ». A cette question, et Geffroy assuma cette position, l’église catholique dit encore aujourd’hui : « non », préférant créer les conditions de la mort probable de la mère.

Tout au long du débat, Guillebaud et Lenoir se différencièrent clairement de l’intégriste, et défendirent les principes laïques et la séparation du politique et du religieux. Guillebaud fut par ailleurs irritant, interrompant sans arrêt ses interlocuteurs, pour montrer l’étendue de son savoir. Lenoir fit une comparaison intéressante entre le discours des catholiques et celui des évangéliques, montrant que les premiers promettent le bonheur pour la suite de la vie, alors que les seconds, autour d’un discours de combat, le promettent déjà sur terre.

Henri Pena Ruiz sut mettre en avant les principes laïques, avec, comme il sait le faire, de remarquables citations. Il signala le rôle réactionnaire de l’Eglise catholique en Pologne et en Espagne, actuellement.

Caroline Fourest sut décortiquer certains aspects du discours de Benoit XVI, notamment l’hypocrisie qui consiste à condamner les prêtres qui font de la politique quand il s’agit de la théologie de la libération, tout en démontrant que les fondements du discours du Vatican sont profondément politiques et réactionnaires.

A l’arrivée, le constat était assez clair. Le clivage principal ne se situait pas entre le fait de croire ou pas, mais bien entre les laïques, qui tiennent à la séparation du religieux et du politique, et les cléricaux qui, tel Christophe Geffroy, entendent imposer leurs principes à l’ensemble de la société.

Cela n’empêche pas, et on peut faire confiance à notre ami Jocelyn, que les laïques doivent continuer à se battre pour la libre critique de toutes les religions, sous toutes les formes scientifiques, humanistes et artistiques.

Pierre Cassen


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