Pour Evo Morales (président de la Bolivie) : "le capitalisme est le pire ennemi de l’humanité"

mardi 12 juin 2007.
 

Le président bolivien Evo Morales a inauguré dans la ville de Cochabamba la Vème Rencontre Mondiale d’Intellectuels et Artistes en Défense de l’Humanité.

« Je suis convaincu que cet événement augmentera la conscience du peuple bolivien » a t-il affirmé. Morales a été un des fondateurs de ce collectif qui s’est réuni pour la première fois dans la ville de Mexico en 2003, avant qu’il ne devienne président : « Quand on m’a communiqué qu’elle allait se tenir à Cochabamba, je me suis réjoui de voir comment elle s’est développée depuis 2003 », a t-il ajouté ». « Ce matin -poursuit-il- je me demandais ce que j’allais dire devant tous ces experts et je suis arrivé à la conclusion indiscutable que le capitalisme est le pire ennemi de l’humanité. Le capitalisme apporte l’égoïsme, la mesquinerie, l’individualisme. Il apporte les guerres et se nourrit des guerres, toutes les guerres en Bolivie ont été du capitalisme, non des peuples. Ce sont les transnationales qui y gagnent, elles provoquent les conflits pour accumuler le capital ». Face à cela, il a indiqué que « nous devons envisager quel type de société nous voulons, en Bolivie et dans le monde. Il n’est pas possible que les transnationales continuent à provoquer l’humanité ».

Evo Morales a aussi critiqué durement le modèle de vie et de pensée dominante : « Dans la culture occidentale la première activité d’un politique quand il arrive au pouvoir est de penser où trouver l’argent. Ils pensaient toujours à leurs intérêts de groupe et non à toute la Bolivie. Pour cela je veux rappeler les principes indigènes de ne pas voler, ne pas mentir, ne pas être faible ». Le président bolivien a expliqué comment la récupération des ressources naturelles a permis de multiplier par dix le budget public de nombreux villages et villes du pays. « En Bolivie, depuis les années 70 jusqu’en 2005 il y avait toujours un déficit fiscal. J’ai dit qu’il faudrait deux ou trois ans pour que la Bolivie cesse de mendier, parce que jusqu’ici les ministres boliviens allaient aux USA tous les ans demander de l’argent pour pouvoir payer les étrennes des travailleurs. L’année dernière a été la première où cela ne s’est pas fait ». « Avant, par le saccage de nos ressources naturelles, des millions et des millions de dollars s’en allaient à l’étranger », a t-il ajouté. « Les ressources naturelles ne doivent jamais être privatisées, elles ne sont pas une marchandise, l’eau est un droit de l’humanité ».

Il a également critiqué durement le système judiciaire bolivien : « Nous avons une justice qui ne rend pas la justice à la majorité. J’avais avant peur de la politique du fait de l’image négative des politiciens fripons, délinquants et voleurs, mais peu à peu j’ai compris que la politique est la science de servir le peuple. En tant qu’autorités nous devons vivre pour le peuple et non du peuple, et la justice bolivienne devrait vivre pour la justice et non de la justice ».

Il s’est aussi prononcé sur la situation de l’environnement : « Ensuite c’est la question de la mère terre, comme nous l’appelons nous les indigènes. Si on ne défend pas la mère terre, l’humanité sera l’ennemie de l’humanité ».

Il a par ailleurs affirmé que « la nouvelle constitution bolivienne renoncerait à toute guerre » et que « le capital accumulé par quelques-uns doit être réinvesti pour sauver l’humanité ».

La Ve Rencontre Mondiale d’Intellectuels et Artistes en Défense de l’Humanité s’est déroulée les 23 et 24 mai sous la thématique « En défense de la Vérité et contre la manipulation médiatique ». Parmi les participants, plus d’une centaine, on relève les ministres de la Culture de Cuba, du Venezuela, de l’Équateur et le vice-président de Bolivie. A cette rencontre on retrouve la grande majorité des participants aux Journées Internationales de la Communication sur « Le droit d’informer et d’être informé » organisées par Telesur à Caracas il y a quelques jours. Parmi eux, l’écrivain britannico-pakistanais Tariq Ali, le journaliste belge Michel Collon, le directeur de l’agence Prensa Latina, Frank Gonzalez, la présidente de la chaîne de télévision vénézuélienne Vive TV, Blanca Eckout, le directeur de la revue chilienne Punto Final, parmi beaucoup d’autres. S’y ajoutent de nombreux professionnels de la communication boliviens et vénézuéliens.

Traduction : Gérard Jugant - Révision : Fausto Giudice

Retrouvez bien plus sur le site www.michelcollon.info


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