Lettre ouverte aux formations de la gauche et de l’écologie

jeudi 6 juin 2019.
 

Cher.e.s ami.e.s et camarades,

Je m’étais permis de vous écrire le 8 avril dernier. Je sentais que nous étions au pied du mur à la veille de l’élection européenne du 26 mai. Je prônais l’idée que la gauche était plus forte qu’il n’y paraissait, mais que cela ne se verrait pas car nous étions trop divisés. J’expliquais qu’en fait, il n’y avait pas de divergence irréductible et que nous pouvions trouver des axes clairs et mobilisateurs d’entente.

Mes mots étaient les suivants : « sans exclusive ni préalable, à tous, une ultime proposition de rencontre. Créer l’événement unitaire de la gauche, vous le savez, cela serait historique, cela aurait pour effet de changer immédiatement la donne dans les perspectives des luttes comme dans celles des échéances électorales ultérieures Cela porterait un coup fatal à Macron, à sa politique, en offrant enfin aux yeux de tous une dynamique politique radicalement nouvelle. »

Avoir eu ou pas raison, ce n’est pas l’important : ce qui compte c’est que, le 26 mai, des millions de nos électeurs potentiels se sont abstenus, nos scores exprimés n’ont pas été brillants, même en faisant l’effort de les additionner.

Les différentes listes de gauche approchent les 37% des suffrages exprimés ; ce score est bien supérieur à celui des listes pro-gouvernementales (LREM et UDI), de la droite (LR et Débout la France) et de l’extrême droite (RN et Patriotes). Mais à cause de la division mortifère, la campagne a été présentée comme un duel entre Macron et le RN et la gauche est passée en dessous des radars – alors qu’unie elle aurait remporté le scrutin.

Macron, haï, n’a pourtant eu que 10 % des inscrits.

Et pourtant il continue à répandre le mal dans le pays puisque le RN, 11% des inscrits, est présenté comme son vis-à-vis dans un « duopole » factice. Macron est le marchepied de le Pen. Sa politique va amener le Pen.

Or le mouvement social, avec les gilets jaunes notamment, actifs privé et public, hôpitaux, écoles, industries, cheminots, services, grèves, manifestations, blocages, occupations, défilés, meetings, témoigne, sans obtenir de victoires, ni imposer de solutions, de l’opposition profonde que suscite la politique de Macron. Partout, des millions de salariés continuent de chercher désespérément une issue politique alternative à la dictature de la finance, aux mensonges éhontés des médias, à la répression policière violente, à la surdité brutale du pouvoir des riches.

C’est le rôle de la gauche unie d’y répondre en proposant une alternative politique. Seule la gauche peut répondre. C’est la gauche unie qui fait défaut. C’est à nous qu’il faut s’en prendre. Le social, l’écologie sont inséparables et c’est la gauche. Il n’y a pas de « milieu » face à Macron, il n’y a pas d’autre solution que la gauche. Il n’y a pas d’issue pour la planète sans anticapitalisme.

Des commentateurs comme Barbara Stiegler, nous promettent « des décennies » pour que nous arrivions « à nous recomposer ». Non ! Les urgences sociales et écologiques, et les menaces du duo « Macron-Lepéniste » ne nous autorisent absolument pas à dilapider ce temps. Nous avons déjà perdu deux ans et tous les scrutins depuis 2017 à cause de la division. La raison doit maintenant prévaloir.

Là où il y a une volonté il y a un chemin. Il n’y a pas de gauche irréconciliable. Pas de préalable, pas d’exclusive, les erreurs du passé nous pouvons les combattre ensemble et ensemble empêcher qu’elles recommencent.

Nous pouvons construire ce qui nous unit et agir efficacement pour le meilleur programme possible pour permettre à ceux qui combattent, de gagner, sur les salaires, les retraites, l’emploi et le droit du travail, la redistribution des richesses, la justice sociale, écologique et fiscale, la démocratie.

Un appel entre temps est paru « Gauche : un sursaut nécessaire », il rassemble déjà un peu mais pas suffisamment bien sûr. Nul n’a la prétention de s’imposer par des artifices dans un rassemblement où le collectif doit l’emporter. Jean Luc Mélenchon a proposé une « fédération populaire », Benoit Hamon a affirmé la nécessité de « sortir la gauche de l’impuissance ». Ian Brossat a déclaré son parti disponible « pour se reparler ». Nouvelle Donne, République sociale, Ensemble et d’autres sont pour cette unité. Olivier Besancenot du NPA aussi : « il faut tout repenser, et unifier les forces anticapitalistes et internationalistes, sans calculs hégémoniques ». Le PS et Place Publique ont répété vouloir rassembler la gauche pendant la campagne. Et la jeunesse qui a manifesté pour le climat et pour une part, voté EELV ne comprendrait pas que nous ne nous unissions pas. Pas d’écologie sans social.

C’est pourquoi je reprends une deuxième fois humblement la plume, pour vous proposer de faire un geste, vite, de nous rencontrer dans les jours qui viennent, de nous mettre au travail, de donner les signes d’espoir et de renouveau rapides attendus et nécessaires aux yeux de millions d’électeurs de gauche.

Avec mes salutations militantes renouvelées et aussi déterminées.

Pour la Gauche démocratique et sociale (GDS)

Gérard Filoche


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