Manifestations du 17 juin en Aveyron. Quel débouché ?

mercredi 18 juin 2008.
 

17 juin 2008 8h : Nous avons deux raisons intersyndicales (retraites, durée du travail) et mille autres raisons de lutter et de manifester. Mais les plus militants ont déjà fait quatre jours de grève depuis début mai pour un résultat peu évident. Quant aux moins combatifs, ils participent rarement au mouvement lorsque les arrêts de travail sont inférieurs à 5% du personnel. Bravo à tous ceux qui ont fait grève ! Quant aux autres, nous les retrouverons dans la lutte dès cet automne 2008, sans aucun doute.

Les syndicats CGT, CFDT, SUD et FSU organisaient en Aveyron cinq manifestations décentralisées ( Decazeville, Villefranche, Saint Affrique, Millau, Rodez) pour compenser le faible pourcentage de grévistes par un nombre significatif de manifestants.

Une grande réussite : Decazeville avec 2000 personnes compactes et combatives. Les journaux locaux ont bien rendu compte de l’ambiance et d’une détermination maximum : "S’ils veulent fermer la maternité, faudra qu’ils viennent avec des fusils". Nous mettrons en ligne sur ce site la prise de parole de Claude Catalan (président de la communauté des 14 communes du plateau de Montbazens) lors du rassemblement.

Sur Rodez, nous sommes environ 500 devant la préfecture. Lorsque la manifestation s’ébranle, environ un tiers des présents ne suit pas. Est-ce dû au temps pluvieux ? Est-ce dû à une certaine usure vis à vis de ces journées de 24 heures ? Certainement un peu des deux. Personnellement, j’aime ces manifestations. On y rencontre toujours de nombreuses personnes que votre présence contribue à rendre confiantes dans la lutte. C’est ainsi que j’ai apprécié le grand nombre de militants présents de PRS, des agents postiers de mon village, une syndicaliste qui m’a rappelé la dure lutte de l’école d’infirmières de Rodez en 68... J’ai bien aimé aussi revoir le réseau de syndicalistes cédétistes défiler avec plaisir au son des chants du mouvement ouvrier (Bellaciao...)

Je retiens surtout ce leitmotiv d’une postière cédétiste : "Jour après jour, ils nous prennent tout, non seulement ce qu’on a mis toute la vie à gagner mais ce que nos parents et grands parents avaient conquis. Si les syndicats ne s’entendent pas pour construire une mobilisation à la hauteur, ils seront déconsidérés et ça risque de partir dans tous les sens".

Ayant passé deux heures à discuter de ci de là, trois choses sont sûres, vu de Rodez :

* aujourd’hui beaucoup de syndicalistes attendent des organisations syndicales nationales qu’elles prennent leurs responsabilités en organisant une grande journée nationale de grève générale plutôt qu’user la combativité dans des grèves qui leur servent à évacuer la volonté de lutte sans prendre de risque mais à coup sûr sans mettre en danger les décisions du gouvernement.

* notre groupe aveyronnais de PRS se retrouve à nouveau fort d’une centaine de militants. C’est bien mais cela donne des obligations ; nous essaierons d’être à la hauteur.

* beaucoup de manifestants savent qu’il faut également construire un débouché politique aux luttes et une force politique capable de porter ce débouché. Dans un tel contexte d’attente et d’illisibilité de l’orientation du PS , la perspective de création d’un nouveau parti anticapitaliste proposé par la LCR commence à attirer du monde, même à Rodez où cette organisation ne compte aucun adhérent. Cela montre un doute sur les forces traditionnelles, une radicalisation politique auxquelles nous devons répondre.

Camarades, la violence de l’offensive menée par le MEDEF, par Sarkozy et par l’autre emplâtre de Xavier Bertrand nous oblige à monter les enchères de plusieurs crans dès cet automne. Seule, une grève générale nationale de 24 h serait à la hauteur de l’enjeu. Camarades, l’alternative syndicale et politique à ce gouvernement au service des multinationales et des spéculateurs doit se construire ; nous participerons à la première ligne mais nous ne passerons pas sous silence les erreurs et les compromissions. Camarades, la situation peut évoluer très vite dans les trois ans à venir ; il faut s’y préparer.

Jacques Serieys


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