1er octobre 2018 Grande percée électorale de Québec Solidaire

jeudi 11 octobre 2018.
 

1) Pourquoi Jean-Luc Mélenchon se réjouit de la percée de Québec Solidaire outre-Atlantique

Source : https://www.huffingtonpost.fr/2018/...

Il n’y a pas qu’en France où les "vieux" partis vacillent. Lundi 1er octobre... l’autre fait marquant de ce changement de paradigme politique outre-Atlantique, c’est la progression d’un jeune parti proche de la France insoumise. Avec 10 députés (16% des voix), Québec Solidaire devient la première force de gauche et indépendantiste à l’Assemblée nationale du Québec, une place monopolisée par le Parti Québécois (9 députés et 17% des voix) depuis les années 70.

Les Solidaires parviennent même à prendre la circonscription montréalaise de Jean-François Lisée, leader du PQ et stratège important du référendum de 1995, qui s’était soldé à un cheveu de l’éclatement du Canada (49,42 % pour l’indépendance).

Ces résultats rappellent curieusement ceux de la dernière présidentielle en France, quand la France insoumise avait débordé le Parti socialiste à gauche de l’échiquier politique. Au lendemain de ce scrutin, il n’en fallait donc pas davantage pour attirer les joies de Jean-Luc Mélenchon.

"Le nouvel humanisme avance aussi dans le monde", s’est réjoui le député de la 4ème circonscription des Bouches-du-Rhône sur Twitter. L’homme politique a aussi félicité Gabriel-Nadeau Dubois, co-porte-parole de Québec solidaire et figure importante de la grève générale étudiante qui avait secoué le Québec en 2012.

Dans un message vidéo diffusé au congrès de Québec solidaire en 2017, Jean-Luc Mélenchon assurait être "très attentif" à la politique québécoise et au parcours du jeune parti fondé en 2006.

"Ne croyez pas que vous êtes seuls là-bas, francophones dans un monde anglophone, Québécois dans un univers dans lequel vous seriez isolés. Non. Nous vous regardons faire, nous sommes attentifs, nous sommes intéressés à vos résultats parce que nous formons ensemble des maillons d’une chaîne mondiale de résistance au néolibéralisme", déclarait le leader de la France insoumise, ajoutant qu’il considérait Gabriel Nadeau-Dubois comme un "ami et frère de lutte".

Lors d’une visite à Montréal en 2016, Jean-Luc Mélenchon analysait aussi le Québec comme un espace pour y faire prospérer des idées qui lui sont chères, comme la sortie de l’OTAN ou la remise en question des grands traités de libre-échange. "La Francophonie pourrait être un espace politique dans laquelle chacune de nos nations, tout d’un coup, pourrait voir plus grand qu’elle. Ça existe davantage que les Lituaniens, qui sont charmants, mais que nous ne connaissons pas ! Tandis qu’avec les Québécois, c’est comme si nous avions été élevés aux même biberon", affirmait-il à Radio-Canada.

Parfois qualifié d’utopiste par ses opposants durant la campagne électorale, le programme de Québec solidaire propose la gratuité scolaire, la réduction de moitié du prix des transports collectifs, la fin des véhicules à essence d’ici 2050, la nationalisation partielle du secteur bancaire et complète de certaines industries (minières, forestières, etc.) et l’indépendance du Québec via une assemblée constituante.

- 2) Message de Jean-Luc Mélenchon

https://www.youtube.com/watch?v=CE6...

-3) Québec solidaire, une victoire historique

La montée de Québec solidaire était quelque part inscrite dans l’histoire. À quel point on ne savait pas. On espérait, et on y travaillait. En effet la politique ne répond pas à un processus linéaire, il arrive un temps où les partis qui ont dominé la scène politique ne répondent plus à la situation ou sont incapables de gérer la montée sociale contre les dominants. C’est ce qui s’est produit avec un Parti Québécois qui n’avait plus de crédibilité et avec un Parti Libéral corrompu.

Cette élection nous a donc projetés vers l’avant avec la montée de Québec solidaire. Des centaines de milliers de personnes cherchaient une autre option et c’est en Québec solidaire qu’elles l’ont trouvée. Le résultat des élections démontre sans équivoque la nécessité de Québec solidaire comme parti mais démontre aussi que son absence aurait conduit à des victoires Caquistes ou Libérales dans plusieurs cas et certainement à beaucoup d’abstention dans d’autres.

Dans Rouyn-Noranda-Témiscamingue, Émilise Lessard-Therrien a gagné le comté sur le Libéral sortant Luc Blanchette par 506 voix de majorité sur le candidat de la CAQ. Le PQ était en 3e position, 5311 voix derrière QS et 3487 voix derrière la CAQ.

Dans Sherbrooke, Christine Labrie a gagné le comté sur le Libéral sortant Luc Fortin par 3450 voix de majorité. La CAQ était en troisième position et le PQ quatrième.

Dans Taschereau, Catherine Dorion a été élue dans le comté anciennement représenté par Agnès Maltais du PQ par 8511 voix de majorité sur la candidate de la CAQ. Diane Lavallée, la candidate du PQ est arrivée quatrième, derrière le parti libéral.

Dans Jean-Lesage, Sol Zanetti a gagné le comté anciennement représenté par le Libéral André Drolet par 699 voix de majorité sur la candidate de la CAQ Christiane Gamache et 4996 voix devant la candidate vedette du Parti Libéral, Gertrude Bourdon. Le PQ est arrivé quatrième.

Dans Laurier-Dorion, Andres Fontecilla l’a emporté sur le libéral Georges Tsantrizos par 5301 voix de majorité. Le PQ est arrivé quatrième.

Dans Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc a gagné sur la candidate du PQ Carole Poirier par 7079 voix de majorité et dans Rosemont Vincent Marissal a ravi le comté au chef du PQ Jean-François Lisée par 2500 voix de majorité.

Reste les circonscriptions déjà détenues par QS, Gouin, Ste-Marie-Ste-Jacques et Mercier avec une nouvelle venue Ruba Ghazal.

Qu’est-ce que tout cela nous indique ? Cela nous indique que si nous avions accepté les alliances électorales, il est certain que nous n’en serions pas là aujourd’hui. D’ailleurs pour les personnes qui en doutaient encore, Lisée a fait amplement la preuve au cours de cette campagne de son manque d’honnêteté et de son comportement malicieux.

Jamais il ne nous aurait concédé des comtés où le PQ était en avance sur nous à l’époque. Ce qui nous aurait laissé Laurier-Dorion et les comtés déjà acquis, D’ailleurs pourquoi aurait-il agit autrement ? Sa base n’aurait jamais accepté de nous laisser des comtés qu’elle pensait pouvoir gagner.

La politique ne peut d’ailleurs se résumer à ce genre de tractation. Nous avons décidé en 2017 comme nous l’avions fait deux fois auparavant de présenter des candidatures dans toutes les circonscriptions parce que ce que nous défendons est basé sur les luttes de la population pour la justice sociale et le contrôle de leur destinée et pour un Québec qui appartient à ceux et celles qui y habitent.

Le PQ a délaissé ce terrain depuis longtemps et en a fait cent fois la preuve. Ses lois antisyndicales dans les années 1980, le plan d’austérité néolibéral de Bouchard en 1999, les contrats secrets du Gouvernement Marois avec Pétrolia à l’Ile d’Anticosti et le retour au déficit zéro du ministre Marceau, les coupures à l’aide sociale d’Agnès Maltais, l’abdication totale de ce gouvernement devant les minières et la poursuite du plan nord de Charest. Et pour finir la charte des valeurs québécoises qui a fracturé le Québec pour gagner des votes, a stigmatisé toute une partie de la population et la communauté musulmane en particulier.

Ce parti est usé et irréformable, ce n’est pas une question de changement de personnel. C’est fondamentalement une question de projet politique.

Une victoire qui vient de Loin

Cette victoire est aussi le résultat d’un travail de longue haleine de construction du parti et particulièrement du travail des deux dernières années. L’élaboration du plan de transition économique qui a constitué l’épine dorsale de notre campagne a débuté il y a deux ans. La construction de notre système de gestion de données avec La Base et La Centrale date aussi de cette période, des outils essentiels on l’a bien vu dans cette campagne. Notre campagne de financement, la planification des tournées et de la planification de la campagne électorale elle-même représentent le travail de toute une année. L’innovation graphique et la multiplication des images thématiques, les conceptions vidéo de même que la présence dans les médias sociaux ont aussi joué un rôle important dans ce succès.

La fusion Québec solidaire et Option Nationale, on le voit bien, a également contribué à l’élargissement de notre base militante et électorale commune et a ajouté une contribution importante à la lutte pour la souveraineté.

Mais l’élément déterminant dont on parle encore aujourd’hui a été la décision que nous avons prise au congrès de 2017 de présenter 125 candidatures et de ne pas faire d’alliances électorales avec le PQ. On se rappellera les pressions de Jean-François Lisée juste avant notre congrès afin d’influencer notre décision tant au sein du Oui Québec que sur la place publique. Il avait en effet affirmé deux semaines avant notre congrès que si Québec solidaire ne dis pas oui à des pourparlers sur la convergence, le Parti québécois passera à autre chose. Il n’acceptera pas que QS reporte sa décision à l’automne ou à tout autre moment. Ce sera alors trop tard s’était-il permis de dire sur un ton arrogant.

Jamais un parti politique n’avait subi de telle ingérence de la part de la direction d’un autre parti pour influencer ses débats internes. D’ailleurs ce type d’approche ne visait pas à établir une discussion avec la direction de QS mais visait essentiellement à influencer ses membres et sa base électorale.

Dans les documents soumis au congrès pour l’option A Pour un véritable front uni contre l’austérité, pour la transition énergétique et pour l’indépendance, qui prenait position contre ce type d’alliances, nous indiquions que :

Dans le discours péquiste, Québec solidaire est invité à donner la priorité à la victoire contre les libéraux en 2018. Le vote pour QS, sauf dans ses bastions, devient un obstacle au renversement du gouvernement Couillard en divisant le vote progressiste. La faiblesse du soutien au Parti québécois serait attribuée à la division du vote francophone progressiste causée par Québec solidaire.

La convergence pour le PQ, c’est une campagne visant à démontrer à la base électorale de QS qui veut se débarrasser du gouvernement Couillard que le meilleur moyen de le faire c’est de voter PQ. Dans ce contexte, croire que la base électorale du PQ pourrait se déplacer en bloc vers QS dans certains comtés est pour le moins illusoire. Dans le passé, les déceptions face au PQ n’ont pas conduit vers un déplacement significatif vers QS, mais vers le camp des abstentionnistes.

Le PQ se hâterait d’expliquer que QS compte sur la victoire du PQ pour renverser Couillard et qu’il considère donc que le PQ est dans le camp des partis progressistes, et que l’attitude la plus conséquente serait donc de voter PQ dans tous les comtés pour être certain de nourrir la vague péquiste capable de renverser le PLQ.

La lutte continue, mais avec de l’espoir

Grâce à nos nombreuses discussions en Conseil national et en congrès, grâce à la forte implication de nos membres, Québec solidaire a réussi à contourner les écueils et à garder le cap sur notre projet politique. Ce résultat n’est donc pas tombé du ciel et nous aurons encore de nombreuses embûches à rencontrer. Mais nous avons réussi une montée historique et surtout nous avons réussi à susciter l’espoir. Souhaitons que cela saura inspirer la mobilisation de la population au cours des prochains mois sinon des prochaines années. Québec solidaire sera au rendez-vous plus que jamais !

ANDRÉ FRAPPIER

http://www.pressegauche.org/Quebec-...

- 4) Québec : Éxaltantes percées et grandes responsabilités

À l’instar d’autres comtés phares de QS comme ceux de Rouyn Noranda ou de Sherbrooke, il faut avoir pu suivre de près la campagne de Catherine Dorion dans le comté de Taschereau, pour se rendre compte de l’immense espoir qui, au fil des jours de campagne, n’a cessé de grandir parmi les partisans de Québec solidaire : il était possible de gagner dans Taschereau et, au cœur même de la région de la Capitale Nationale, de mettre un holà à la vague caquiste. À la manière du fameux petit village gaulois qui résiste envers et contre tout à l’envahisseur !

À cent lieux de la langue de bois

Bien sûr, nombre d’éléments ont pu peser dans la balance. À commencer par les qualités mêmes de la candidate dont le charisme comme les modes d’intervention poétiques —toujours à 100 lieux de la langue de bois— ont certainement joué un grand rôle. Mais il ne faudrait pas non plus oublier, pour l’épauler à chaque instant, cette équipe électorale unie et rodée qui a su non seulement utiliser avec art les ressources des médias sociaux comme d’un grand nombre de bénévoles, mais aussi se servir de l’arme des sondages, généralement si défavorable aux tiers partis, en la retournant à son avantage.

Ce n’est pas anodin : il y avait au point de départ à Taschereau 4 candidats aux forces équivalentes, QS trainant cependant en dernière place. Mais dès qu’un sondage maison –largement repris dans les grands journaux de la région— a pu montrer que Catherine pouvait raisonnablement prendre la tête de cette joute, et qu’en votant pour elle, on pouvait « voter utile » et « gagner son élection », la si fragile tendance du départ, n’a fait que s’amplifier. Comme si, à l’ombre des succès de Manon Massé au niveau national, mais aussi d’un programme solidaire cohérent combinant plan de transition écologique et volonté d’indépendance, la petite boule de neige locale des partisans de la première heure, s’était mise à grossir autour de nouveaux adhérents soudainement soudés par une idée toute simple : si on y croit et si on noue les efforts de chacun, tout peut devenir possible ; à retrouver le goût de la victoire !

Quand on est nombreux, la charrue n’est pas lourde

Reste bien sûr la suite : comment transformer ces exaltantes percées, en quelque chose qui perdure et puisse croître, gagner le Québec entier, surtout quand aujourd’hui arrive en force au gouvernement un parti comme la CAQ, clairement néolibéral et marqué par le nationalisme identitaire ?

Il y a bien longtemps de cela, en décembre 1990, et dans un tout autre pays, en Haïti, alors que Jean Bertrand Aristide venait d’être triomphalement élu à la présidence de son pays, l’ambassadeur US de l’époque l’avait mis en garde, en lui servant en guise d’avertissement, un vieux proverbe haïtien : « après la fête, les tambours sont lourds ! » (apre bal tanbou lou). Et du tac au tac Aristide lui avait répondu avec fierté : « quand on est nombreux, la charrue n’est pas lourde ! » (Men ampil, chay pa lou).

Peut-être trouvera-t-on là, ramassée dans cet échange si imagé, une bonne part des défis que QS aura à affronter à l’avenir ! Car, au-delà de l’indéniable succès que représentent ces 10 députés élus, c’est beaucoup plus qu’il faudra pour que les changements de fond que le programme de QS appelle, puissent se réaliser : qu’on pense simplement à la transition énergétique, ou encore à l’indépendance, etc. Et, sans tout un peuple en marche —de nouveau en marche— capable avec lui de se faire entendre avec force partout, il ne sera guère possible de faire avancer les choses dans la direction souhaitée.

Se remettre en marche

D’où le formidable défi qui se trouve devant QS : comment être plus que le parti qui fait rêver ; mais aussi et en même temps celui qui peut faire advenir ces rêves de changement, en transformant ce qui ne pourrait être que chimères en « une utopie stratégique » ; une utopie qui ne trahit donc rien de ses engagements initiaux, mais se trouve portée par un parti qui sait que, pour réussir, il faut être autant des urnes que de la rue, autant du parlement que d’une société civile d’en bas, qui toute entière se remet en marche. Voilà où git la responsabilité de QS : aider le peuple du Québec, les forces populaires du Québec à se remettre en marche !

Avec cette priorité en tête, Québec solidaire, saura-t-il garder le cap et ne pas avoir peur d’aller courageusement à contre-courant, tout en restant capable de s’ouvrir, loin de tout sectarisme, à des cercles chaque fois plus larges de sympathisants ? N’est-ce pas ainsi qu’il est arrivé... à ce qui, aujourd’hui, commence de manière si exaltante ? Il ne doit donc oublier, ni la détermination, ni l’ouverture. Tel est le secret des victoires futures !

PIERRE MOUTERDE

http://www.pressegauche.org/Exaltan...


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