Australie.Le cardinal George Pell condamné à six ans de prison puis acquitté

vendredi 24 avril 2020.
 

1) Australie.Le cardinal George Pell condamné à six ans de prison

Le cardinal australien George Pell a été reconnu coupable de viol et d’agressions sexuelles commis sur deux mineurs de moins de 16 ans dans les années 1990. Il a été condamné à six ans de prison. Il est le plus haut responsable de l’Église catholique condamné dans une affaire d’abus sexuels sur mineurs.

Toute sa vie, il a prêché contre le sexe.

Le sexe, c’était son truc. Tant au sein de l’Église qu’à l’extérieur, George Pell a bâti sa carrière en prônant les règles de sa foi à ce sujet. Son intransigeance l’avait rendu célèbre. Il faisait régulièrement les gros titres par ses prises de position contraires à l’air du temps, il exigeait l’obéissance, dressait la liste des péchés, condamnait les pécheurs.

Il avait toujours une sentence d’une sécheresse dogmatique prête à l’emploi.

L’innocence universelle ? “Un mythe dangereux.” Le péché originel ? “Il se porte bien, merci.” La consommation de stupéfiants ? “C’est mal, un péché.” La fécondation in vitro pour les mères célibataires ? “Nous sommes sur le point de créer une génération entière d’enfants volés.” Et il était sûr à chaque fois de susciter un tollé satisfaisant.

Il accusait sa propre Église d’avoir “peur de mettre en avant les préceptes rigoureux du Christ”. Son assurance lui avait valu peu d’amis, beaucoup d’ennemis, et de hautes fonctions. Archevêque à Melbourne, puis cardinal à Sydney, Pell a combattu avec une formidable énergie la contraception, l’homosexualité, le génie génétique, le divorce, le mariage pour tous et l’avortement.

Il se montrait particulièrement impitoyable avec les gays.

Quand une couronne a été déposée à l’extérieur de la cathédrale Saint-Patrick de Melbourne en mémoire des élèves gays poussés au suicide dans les établissements scolaires catholiques, il a fait montre du dédain le plus absolu. “Je n’ai pas les bons chiffres quant aux raisons de ces suicides, a-t-il déclaré. S’ils sont liés à l’homosexualité, c’est une raison de plus de décourager les gens de s’engager dans cette voie. L’activité homosexuelle présente un plus grand risque pour la santé que la cigarette.”

Les autorités laïques ne cessaient de le contredire sur la cigarette, le sida et le suicide chez les jeunes, mais cela le laissait de marbre. Il rejetait la responsabilité de leurs difficultés sur les gays eux-mêmes. Selon son raisonnement, s’ils arrêtaient de recruter “de nouveaux membres dans leur sous-culture”, il n’y aurait pas de jeunes gays pour se suicider.

Il avait l’art de tout simplifier, sans ménagement

“Une triste affaire et qui ne m’intéressait pas vraiment” Fils d’un patron de bistrot qui organisait des paris pour les turfistes depuis le bar de l’hôtel Royal Oak à Ballarat, Pell s’est très vite distingué comme meneur. Étudiant à Rome, il est ordonné en la basilique Saint-Pierre, décroche un doctorat à Oxford et revient à Ballarat, qui est alors un véritable repaire de pédophiles.

Comme par miracle, de retour sur son territoire, le prêtre passe ces années sans jamais rien remarquer de suffisamment inquiétant pour tirer le signal d’alarme. Ce qui est une bonne chose pour sa carrière. Il reconnaîtra quelques années plus tard avoir vu et entendu parler de certaines choses, mais il n’a jamais posé de questions. “C’était une triste affaire et qui ne m’intéressait pas vraiment.”

Contrairement à Rome, l’Australie n’a jamais tenu George Pell en haute estime. De nombreux catholiques australiens ont été stupéfaits par la nomination de cet homme aussi peu amène, et parfois embarrassant, au poste d’évêque auxiliaire de Melbourne en 1987. Mais nous étions alors au lendemain du règne de Jean-Paul II et, partout dans le monde, des hommes de ce genre se voyaient récompensés. L’Église retrouvait sa puissance.

Pell n’a rien fait pour arrêter les agissements des prêtres pédophiles durant les années où il était évêque auxiliaire alors que les pires crimes lui étaient rapportés. Il n’en savait pas suffisamment, affirmera-t-il plus tard, et il n’avait pas l’autorité pour agir. En dépit des supplications de parents et de professeurs, Pell a également laissé le père Searson, un dément qui possédait une arme et terrorisait les enfants, diriger l’école primaire de Doveton.

Sa nomination en tant qu’archevêque a stupéfié les catholiques de Melbourne. Mais il n’avait pas besoin d’être apprécié d’eux. Il n’avait pas besoin de leurs suffrages. Son autorité lui était conférée par Rome, où il faisait partie de nombreux cénacles sur la doctrine de l’Église. À cette époque, la Congrégation pour la doctrine de la foi multiplie les règles conspuant les homosexuels.

Pell a gagné ses galons grâce à la guerre contre le sexe

Il est devenu en 2002 membre du Conseil pontifical pour la famille, qui déconseillait aux gouvernements du monde entier d’accorder des droits aux gays, car cela revenait à “nier un problème psychologique qui rend l’homosexualité préjudiciable au tissu social…”.

À cette époque, Pell était déjà installé à Sydney et il est devenu cardinal en 2003. On ne peut raconter l’histoire de son ascension sans reconnaître que ce prince de l’Église était un gestionnaire de talent et un fin politicien.

Pell était à l’aise dans les hautes sphères. Il savait mieux que quiconque soutirer de l’argent aux gouvernements. Si vous vouliez construire un réseau d’universités catholiques, Pell était l’homme de la situation. Idem si vous vouliez échapper au paiement de centaines de millions de dollars susceptibles d’être attribués par la justice aux victimes d’abus sexuels. Idem si vous vouliez paralyser le plus longtemps possible les enquêtes officielles sur les actes de prêtres pédophiles.

Lors du lancement de la Commission royale sur les mesures institutionnelles contre la pédophilie en Australie, en 2013 – la première enquête d’ampleur nationale au monde –, l’examen des travers dans toutes les religions se révèle scientifique et accablant. Les conclusions couvrent de honte l’Église catholique. Pell témoigne à plusieurs reprises, paraissant à chaque fois mal à l’aise. Répondre à des questions n’est pas dans ses attributions habituelles. Mais les commissaires se sont uniquement penchés sur ses péchés par omission, sur son incapacité, au fil du temps, à protéger les enfants, à discipliner les prêtres et à réconforter les victimes.

Ils n’ont pas réexaminé les accusations selon lesquelles, du temps où il était séminariste, il aurait infligé des sévices à des garçons dans un camp de Phillip Island. Dans les premiers mois où il était archevêque de Sydney, Pell a été mis à pied pendant quelques mois pendant que l’Église examinait les affirmations de l’un des anciens enfants de chœur. Le verdict du juge à la retraite a été le suivant : pas de preuve, mais pas de non-lieu.

En revanche, les membres de la commission ont cuisiné Pell sur les activités passées de l’Église. Il a reconnu des torts. Il a exprimé des regrets. Il a mis en avant le travail de sa Melbourne Response, destinée à venir en aide aux victimes. Et il a reconnu à contrecœur que le célibat pourrait être “un facteur” dans les viols d’enfants.

Cantiques sur la chasteté

Il n’en restait pas moins profondément attaché à l’interdiction totale de toute activité sexuelle pour les prêtres. Combien de cantiques sur la chasteté il aura chanté au fil des années. La chasteté est sacrée. La chasteté est une offrande au Christ. La chasteté prouve que votre premier amour est pour Dieu et pour nul autre. La chasteté libère l’énergie et l’enthousiasme au service des fidèles. La chasteté permet de garder le cœur pur. La chasteté fait de chaque prêtre un nouveau Christ, appelé à une paternité spirituelle par l’entremise des sacrements.

Un tel discours impressionnait au plus haut point Jean-Paul II et Benoît XVI, mais le pape François ne voit pas du tout les choses du même œil. “Derrière la rigidité, il y a toujours quelque chose de caché, a-t-il déclaré. Souvent une double vie.”

Le monde peut maintenant savoir qu’il y a un peu plus de vingt ans, pendant les premiers mois où il était archevêque de Melbourne, ce pourfendeur du sexe violait des enfants de chœur.

David Marr

2) Pédophilie : le cardinal et ancien trésorier du Vatican, George Pell, acquitté

https://www.elle.fr/Societe/News/Pe...

Initialement condamné pour viols et agressions sexuelles sur mineurs, George Pell est sorti de prison hier, sur ordre de la Haute Cour d’Australie.

Il a été condamné à six ans de prison mais n’aura été incarcéré qu’un an. Le cardinal et ex-secrétaire à l’Économie du Vatican George Pell est sorti de prison mardi 7 avril. Sur ordre de la Haute Cour australienne (la plus haute juridiction du pays), George Pell a été acquitté de ses cinq chefs d’accusation, pour le motif du « bénéfice du doute », rapporte « France info ». « Il y a une possibilité significative qu’une personne innocente ait été condamnée en raison des preuves insuffisantes qui ne permettent pas d’établir la culpabilité », a déclaré la Haute Cour d’Australie, rapporte le « Guardian ». Détenu à la prison de Barwon à Victoria, l’homme de 78 ans a pu rejoindre une propriété de l’Église, située à Melbourne.

L’acquittement de l’ex-gestionnaire financier du Vatican a fait réagir le premier ministre australien, Daniel Andrews. « Je ne ferai pas de commentaires sur la décision de la Haute Cour. Mais j’ai un message pour toutes les victimes et survivants d’ abus sexuels sur mineurs : je vous vois, je vous entends, je vous crois », a-t-il exprimé. La décision de la Haute Cour a profondément choqué le père d’une des victimes présumées, décédée d’une overdose en 2014. « Il ne croit plus en le système judiciaire de notre pays », a informé son avocate, Lisa Flynn.

Le cardinal a été condamné pour viols et agressions sexuelles sur deux enfants de chœur de sa paroisse de Saint-Patrick de Melbourne. Des faits commis en 1996 et 1997, dans l’exercice de ses fonctions d’archevêque. Condamné en première instance en mars 2019, le cardinal avait fait appel de la décision. Sa condamnation a été confirmée en appel par la Cour suprême de l’État de Victoria, le 21 août 2019. Les avocats de George Pell avaient estimé les faits — une fellation imposée sur la première victime, alors âgée de 13 ans, et une masturbation par frottement sur la seconde — de « physiquement impossible », du fait du monde présent dans la paroisse et de la tenue de l’archevêque, appelle « France info ». Le bénéfice du doute

La Haute Cour d’Australie a cassé le jugement sur la base du bénéfice du doute. Un bénéfice du doute mis en avant par les avocats de George Pell, estimant la condamnation du cardinal de « déraisonnable ». Sur les deux victimes présumées de l’homme d’ Église, une est décédée d’une overdose en 2014 et n’avait jamais reconnu avoir été victime de George Pell. Dès son inculpation en juin 2017, l’homme d’église avait clamé son innocence. « Mon procès n’est pas un référendum sur l’Église catholique, ni un référendum sur la manière dont les autorités ecclésiastiques gèrent les crimes pédophiles perpétrés en son sein. La question est si j’ai commis ces actes odieux, et je ne les ai pas commis », s’était-il défendu.

L’avocate Lisa Flynn a annoncé que le père de la victime présumée décédée en 2014, lancerait des poursuites civiles. « Nous continuerons les poursuites au civil, au nom de notre client, malgré la décision de la Haute Cour », a-t-elle conclu.


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