Andrés Manuel Lopez Obrador, connu de tous par l’acronyme AMLO, a été investi Président du Mexique le 1er décembre. Les soutiens du nouveau président disposent de la majorité des sièges dans les deux chambres du Parlement Fédéral et contrôlent 19 des 32 assemblées locales. Ainsi, AMLO comptera avec d’importants appuis institutionnels pour pouvoir mettre en œuvre son ambitieux programme de régénération nationale.

Face à l’oligarchie et aux gangs de la drogue, AMLO et le mouvement MORENA, savent qu’ils ne peuvent pas rester cloîtrés derrière les murs des palais. Pour mettre en place leur programme, il faut tout un peuple en soutien. Au cours des six mois d’attente depuis les élections, AMLO a lancé deux consultations citoyennes pour que les mexicains restent mobilisés. La première portait sur l’arrêt du Grand Projet Inutile de l’aéroport international de la ville de Mexico. Ce projet devait artificialiser 75 hectares de terres avec un investissement de 13 milliards de dollars. Malgré les menaces des rois du béton, la mobilisation d’un million de Mexicains a conforté la volonté de AMLO d’arrêter ce projet qui ne satisfait pas les besoins populaires.

Plus récemment, une deuxième consultation a porté sur la mise en œuvre d’un nouveau plan d’infrastructures. Ce plan favorise l’interconnexion du pays par voie ferrée, que ce soit pour les touristes ou pour le transport de marchandises. A nouveau un million de Mexicains se sont mobilisés pour soutenir le plan de AMLO. Un plan qui bénéficie à tout le territoire et réduit la dépendance vis-à-vis des énergies fossiles. Par ailleurs, les Mexicains ont validé la proposition de planter 1 million d’arbres, la hausse du minimum vieillesse et des allocations pour les personnes en situation de handicap, la création de 2,6 millions de bourses universitaires et d’une couverture médicale pour les plus pauvres.

Au plan international, AMLO a lancé des consultations avec D.Trump et J.Trudeau pour que les voisins du Nord financent un « Plan Marshall » pour l’Amérique Centrale de 20 milliards de dollars. Le Mexique est certes un terre d’émigration mais c’est aussi une terre de passage pour les migrants du Sud. Actuellement, 9 000 migrants de toute l’Amérique attendent au Mexique, sans droits, pour traverser la frontière. Alors que le grand voisin du Nord répond à la « caravane des migrants » par l’insulte et la répression, AMLO propose une sortie qui mette en avant la solidarité entre les peuples.

Si les premiers pas du futur président semblent aller systématiquement dans la bonne voie, l’oligarchie nationale et internationale résiste. La banque centrale « indépendante » accueille le nouveau président avec des hausses de taux d’intérêt. Les marchés financiers essayent d‘installer la panique en arguant que l’annulation de l’aéroport est le signe du non-respect des droits de propriété. Le Financial Times, jouant son rôle de gardien du temple, juge que AMLO est une plus grande menace pour la démocratie libérale que Bolsonaro. Si l’oligarchie organise la défense de ses intérêts, les peuples doivent eux aussi organiser leur solidarité.

Luis Alquier