Indignations : La police a-t-elle empêché des « street medics » de soigner Geneviève Legay ?

vendredi 31 juillet 2020.
 

Témoignage de Thierry Paysant

Le commissaire nous a empêché de passer et nous a embarqués. On a tous été placés dix heures en garde à vue“, explique Thierry Paysant, medic qui était présent sur les lieux des violences. Pompier volontaire, secouriste diplômé, ce niçois travaille à l’hôpital universitaire de Nice et il faisait partit de l’équipe de premiers secours de médis, venue pour apporter secours et soins aux victimes de l’ultra répression du mouvement social dans le rassemblement des gilets jaunes qui se tenait pour l’acte 19 à Nice.

” R. SOUCHI arrive et crie : « Embarquez moi ça ! » en parlant de nous. Il appelle la BAC alors que nous souhaitions intervenir pour les premiers soins de Geneviève. Il nous a empêché d’y aller ! D’aller porter secours à cette femme qui avait le crâne en sang ! ”

Un témoignage confirmé par la vidéo suivante, qui est interrompue par une violente intervention d’un policier empêchant le reporter de filmer

https://www.youtube.com/watch?time_...

Sabrina Belaïd, infirmière en hématologie à l’hôpital l’Archet 1 à Nice, explique les conditions de leur interpellation :

On nous a empêchés de faire ce pourquoi on était là, c’est ce monsieur qui a l’écharpe tricolore, le commissaire divisionnaire. Même les policiers sur place étaient outrés et ne savaient pas quoi faire.

https://www.youtube.com/watch?time_...

Une vidéo postée sur You Tube montre l’interpellation des "street medics". Arrivé à 11h place Garibaldi, l’auteur de cette vidéo a assisté à la charge des forces de l’ordre qui dispersait la foule. En s’éloignant, il a entendu les "street medics" se faire prier de rester sur le côté car une dame était gravement blessée.

Dans la foulée de la mobilisation, plusieurs posts ont dénoncé, images à l’appui, l’interpellation de plusieurs secouristes bénévoles. « Nouvelle vidéo qui appuie les témoignages des secouristes volontaires du 06 #Nice sur les faits, au sujet des medics qui ont été empêchés d’intervenir (sur la dame âgée) par un policier portant un brassard tricolore sur lui » affirme ainsi un tweet du compte Street Medic France.

On y voit bien des « street medics » retenus par les forces de l’ordre, devant une pharmacie, et un policier portant un casque et une écharpe tricolore encadrer la situation.

Emilie, qui fait partie des « street medics » interpellés ce jour-là, raconte à 20 Minutes : « On était quatre secouristes et on a rejoint les street medics du 06 présents sur place : quand on est arrivés vers 10h30, il y avait déjà plusieurs nasses. »

« Après la première charge, on s’est retrouvés à côté du café de Turin. Aux sommations de la deuxième charge, on s’est mis à courir pour s’enfuir mais des policiers nous ont mis sur le côté, devant la pharmacie, en nous disant "ne bougez pas, on vous protège", quelques secondes avant la charge et la chute [de Geneviève Legay]. On a vu le mouvement de foule et entendu des hurlements », poursuit-elle.

« Désolé, on interpelle »

« Des gendarmes sont venus nous chercher pour qu’on aille la soigner mais entre-temps le policier au casque blanc est arrivé et a lancé, sans même nous parler, "appelle-moi la BAC, ça part en garde à vue". On a demandé à pouvoir au moins soigner la dame puis à revenir mais il n’a rien voulu entendre », conclut Emilie.

Si le parquet et la préfecture de Nice n’ont pas donné suite à nos sollicitations, cette version est confirmée par les différentes vidéos tournées à ce moment-là. Sur la première, d’abord mise en ligne sur YouTube par un témoin avant d’être reprise par le compte Street Medic Media, on voit bien le policier au casque et à l’écharpe tricolore superviser les « street medics » alors que l’un deux lance au vidéaste : « On part en garde à vue ».

La seconde vidéo – au contenu potentiellement choquant puisqu’on y voit la blessure de la manifestante – montre un témoin se précipiter vers les « street medics » pour qu’ils viennent soigner Geneviève Legay. On entend alors un policier (celui au casque, selon Emilie) lancer : « Participation à une manifestation interdite malgré les dispersions, le parquet appréciera, c’est pas mon problème monsieur, vous avez un équipement que je n’ai pas, donc on interpelle, désolé, on interpelle. » Une scène également filmée de loin lors d’un direct vidéo, à partir de 1’23’’00 ci-dessous.

"Monsieur Macron, notre Geneviève de Nice n’a pas besoin de vos leçons de sagesse. Vous auriez beaucoup à apprendre d’elle. Elle milite pour le bien des autres. Et vous, vous la frappez au nom de quoi ?", ( Jean-Luc Mélenchon)

Indignations après les graves blessures d’une militante d’Attac à Nice ce 23 mars

https://www.laprovence.com/actu/en-...

Une enquête a été ouverte à Nice sur les circonstances dans lesquelles une manifestante septuagénaire, dont la famille va porter plainte, a été grièvement blessée hier lors d’une charge de la police contre des manifestations de gilets jaunes, a-t-on appris auprès du parquet. Le procureur de Nice Jean-Michel Prêtre a déclaré à l’AFP qu’il avait ouvert dès hier après-midi "une enquête classique en recherche des causes des blessures". "J’ai ordonné la saisie des images vidéo, par ailleurs d’excellente qualité, et fait des réquisitions auprès de l’hôpital Pasteur", a ajouté M. Prêtre qui a aussi fait ausculter Geneviève Legay, 73 ans, hier soir par un médecin légiste. "Elle a été prise en charge par les pompiers avec une qualification d’urgence relative, et à son arrivée à l’hôpital, elle s’est retrouvée avec une appréciation médicale montée d’un cran, qualifiée de pronostic réservé", a-t-il précisé.

"Elle a apparemment tapé fort sur un poteau (délimitant le parcours) du tramway. Cela s’est fait dans la phase de dispersion" du rassemblement, qui avait lieu dans un périmètre où les manifestations avaient été interdites, a ajouté le procureur. Les pompiers avaient évacué Mme Legay consciente malgré ses blessures et la flaque de sang visible au niveau de sa tête, avaient constaté des journalistes de l’AFP. La militante souffre de plusieurs fractures au crâne et d’hématomes sous-duraux, selon sa fille. "Quand on se maintient dans une manifestation après les sommations réglementaires pour dire que les gens doivent se disperser, c’est un délit. Pour elle, ce n’est pas si net : là où ça s’est passé, c’était presque en dehors de la place, dans un mouvement confus des forces de l’ordre et des manifestants", a poursuivi M. Prêtre.

"La famille de Geneviève Legay va porter plainte pour violences volontaires en réunion avec arme par personnes dépositaires de l’autorité publique et sur personne vulnérable", a par ailleurs indiqué à l’AFP l’avocat de la famille, Me Arié Alimi à l’AFP, comme il l’avait fait auparavant au micro de France Info. L’avocat a précisé que la plainte, qui "sera déposée lundi à Nice", allait également "viser le préfet en qualité de complice par ordres". "La charge de la police a été très violente. Mme Legay, qui est une militante d’Attac, a été très grièvement blessée. Elle est ce matin dans un état stable et pas dans le coma, comme on a pu le craindre", a-t-il ajouté.

Hier, la manifestation pour l’acte 19 du mouvement de contestation sociale avait été interdite dans une grande partie de la ville de Nice, le préfet et la mairie craignant des débordements à la veille de l’arrivée du président chinois Xi Jinping qui doit se rendre en visite d’État à Monaco, puis dîner avec Emmanuel Macron ce soir à Beaulieu-sur-mer. Au total, 61 personnes ont été placées en garde à vue après ces manifestations, dont 20 avaient été libérées ce matin, a encore précisé M. Prêtre. Rappelant que Mme Legay était la porte-parole de l’assocation dans les Alpes-Maritimes, Attac a pour sa part dénoncé dans un communiqué la "violente charge" des CRS "au cours de laquelle Geneviève est tombée au sol, sa tête heurtant un poteau métallique". "L’interdiction par le préfet des manifestations et rassemblements dans une grande partie de Nice est illégitime et ne peut justifier d’utiliser la force contre des citoyenˑneˑs qui se rassemblent pacifiquement pour exprimer leurs opinions", a estimé Attac.


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