PMA : Bioéthique ou émancipation ?

dimanche 7 octobre 2018.
 

Le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) a rendu Le 25 septembre son avis sur l’ouverture de la Procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes seules. En se prononçant favorablement, il a donné un feu-vert à la majorité LREM pour avancer cette réforme déjà promise sous le quinquennat Hollande mais ajournée en 2013 pour cause de frilosité devant les mobilisations du camp réactionnaire contre le « mariage pour tous ». Il s’agit bien de répondre à des problèmes concrets et matériels que rencontrent notamment les femmes lesbiennes avec un projet de parentalité qui doivent aujourd’hui aller en Belgique ou en Espagne puis ensuite passer par des procédures d’adoption judiciarisées.

Pour autant, en posant le débat de la PMA sur le terrain de la bioéthique et non sur celui de l’émancipation humaine, alors que le principe même de PMA est autorisé depuis 1994, le gouvernement macroniste passe à côté d’une approche universaliste sur les nouveaux droits humains tels que posée par le programme l’Avenir en commun de la France insoumise. Il est à ce titre significatif que le CCNE justifie l’ouverture de la PMA aux femmes célibataires et aux femmes lesbiennes en couple, uniquement sous l’angle compassionnel de la prise en compte de « la souffrance » de ces femmes et non comme le pendant du droit à l’IVG, dans l’ensemble des droits sexuels et reproductifs des femmes à disposer de leurs corps. Le CCNE n’avance par ailleurs, pas plus sur la question de la fin de vie et du droit à mourir dans la dignité ou sur l’arrêt de la mutilation des personnes intersexuées à leur naissance.

Suite à l’avis du CCNE, nous verrons si Macron et sa majorité parlementaire confirmeront leur volonté de légiférer en 2019 sur la PMA, en dépit du camp réactionnaire qui entend reconstituer la dynamique d’opposition de 2013. Ils s’acheminent toutefois vers une réforme à minima sans appréhender toutes les questions.

Une réforme d’émancipation ne se conçoit que liée au principe de la non-marchandisation des corps. Il faut aussi envisager l’accès à la PMA avec prise en charge par la Sécurité sociale comme cela existe actuellement pour une femme en couple avec un homme. Il faut surtout mener de concert une réforme de la filiation, non pas pour créer des droits de filiation spécifiques pour les lesbiennes, mais pour répondre aux besoins de protection des enfants, en généralisant le principe de reconnaissance et d’engagement parental comme condition de la filiation.

Jean-Charles Lallemand


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